Le Couac du Ramadan (Lire une Lettre pour Laye)

Cher Wambi,

Le Couac du Ramadan

Tu peux aisément deviner combien j’ai été heureux de recevoir le sac d’arachides, fruit de tes nouvelles récoltes, que tu m’a envoyé par le transporteur du village. Mille fois merci de m’avoir mis dans le cercle restreint de tes incontournables parents, pour lesquels tu n’hésites guère à te sacrifier. Sans peut-être le savoir, tu auras un tant soit peu contribué à m’ôter une épine du pied, car, plus que jamais, la vie chère reste d’actualité. En tous les cas, cher cousin, tu mérites un repos réparateur, car bien laborieuse fut la saison qui s’achève.

Puissent les dernières gouttes adoucir le soleil, déjà si menaçant, afin qu’au village règne la joie de vivre. D’ailleurs, quelle est la quantité totale d’eau tombée au Pays des hommes intègres cette année ? Réponse, cher Wambi, des services de l’ASECNA, qui, dans les jours à venir, te feront le point de la pluviométrie en cette saison agricole, qui tire à sa fin. En attendant, la semaine du vendredi 26 septembre au jeudi 2 octobre a enregistré les quantités d’eau ci-après : Dori = 0,5 mm ; Ouahigouya = 15,6 mm ; Ouagadougou-aéro = 1,6 mm ; Dédougou = 0,4 mm ; Fada N’Gourma = 11,2 mm ; Bobo-Dioulasso = 65,5 mm ; Boromo = 15,1 mm ; Pô = 11,0 mm ; Gaoua = 21,1 mm ; Bogandé : NT.

Cela dit, cher Wambi, est-il vrai qu’au village l’ambiance de la fête prévaut toujours, comme si, aujourd’hui, a lieu la rupture du jeûne du Ramadan ? A l’issue des trente jours de purification individuelle, les fidèles musulmans à Simonville ont aussi célébré l’Eid El Filtr le mardi 30 septembre. Comme c’est la coutume, depuis la nuit des temps, la grande prière a été dite à la place de la Nation, en présence d’une foule nombreuse, dont la fine crème de la Communauté musulmane et des autorités tant politiques qu’administratives de notre pays. Mais l’événement dans l’événement aura, sans conteste, été l’absence du Moogh-Naaba Baongo. De mémoire, en effet, c’est l’une des rares fois que le chef suprême du royaume de Ouagadougou répond absent à un tel rendez-vous spirituel.

D’où les multiples interrogations, d’autant plus que le soir même de la fête, on l’a vu présider la finale du carnaval dodo à la maison du Peuple. Selon des sources concordantes, il y aurait eu un certain cafouillage sur la date de la célébration de la fête. Conséquence : le Moogh-Naaba n’en aurait pas été informé à temps. En tout cas, cher cousin, les survivants d’une certaine époque se souviennent encore, comme si c’était hier, que depuis la conversion du Moogh-Naaba Doulougou à l’islam au 18e siècle, précisément en 1754, l’apparition de la nouvelle lune indiquant la fin du jeûne du Ramadan était annoncée par des salves d’armes légères émanant de la Cour royale. Et l’on se souvient aussi que, depuis, cette même cour est restée liée à la communauté musulmane. C’est ce qui expliquerait la présence d’un imam en son sein.

Maintenant, question : la tradition n’aurait-elle pas survécu à la modernité ? L’avenir nous le dira. Mais, en attendant, cher cousin, force est de reconnaître que sous le prétexte de la vie chère, certains commerçants véreux n’ont nullement hésité à égorger proprement ceux des fidèles qui ont accepté de leur tendre le cou. A tous les points de vente de la capitale, comme aux abords du rond-point de la Patte-d’Oie, il fallait débourser entre 6 000 et 8 000 francs CFA pour s’octroyer une paire de poulets, entre autres. C’est te dire que l’addition était simplement trop salée, cher cousin.

