Union des démocrates pour le progrès social : Adieu la coalition, vive le parti !

Union des démocrates pour le progrès social : Adieu la coalition, vive le parti !

jeudi 3 juillet 2008.
 
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Djezouma Sanou

A la suite d’un congrès constitutif, tenu les 28 et 29 juin 2008, l’Union des démocrates pour le progrès social (UDPS) a changé de statut juridique. Précédemment une coalition de trois partis, elle est devenue un parti. Dans l’entretien ci-après, Djéjouma Sanon, qui préside aux destinées de ce nouveau-né du landerneau politique burkinabè, nous parle, entre autres, des tractations du congrès.

Comment se sont déroulées les tractations de votre congrès constitutif ?

• Merci de m’offrir l’occasion de revenir, dans vos colonnes, sur le congrès constitutif de l’UDPS, tenu les 28 et 29 juin 2008. Les tractations de notre congrès des 28 et 29 juin dernier ont accouché d’un parti : il s’agit de l’Union des démocrates pour le progrès social (UDPS), née des cendres de la coalition de la même dénomination.

En rappel, la coalition était composée de la Convention nationale des démocrates patriotes (CNDP), de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS) et de la Convention pour la démocratie et la fédération (CODEF). Ces partis étaient dirigés respectivement par Alfred Kaboré, Djéjouma Sanon et le Dr Fidèle Hien, tous anciens ministres et députés.

Pourquoi est-ce maintenant que vous avez trouvé la nécessité de transformer l’UDPS en parti ?

• Ces trois partis s’étaient unis il y a un an et demi pour affronter le scrutin législatif. Cette démarche visait l’unification des partis de l’opposition afin d’avoir une force de frappe face au pouvoir en place. Après donc plus d’un an de cohabitation, les partis membres de la coalition et leurs militants ont estimé qu’ils avaient eu assez de temps d’observation et qu’ils pouvaient passer à une étape supérieure, notamment la fusion.

Mais nous avons, au regard des difficultés vécues dans les différentes formations, opté pour une approche autre que la fusion. Cela a fait que le congrès du week-end dernier a été marqué par deux actes majeurs : le premier a été l’acte de dissolution de l’UDPS, coalition de partis. Parce que nous avons estimé avoir atteint l’objectif de cette structure, qui était de créer une synergie de forces pour préparer les militants à la création d’un parti unifié.

Au lieu de la fusion, nous avons opté pour la création d’un nouveau parti. Car, si les deux autres partis avaient la possibilité d’opérer leur autodissolution, à la CDS, que je dirigeais, il n’y avait l’unanimité en faveur d’un mouvement unitaire. D’où la décision de la dissolution de la Coalition, dont la CDS était membre, pour ne pas forcer la main à ceux qui ne le voulaient pas.

Ce, pour que les militants, individuellement, aillent vers la création d’un nouveau parti tout à fait autonome. Parce qu’à notre sens, il n’était pas bienséant de se jeter dans des batailles de procédures et de traîner des bagarres alors que nous avons des objectifs à atteindre avec le nouveau parti ; le second acte a été le congrès constitutif de l’UDPS, créée par des militants de différents partis.

Voilà donc les temps forts du congrès : la dissolution de la CNDP et de la CODEF et la démission des camarades de la CDS qui estimaient qu’ils avaient des raisons de continuer jusqu’au bout dans l’union des forces de l’opposition. La CDS n’est donc pas dissoute parce qu’au niveau du secrétariat exécutif, des camarades n’étaient pas d’accord qu’elle se fonde dans l’UDPS. Pour notre part, un parti, c’est d’abord le travail et non le sigle. Donc nous avons laissé à ces camarades leur sigle et leur logo.

Au cours donc du congrès constitutif, nous avons procédé au toilettage des textes proposés par le comité du thème et à l’examen de l’orientation même du parti ainsi qu’au choix de nos responsables pour les prochains mois afin de pouvoir affronter les batailles qui se pointent à l’horizon.

L’UDPS garde le même logo que la défunte coalition, notamment le parapluie et les couleurs arc-en-ciel, et a pour devise « Une Nation, un Peuple, une Destinée ». Nous avons un secrétariat, de 25 membres. Les camarades venus des 40 provinces et des différents partis m’ont fait confiance pour présider aux destinées de ce nouveau parti.

