L'armée médicale au secours des patients (Grève du SYNTSHA)

Grève du SYNTSHA

L'armée médicale au secours des patients

Depuis le 24 juin 2008, une grève de 72 h est observée sur toute l'étendue du territoire par le SYNTSHA, le Syndicat des travailleurs de la santé. Nous avons visité quelques endroits pour nous enquérir de l'état de suivi de ladite grève.

Lorsque nous avons demandé de rencontrer la directrice de l'hôpital, Christine Naré, sa secrétaire n'a pas hésité à nous annoncer. Elle ressort du bureau pour nous demander de patienter, le temps qu'elle fasse venir, sur instruction certainement de Mme Naré, "le communicateur" de la maison. Ce dernier arrive et nous signifie que nous ne pouvions voir la directrice parce qu'il y a une conférence de presse le lendemain . Malgré notre insistance, rien n'y dit. C'est alors que nous avons voulu jeter un coup d'oeil dans certains services. Le "Communicateur" se propose de nous amener aux urgences traumatologiques. Nous avons plutôt préféré les urgences, médicales. Là, nous sommes présentés à Dr Ouédraogo, médecin-chef adjoint qui rassure : "Tous les cas sont pris en charge ici. Depuis hier, le service tourne. Il n'y a pas de problème".

Nous avons voulu avoir d'autres témoignages, et nous voilà dans le bureau de Mme Amélie Kaboré, major des urgences médicales. "ça ne va pas", répondit-elle. "Pourquoi, il vous manque du personnel ?" avons-nous poursuivi pour une réponse affirmative du major Amélie. Lorsque nous lui avons demandé s'il manquait beaucoup de soigneurs, une hésitation se lisait sur le visage de la dame qui semblait être faillée par le regard du "Communicateur" et du médecin-chef adjoint qui étaient derrière nous. C'est alors que le médecin-chef répondit à la place de la Major : "Pas beaucoup". Mme Kaboré n'avait plus le choix et d'ajouter : "Si vous avez déjà vu le médecin-chef adjoint, c'est la même chose".

On avait tout compris. Nous prenons congé d'eux pour observer. Les malades qui étaient dans notre champ visuel étaient pris en charges par deux médecins dames. Dehors, un jeune, Aloïs Kaboré entouré de ses beaux-parents et de ses frères témoigne : "Nous sommes là depuis avant-hier. J'ai amené ma femme qui a des problèmes cardiaques. Il n'y a ni de garçon de salle ni ceux qui s'occupent du gaz. Le gaz vient même d'arriver à 9h30. On devait placer du sérum. Nous avons poursuivi le personnel soignant hier (ndlr, le 24 juin) pour cela. Ce n'est que vers 17 h qu'ils sont venus placer un seul sérum sur les 3 poches prévues.

Lorsque nous sommes allés à la Bourse du travail où les grévistes se sont retrouvés le secrétaire général du SYNTSHA, Raphaël Nanéma rappelle quelques points de leurs revendications : amélioration des conditions de travail, la prise en charge gratuite des urgences médicales et obstétricales à l'intérieur du pays (qui est une vieille revendication), la carrière des agents, la revalorisation des indemnités (de garde, de risques...). Tout cela n'a pas trouvé de satisfaction, selon le SG du SYNTSHA qui commente : "Nous sommes donc surpris qu'à travers le commentaire du gouvernement, il est dit que sur les 26 points, 20 sont satisfaits". C'est ce qui a donc justifié le déclenchement de cette grève. En attendant des chiffres, Raphaël confie : "Partout, à Ouagadougou et notamment à l'hôpital Yalgado, il y a un bon suivi de la grève. La preuve est qu'il y a des réquisitions massives qui sont délivrées à des agents".

