Effondrement des ponts : L'Etat comme le médecin après

Effondrement des ponts

L'Etat comme le médecin après la mort

 

Le pont de Tilonti sur la nationale n°4 dans la région de l'Est a été littéralement "cuit". C'est l'auteur de cet écrit qui l'affirme. Même si cet ouvrage est en train d'être réhabilité, cet usager ne comprend pas pourquoi l'Etat arrive toujours en retard.

 

Saison pluvieuse 2007 : entre août et septembre 2007, deux camions à remorque font une collision sur le pont Tilonti. A la suite de cet accident qui a été suivi d'un incendie de grande intensité, le pont est littéralement «cuit». Pour les profanes qui allaient de conjecture en conjecture, le pont a subi un tel choc qu'il pourrait ne plus supporter le trafic prévu.

En fait, le pont de Tilonti est sur la  nationale n°4 qui permet aux transporteurs et aux populations de rejoindre, à partir de Ouagadougou, le Niger et le Bénin et même le Nigeria en passant par Fada N'Gourma, la capitale de la région de l'Est.

Depuis ce temps (le temps de l'accident) jusqu'aujourd'hui, le pont de Tilonti est toujours hors d'usage.

C'est vrai qu'entre-temps, l'Etat a beaucoup fait. On se rappelle quelques grands faits : la prise du pont par la gendarmerie nationale pour organiser et sécuriser le passage, la pose de rails sur le pont, qui servaient d'espèce de «pont» sur le pont, la réalisation de la déviation sous forme de piste rurale, etc.

C'est aussi vrai qu'entre-temps, beaucoup de camions à remorque se sont renversés en raison des difficultés que les chauffeurs rencontraient en manœuvrant au virage (en forte pente).

Pourquoi  cette affaire de pont me chagrine ?

C'est parce que l'Etat burkinabé s'y est pris de façon très surprenante.

D'abord, l'Etat burkinabé savait depuis septembre 2007 que sauf catastrophe, les années se suivent et se ressemblent...  Une saison d'hivernage est égale à une autre saison d'hivernage.

Alors, pourquoi avoir attendu la prochaine saison d'hivernage avec son cortège de flots et de ruissellement d'eau pour commencer la réhabilitation du pont ?

Ensuite, un pont est aussi appelé couramment ouvrage de franchissement. Quand un pont comme celui de Tilonti est hors d'usage, c'est qu'on ne peut plus franchir l'obstacle naturel (le cours d'eau) qui empêche de rejoindre Fada ; Niamey, Cotonou, Lagos, etc. à partir de Ouagadougou.

Alors, connaissant ces réalités, pourquoi l'Etat burkinabé a-t-il attendu tout ce temps avant d'intervenir concrètement et sérieusement ?

Pour ma part, je me suis fait quelques idées. Peut-être qu'une fois les études de réhabilitation du pont bouclées, la recherche du financement par les ministères concernés a pris trop de temps. Notre pays est pauvre et tout est prioritaire. Le pont de Tilonti pouvait attendre pendant que le poste de péage à Fada tournait à plein temps.  Peut-être aussi que le financement a été trouvé à temps et que la lourdeur administrative que l'on connaît au Burkina n'a pas permis de démarrer rapidement les travaux.  Peut-être encore qu'il  y a une toute autre raison qui explique la situation. Aujourd'hui, je me réjouis de l'état d'avancement des travaux. S'il plaît à Dieu, le pont sera opérationnel avant même que cette note ne soit publiée. Mes félicitations donc à l'Etat burkinabé pour tous les efforts qu'il aura consentis à la résolution de ce casse-tête. J'espère que le nouveau pont est bien solide et que des dispositions seront prises pour réduire la probabilité qu'un drame similaire ne se reproduise sur un pont analogue. En attendant, j'invite l'Etat à se prendre plus au sérieux et à prendre les populations au sérieux. On ne le dira jamais assez : "La route du développement passe par le développement de la route". 

Un usager du radier de Tilonti

L’Observateur Paalga du 29 juillet 2008




30/07/2008
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