Ainsi, je m’en vais te rapporter le plaidoyer fait par le chef du département des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique lors du dernier Conseil des ministres, tenu le mercredi 1er octobre 2008 en faveur de l’assainissement de l’environnement immédiat des établissements scolaires de notre pays. Voilà, en effet, cher Wambi, un plaidoyer qui, s’il est suivi d’effet, soulagera aussi bien le monde des enseignants que les élèves et les parents consciencieux, mais qui, à coup sûr, rougira les yeux d’une nouvelle race de commerçants, qui y voient le milieu propice pour se faire du fric. Mais à qui la faute ?

En tout cas, me référant aux règles municipales modernes, sont considérés comme lieux protégés aussi bien les écoles que les hôpitaux, les dispensaires, les palais de justice, les lieux de culte (églises, temples, mosquées et pagodes où il y en aurait), autour desquels les commerces et débits de boisson doivent être tenus à une certaine distance. D’où vient-il alors, cher cousin, qu’à Simonville on refuse d’observer ces règles, que nous avons nous-mêmes écrites de nos propres mains ? Il n’est jamais tard pour bien faire, dit-on, et ce plaidoyer, qui, en réalité, est une recommandation de la conférence annuelle des proviseurs et des directeurs des lycées et collèges, devrait s’inscrire en bonne place dans l’agenda des autorités politiques et administratives en cette entame de l’année scolaire 2008/2009.

Cher cousin, l’homme est souvent d’une barbarie inimaginable à l’endroit de son semblable, m’amenant à me demander sincèrement si l’amour aura, un jour, droit de cité dans nos sociétés. La raison : une orpheline de père à sa naissance, répondant au nom de Nathalie Perkouma, séjourne depuis le samedi 27 septembre 2008 au service de traumatologie de l’hôpital Yalgado, à la suite de châtiments corporels inhumains subis de la part de ses patrons, avant d’être jetée dans la rue.

A la vue de sa photo en première page (UNE) du journal, tu te demanderas certainement ce que cette mineure, de 15 ans, fraîchement débarquée il y a de cela moins de deux semaines de Bangassogo (localité de la commune rurale de Kiembara) à la recherche du travail, a bien pu faire pour se retrouver dans cet état, déplorable.

Comme explication qui m’a été donnée par la victime elle-même, en présence de ses proches parents dont un oncle venu du village, dès sa descente de la gare à Ouagadougou, elle a échoué, avec son baluchon de fortune, dans la cour d’un corps habillé, dont la maison se trouverait à proximité de l’OLAO (Office de liaison de l’Afrique de l’Ouest). L’épouse de ce dernier l’engagea pour vendre de l’eau glacée à partir d’un pousse-pousse. Les premiers jours de travail se seraient très bien passés, jusqu’à ce que la native de Bangassogo, qui est à son premier séjour dans la capitale, tombe sur de jeunes délinquants, qui lui retirèrent son chariot. Impuissante, elle prit la direction du domicile pour alerter son employeur, qui n’aurait pas du tout supporté l’infortune de la petite.

Il s’en est suivi donc des coups et des traitements inhumains, puisque Nathalie dit avoir été également attachée avec des cordes. Ayant pris contact hier matin avec le corps médical du service de traumato, j’ai appris que ses deux bras, même si aucune fracture n’y a été relevée, ont cependant subi de sérieuses lésions. Et l’enfant aurait été attachée entre 6 et 12 heures, au regard de la sévérité des marques. Voici, cher Wambi, la version qui m’a été racontée hier à l’hôpital. Pour le moment, je ne puis te donner celle des auteurs de l’agression de l’orpheline, qui dit ignorer tout de leur identité.

Peut-être qu’avec la gendarmerie, qui serait sur cette affaire depuis quelques jours, tu pourras très prochainement être informé de la suite à donner à cette monstruosité. Hélas, on ne cessera de le dire, cher cousin, ils sont encore nombreux, les êtres prétendus humains, qui ont une pierre à la place du cœur. Quand même !! Te souviens-tu, il y a quelques mois, Farayiri Frédéric Dah, successeur du député Louis Armand Ouali à la tête de la municipalité de Gaoua, était débarqué de son poste par le ministère de tutelle pour mauvaise gestion des deniers publics. Pour le remplacer, les conseillers municipaux ont fait appel à Jean Baptiste Kambou, ancien secrétaire général du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie. Farayiri Dah débarqué, on pensait béatement que, comme d’habitude, l’affaire était close et bien enterrée. Pas du tout, car, hier en fin de matinée, j’apprenais qu’il a été conduit sur le coup de 8h00 à la Maison d’arrêt et de correction de Gaoua. Une affaire que je ne manquerai pas de suivre pour toi.

