Plus de 900 réfugiés touaregs du Mali sont arrivés au Burkina

Rébellion au Mali

Plus de 900 réfugiés touaregs au Burkina

 

Plus de 900 réfugiés touaregs qui se sentaient en insécurité dans leur pays, le Mali, en proie à une rébellion qui perdure, ont préféré l'asile au Burkina. Le stade du 4-Août qui a été transformé, depuis quelques semaines, en un camp de réfugiés, abrite plus de 300 d'entre eux.

 

Devenus indésirables dans leur pays, parce que des membres de leur communauté ont pris le maquis, contre le régime en place, les touaregs maliens se sentent désormais en insécurité chez eux. Habités donc par l'instinct de survie, bon nombre ont opté pour l'asile dans d'autres pays. C'est ainsi que depuis bientôt deux mois, ce sont environ 900 réfugiés touaregs qui sont présentement au Burkina et dont 300 personnes (hommes, femmes et enfants) sont logées au stade du 4-Août à Ouagadougou. Les autres sont restés pour le moment à Djibo, selon l'un d'eux nommé Mohamed Alher Ag Abou, rencontré au stade du 4-Août le 3 juillet 2008. Selon ce dernier toujours, il y aurait même au sein des réfugiés des Nigériens mais qui ne se sont pas encore déclarés. Car, depuis quelques jours, ce sont la Commission nationale pour les réfugiés (CONAREF) et la Croix rouge burkinabè qui s'occupent d'eux. A notre passage au camp mardi dernier dans la matinée, des éléments de la CONAREF étaient encore sur les lieux. Ceux-ci procédaient aux modalités devant leur permettre de délivrer à ceux qui le méritent des acquis de droit, laquelle pièce atteste le droit d'asile aux demandeurs. A entendre Mohamed Alher Ag Abou, on dirait que c'est uniquement au Burkina que ces réfugiés se sentent pour le moment en sécurité. Extrait de ce qu'il a dit : "Nous n'avions aucun problème avec aucune personne, ni avec les citoyens ni avec les autorités. Nous vivions tranquillement dans les pâturages avec nos troupeaux. Mais depuis 2006, le pays est en crise. C'est ce qui nous a effrayés et nous sommes venus nous réfugier ici au Burkina, en attendant que la situation se calme au Mali. Nous avons abandonné nos troupeaux pour fuir. Mais nous ne nous inquiétons pas pour nos troupeaux, ce sont nos vies qui nous intéressent. Quand ta vie est en danger, tu ne te préoccupes pas de ta richesse, tu penses d'abord à survivre. Nous ne sommes pas venus tous ensemble, chacun s'est débrouillé pour arriver ici, certains ont fait le déplacement en petits groupes de trois, quatre, cinq, d'autres aussi sont venus avec leurs familles. Les premiers à venir sont là depuis deux mois, mais des gens continuent toujours de venir. Quand nous sommes venus, nous avons pu rencontrer la CONAREF (Commission nationale pour les réfugiés). C'est cette structure qui, avec l'appui de la Croix rouge, nous a récupérés de la brousse où nous campions pour nous loger ici dans les chambres du stade du 4-Août. Depuis que nous sommes arrivés ici au stade, nous mangeons tous à notre faim. Vraiment, nous remercions les autorités burkinabè. Le Burkina est un pays d'hospitalité et nous nous y sentons en sécurité. D'ailleurs, ce n'est pas notre première fois de venir au Burkina. Nous étions aussi venus dans les années 93 et nous étions restés jusqu'en 1997.

Nous ne pouvons pas dire aujourd'hui qui nous craignons exactement. Nous avons simplement peur des armes et des treillis militaires. Avec la situation qui prévaut au Mali présentement, il suffit seulement de voir un homme en treillis pour courir. C'est cela la psychose au sein de notre communauté. Nous comptons rester jusqu'à ce que la paix revienne dans notre pays, sans quoi nous ne bougeons pas d'ici. En tant que citoyens maliens également, nous demandons à notre président de faire tout son possible pour que la paix revienne. Qu'il accepte de négocier. C'est son devoir de veiller à la stabilité au Mali. J'ai mal chaque fois que je me vois obligé de fuir aller chez un voisin."

 

Fabrice SANOU

Le Pays du 4 juin 2008




04/06/2008
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