Il y a loin de la coupe aux lèvres (Code de bonne conduite en Côte d’Ivoire)

Code de bonne conduite en Côte d’Ivoire

Il y a loin de la coupe aux lèvres (1)

Un code de bonne conduite des partis politiques, regroupement de forces politiques et des candidats aux élections en Côte d’Ivoire, élaboré par la Commission électorale indépendante (CEI), a été signé jeudi 24 avril à Abidjan par : le parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI) ; le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ex-parti unique ; et le Rassemblement des républicains (RDR).

Cela, dans la perspective de l’élection présidentielle de novembre prochain et en marge de la visite officielle du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans ce pays. Un code de conduite qui n’est pas sans rappeler ceux signés au Burkina entre partis politiques et médias il y a quelques années sous l’instigation du Conseil supérieur de la communication. "Par ce code..., les partis politiques et les candidats s’engagent à respecter les normes éthiques les plus élevées, avant, pendant et après le scrutin", a déclaré le successeur de Kofi Annan à la tête de la maison de verre à New York, qui a précisé que ledit code, de 20 articles, ... interdit notamment toute allusion à la race et à l’appartenance ethnique ou religieuse... et, surtout, que les signataires du document s’engagent à respecter le verdict des urnes".

Un engagement qu’on aurait dû faire prendre par Mwai Kibaki. Comme l’a si bien résumé un confrère, avec ce code de bonne conduite, signé donc la fin de la réthorique belliqueuse, des allusions aux origines religieuses ou ethniques des candidats, de l’utilisation électorale des moyens de l’Etat, du recours à des groupes armés, ainsi que des pressions sur les journalistes ; en somme, un viatique pour une campagne modèle et une élection incontestée, donc un antidote après coup à la présidentielle ivoirienne de l’année 2000, "calamiteuse" selon Laurent Gbagbo, qui en a été entériné officiellement vainqueur après sa prise du pouvoir de fait, par la rue.

Mais, pour que les fruits de ce code de bonne conduite tiennent la promesse de ses fleurs, encore faudra-t-il que les candidats et leurs militants s’y en tiennent ! Autrement dit que les nouvelles listes électorales ne soient contestées par aucun parti, et que toutes les milices soient dissoutes, et que tous les groupes de jeunes des formations politiques s’abstiennent de tout appel à la violence, et que les partis ethniques sortent de leur fief traditionnel, et que la reconstitution des registres d’état civil soit amorcée, et que les médias liés à des groupes politiques fassent montre du principe latin in medio stat virtus (2), les propos dignes de Radio mille collines étant le discours de prédilection de certains médias ivoiriens.

Même que si ces conditions étaient remplies, il resterait encore, selon le Premier ministre ivoirien, Kigbafori Guillaume Soro, beaucoup de chemin à faire : la continuation du désarmement des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) notamment, et la restauration de l’unicité des caisses pour réunifier économiquement et financièrement le pays. En outre, a prévenu Guillaume Soro, "il ne faut pas occulter... la nécessité pour nous de veiller à garantir un consensus de tous les acteurs à chaque étape du processus, car, de notre point de vue, le premier élément de crédibilité et de validation de ce processus, c’est l’adhésion sans réserve de toutes les parties. Nous en avons fait l’un des moteurs de notre action, et cela, Mesdames et Messieurs, prend du temps" : il ne faut donc pas, une fois de plus, faire de fétichisme des dates, y compris celle du premier tour de la présidentielle le 30 novembre 2008, Monsieur Soro ?

De même, selon le Premier ministre ivoirien, "... Des soubresauts comme celui de l’attentat du 29 juin 2007 à Bouaké ne sont pas à exclure dans l’absolu. Du reste, nous attendons l’appui de votre institution pour y faire toute la lumière, en vue d’éviter que ces situations se répètent et, surtout, afin de dissuader tous ceux qui voudraient, le moment venu, perturber le processus électoral, aujourd’hui ouvert. Il faut, en effet, anticiper et nous éviter les schémas tels le Kenya et aujourd’hui celui qui est en train de se dessiner sous nos yeux, le cas du Zimbabwe", a déclaré le leader politique des Forces Nouvelles dans son discours à l’occasion de la signature du protocole d’entente pour le financement des programmes de sortie de crise et du processus électoral, cérémonie tenue sous l’égide et la présence effective de Son Excellence Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies.

La rédaction

L’Observateur Paalga du 28 avril 2008

 

Notes : (1) : Il y a loin entre un projet et sa réalisation (2) : Littéralement "La vertu est au milieu



28/04/2008
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