Et maintenant qu’enfin je t’ouvre le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je t’invite à propager, à travers le village, la confirmation de la nomination de Jean-Baptiste Marie-Pascal Compaoré, nouvel ancien ministre burkinabè de l’Economie et des Finances, au poste de vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Tu te rappelles que je t’en avais déjà parlé dans mes précédentes lettres, avant la formation du gouvernement Tertius III. A Dakar, où il siègera, Jean-Baptiste Marie-Pascal Compaoré ira succéder à cet autre compatriote, Justin Damo Barro, appelé à d’autres missions.

On avait vite fait de chanter le déclin de la chaîne des bars Kundé, quelques mois seulement après sa résurrection, après le saccage subi en 2006. Certes, la chaîne, pour mille et une raisons, n’a plus sa splendeur et sa notoriété d’antan, mais son expertise serait en train de faire école en Côte d’Ivoire. A ce qu’on dit, la ville de Bouaké pourrait servir de rampe de lancement, si ce n’est déjà fait. Alors, entendra-t-on les grincements du Kundé, pour ne pas dire de la guitare, dans l’ancien foyer de la rébellion ivoirienne ? Wait and see !

Y aurait-il eu putsch à la présidence du Conseil d’administration de la Maison de l’Entreprise ? En tout cas, dans les allées de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat du Burkina Faso (CCIA/BF), certaines langues, qui commencent à se délier, persistent à clamer haut et fort que l’ancien président du Conseil, Alain Roger Coeffé, et les siens ont ainsi payé pour leur témérité, eux qui auraient constamment prêché pour l’avènement de dirigeants éclairés à la tête de la Chambre consulaire. Vrai ou faux ? Certainement que d’autres sons de cloche ne tarderont pas à se faire entendre. En tout cas, on y reviendra.

De nouveaux visages dans les rangs des policiers de l’aéroport international de Ouagadougou-Taamsê ; telle serait la sentence des nouvelles autorités policières. Si pour certains flics leur redéploiement s’expliquerait par l’usure, pour d’autres, il leur serait reproché une extrême vulnérabilité. Mais pour qui sait que les partants y ont déjà passé une dizaine d’années, il n’y a vraiment pas de quoi se morfondre en dépit du manque à gagner.

Ç’aurait pu arriver à un autre service de l’Administration burkinabè qu’à l’hémicycle. Dites-vous, en effet, bonnes gens, que notre auguste Assemblée est hors réseau depuis une dizaine de jours. Le standard serait simplement en panne. Alors, pour vos appels, en attendant l’arrivée de la pièce de rechange, c’est la téléphonie mobile... ou rien.

Les clubs de D2 de Bobo-Dioulasso se déclarent non partants pour les matchs retour de la superdivision. Ils en donnent les raisons à travers cette correspondance, adressée au Secrétaire général de la Fédération burkinabè de football (FBF) : "Monsieur le SG, Nous, clubs de D2 de Bobo-Dioulasso, réunis ce jour 1er octobre 2008 au siège de la Ligue des Hauts-Bassins, avons décidé de suspendre notre participation aux matchs retour de la superdivision. En effet, après des efforts fournis depuis le début de ce championnat sans soutien, nos clubs se trouvent aujourd’hui incapables de continuer ce championnat sans le règlement des différents dus, à savoir : 


la deuxième tranche de la subvention de la saison écoulée ; 
la totalité de celle de cette année ; 
les frais de déplacement de la superdivision actuelle. Nous ne pourrons reprendre ce championnat tant que ces différentes réclamations ne seront pas satisfaites. Dans l’attente, veuillez recevoir, Monsieur le Secrétaire général de la FBF, nos salutations sportives".

Ont signé :

Le président AS MAYA M. Daouda Barro

Le 1er vice-président JCB M. Serge Galboni

Le président USFRAN M. Sékou Koné

 

L’Observateur Paalga du 3 octobre 2008



03/10/2008
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