L’UDPS, c’est le cent énième parti. Quelle trouvaille avez vous pour le développement du Burkina ?

• Vous conviendrez avec moi qu’on peut tout reprocher à l’UDPS sauf d’allonger la liste des partis politiques. Par cet acte que nous venons de poser, nous pensons avoir plutôt contribué à en réduire le nombre. Notre conviction, c’est que nombre de forces politiques de la place qui se ressemblent devraient pouvoir en faire autant. Il faut donc arriver à faire le sacrifice individuel pour s’unir et perdre un peu de soi-même pour permettre à la majorité de progresser.

Car les forces politiques de l’opposition, dans l’émiettement, seront toujours laminées par le pouvoir en place. S’agissant du développement de notre pays, il faut nécessairement que l’Etat prenne des mesures fortes. Aujourd’hui, on a l’impression d’être surpris par les phénomènes de la vie chère et de la mondialisation.

Un Etat digne de ce nom doit être prévoyant ou avoir une politique de prospective. Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui ne devraient donc pas se sentir surpris par le renchérissement du coût de la vie. Et c’est ridicule de les voir aujourd’hui rappeler au peuple des mots d’ordre du genre « Produire et consommer burkinabè ».

Ces idées ne sont pas nouvelles, puisqu’elles ont déjà été émises. Ce sont ceux-là mêmes qui nous dirigent actuellement qui ne les ont pas saisies en leur temps. Ils ont préféré jeter le bébé avec l’eau sale du bain parce que, simplement, ce sont des idées d’autrui. Et voilà qu’ils ont affamé le peuple, en important presque toute notre nourriture.

A ces éléments s’ajoute notre vision de l’unité de l’opposition. Nous pensons également qu’au Burkina Faso, dans la vision du développement, il n’y a pas de méthode scientifique qui permette d’optimiser les différentes potentialités du territoire. Cela fait que nous, nous mettons un point d’honneur à avoir une politique du développement fondée sur l’aménagement du territoire et des études scientifiques de façon à ce que toutes les potentialités du territoire burkinabè soient exploitées et mises d’abord à la disposition des Burkinabè avant de d’être orientées vers l’exportation.

Pour avoir été d’anciens ministres, ne vous sentez-vous pas comptables de cette situation de laquelle le Burkina a du mal à sortir ?

• Lorsqu’on a été ministre dans un gouvernement non issu d’une élection, qu’un parti majoritaire a constitué, mais juste dans une circonstance pour résoudre une crise, on ne saurait être comptable des politiques du long terme. Sur le plan, nous ne nous sentons responsables de rien. Cependant, globalement, tout Burkinabè est responsable, d’une façon ou d’une autre, de cette situation que nous vivons. Mais les premiers responsables de cela, ce sont ceux qui nous gouvernent depuis environ deux décennies. Ce sont eux qui ont eu du temps pour réfléchir et la possibilité d’avoir des études prospectives.

Comment comptez-vous vous en sortir avec ce melting-pot politique, où on retrouve des libéraux et des socialistes ?

• Il n’y a pas de problèmes. Aujourd’hui, il faut se fixer des objectifs de développement, fondé sur nos propres ressources, sur un aménagement du territoire, un développement équitable du territoire et avoir de l’honnêteté, de l’intégrité. Ce sont des principes transversaux et si on y ajoute la nécessité d’unir les forces pour que la démocratie au Burkina ne recule pas, on n’a pas besoin de savoir si quelqu’un est de droite ou de gauche pour s’unir à lui.

Quelle lecture avez-vous de la fermeture de l’université de Ouagadougou ?

• A l’UDPS, nous avons souhaité qu’il y ait à l’université un esprit de conciliation. Parce qu’il y a beaucoup de problèmes que les étudiants ont posés. Il y en a sur les plans infrastructurel, académique, et des bourses. Les étudiants ont quitté les mobylettes pour se retrouver à vélo et à pied. C’est signe que leurs conditions de vie se sont dégradées énormément. Au lieu de construire des échangeurs, il faut résoudre le problème d’amphithéâtres à l’université et sauver l’année académique. Les franchises universitaires doivent être aussi respectées. Les forces de l’ordre n’y ont pas leur place. Les gens sont suffisamment en insécurité ailleurs, et c’est là-bas que le devoir les appelle.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur



05/07/2008
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