En effet, en entrant à la Direction de l'hôpital Yalgado Ouédraogo, deux agents d'un cabinet de huissier y étaient postés. Ils ont confié être là pour remettre des réquisitions à des agents. Malheureusement pour eux, depuis le début de la grève et jusqu'à la date d'hier à 9h20mn, seulement 20 réquisitions ont pu être distribuées puisque, confessent-ils, ils n'arrivent pas à mettre la main sur lesdits agents. "Cela atteste le bon suivi de la grève" fait remarquer le secrétaire général du SYNTSHA. Raphaël Nanéma note également que les autorités ont dû faire appel aux professionnels de santé militaire, aux agents formés à titre personnel qui sont au chômage. "ça se compte par millier ; c'est eux qui sont là-bas", ajoute M. Nanéma.

Où sont donc passées les négociations. De l'avis du SG du SYNTSHA, ces négociations avec le ministère en charge de la santé devaient se tenir le 20 juin dernier. Finalement, ajoutait-il, "comme les réponses aux revendications nous ont été transmises le 20 juin seulement, il nous a été demandé de transmettre nos commentaires et observations avant que les négociations ne reprennent le 23 juin". Raphaël Nanéma poursuit : "Nous avons transmis nos observations le 23 juin dès 8h au niveau du ministère de la Santé et du secrétariat général du gouvernement et du Conseil de ministres. On s'est finalement retrouvé le 24 juin à 16h et on a discuté jusqu'à 23h15mn. Comme on est là (ndlr, Bourse du travail), vous imaginez aisément que nos revendications n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes".

Dans tout cela, c'est le pauvre citoyen qui trinque. Le SG Nanéma en est conscient : "Nous ne nous amusons pas avec les grèves puisqu'il y a des conséquences. C'est pourquoi nous avons mis en veilleuse une grève qui devait avoir lieu en février dernier. Mais avec le contexte de l'épidémie de méningite, nous avons ajourné cette grève".

Du côté de l'hôpital Yalgado Ouédraogo, un communiqué de presse est ventilé où on apprend qu'un "appui des Forces armées nationales et des infirmiers diplômés de l'ENSP (en quête d'emploi) a permis de remplacer les grévistes de la tranche de 7 h à 12 h et une autre équipe est attendue pour la tranche de 12h à 17h. Une 3e équipe est prévue pour la garde de 17h hier à 7h de ce matin".

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays du 27 juin 2008

Depuis le 24 juin 2008, une grève de 72 h est observée sur toute l'étendue du territoire par le SYNTSHA, le Syndicat des travailleurs de la santé. Nous avons visité quelques endroits pour nous enquérir de l'état de suivi de ladite grève.

Lorsque nous avons demandé de rencontrer la directrice de l'hôpital, Christine Naré, sa secrétaire n'a pas hésité à nous annoncer. Elle ressort du bureau pour nous demander de patienter, le temps qu'elle fasse venir, sur instruction certainement de Mme Naré, "le communicateur" de la maison. Ce dernier arrive et nous signifie que nous ne pouvions voir la directrice parce qu'il y a une conférence de presse le lendemain . Malgré notre insistance, rien n'y dit. C'est alors que nous avons voulu jeter un coup d'oeil dans certains services. Le "Communicateur" se propose de nous amener aux urgences traumatologiques. Nous avons plutôt préféré les urgences, médicales. Là, nous sommes présentés à Dr Ouédraogo, médecin-chef adjoint qui rassure : "Tous les cas sont pris en charge ici. Depuis hier, le service tourne. Il n'y a pas de problème".

Nous avons voulu avoir d'autres témoignages, et nous voilà dans le bureau de Mme Amélie Kaboré, major des urgences médicales. "ça ne va pas", répondit-elle. "Pourquoi, il vous manque du personnel ?" avons-nous poursuivi pour une réponse affirmative du major Amélie. Lorsque nous lui avons demandé s'il manquait beaucoup de soigneurs, une hésitation se lisait sur le visage de la dame qui semblait être faillée par le regard du "Communicateur" et du médecin-chef adjoint qui étaient derrière nous. C'est alors que le médecin-chef répondit à la place de la Major : "Pas beaucoup". Mme Kaboré n'avait plus le choix et d'ajouter : "Si vous avez déjà vu le médecin-chef adjoint, c'est la même chose".

On avait tout compris. Nous prenons congé d'eux pour observer. Les malades qui étaient dans notre champ visuel étaient pris en charges par deux médecins dames. Dehors, un jeune, Aloïs Kaboré entouré de ses beaux-parents et de ses frères témoigne : "Nous sommes là depuis avant-hier. J'ai amené ma femme qui a des problèmes cardiaques. Il n'y a ni de garçon de salle ni ceux qui s'occupent du gaz. Le gaz vient même d'arriver à 9h30. On devait placer du sérum. Nous avons poursuivi le personnel soignant hier (ndlr, le 24 juin) pour cela. Ce n'est que vers 17 h qu'ils sont venus placer un seul sérum sur les 3 poches prévues.

Lorsque nous sommes allés à la Bourse du travail où les grévistes se sont retrouvés le secrétaire général du SYNTSHA, Raphaël Nanéma rappelle quelques points de leurs revendications : amélioration des conditions de travail, la prise en charge gratuite des urgences médicales et obstétricales à l'intérieur du pays (qui est une vieille revendication), la carrière des agents, la revalorisation des indemnités (de garde, de risques...). Tout cela n'a pas trouvé de satisfaction, selon le SG du SYNTSHA qui commente : "Nous sommes donc surpris qu'à travers le commentaire du gouvernement, il est dit que sur les 26 points, 20 sont satisfaits". C'est ce qui a donc justifié le déclenchement de cette grève. En attendant des chiffres, Raphaël confie : "Partout, à Ouagadougou et notamment à l'hôpital Yalgado, il y a un bon suivi de la grève. La preuve est qu'il y a des réquisitions massives qui sont délivrées à des agents".

En effet, en entrant à la Direction de l'hôpital Yalgado Ouédraogo, deux agents d'un cabinet de huissier y étaient postés. Ils ont confié être là pour remettre des réquisitions à des agents. Malheureusement pour eux, depuis le début de la grève et jusqu'à la date d'hier à 9h20mn, seulement 20 réquisitions ont pu être distribuées puisque, confessent-ils, ils n'arrivent pas à mettre la main sur lesdits agents. "Cela atteste le bon suivi de la grève" fait remarquer le secrétaire général du SYNTSHA. Raphaël Nanéma note également que les autorités ont dû faire appel aux professionnels de santé militaire, aux agents formés à titre personnel qui sont au chômage. "ça se compte par millier ; c'est eux qui sont là-bas", ajoute M. Nanéma.

Où sont donc passées les négociations. De l'avis du SG du SYNTSHA, ces négociations avec le ministère en charge de la santé devaient se tenir le 20 juin dernier. Finalement, ajoutait-il, "comme les réponses aux revendications nous ont été transmises le 20 juin seulement, il nous a été demandé de transmettre nos commentaires et observations avant que les négociations ne reprennent le 23 juin". Raphaël Nanéma poursuit : "Nous avons transmis nos observations le 23 juin dès 8h au niveau du ministère de la Santé et du secrétariat général du gouvernement et du Conseil de ministres. On s'est finalement retrouvé le 24 juin à 16h et on a discuté jusqu'à 23h15mn. Comme on est là (ndlr, Bourse du travail), vous imaginez aisément que nos revendications n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes".

Dans tout cela, c'est le pauvre citoyen qui trinque. Le SG Nanéma en est conscient : "Nous ne nous amusons pas avec les grèves puisqu'il y a des conséquences. C'est pourquoi nous avons mis en veilleuse une grève qui devait avoir lieu en février dernier. Mais avec le contexte de l'épidémie de méningite, nous avons ajourné cette grève".

Du côté de l'hôpital Yalgado Ouédraogo, un communiqué de presse est ventilé où on apprend qu'un "appui des Forces armées nationales et des infirmiers diplômés de l'ENSP (en quête d'emploi) a permis de remplacer les grévistes de la tranche de 7 h à 12 h et une autre équipe est attendue pour la tranche de 12h à 17h. Une 3e équipe est prévue pour la garde de 17h hier à 7h de ce matin".

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays du 27 juin 2008





28/06/2008
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