66 morts sur la Nationale 1 : L’HORREUR !
66 morts sur la Nationale 1 : L’HORREUR !
lundi 17 novembre 2008.Un car de transport de personnes, parti de Koudougou à destination de San Pedro en Côte d’Ivoire dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 novembre 2008 et ayant 92 passagers à son bord, est entré en collision avec un camion "10 tonnes", en partance pour Ouagadougou.L’accident, d’une rare violence, qui s’est déroulé à une dizaine de km après Boromo, a provoqué la mort de 66 personnes dont (55 entièrement calcinées) et fait une trentaine de blessés. L’horreur.
Ce qu’il faut dire tout de suite, c’est que, dans ce genre de situation, on éprouve souvent des difficultés à savoir les circonstances exactes du drame. En attendant donc que les enquêtes policières viennent faire la lumière et permettre de situer les responsabilités et toutes les implications, on ne peut que se fier à ce que nous ont conté des témoins oculaires et quelques rescapés, qui étaient toujours sous le choc, certains se demandant comment ils ont pu sortir indemnes de cette catastrophe.
Ce qui est sûr par contre, c’est que le car a été affrété par quatre groupes de transporteurs. Chacun dispose à Koudougou de sa propre organisation pour rabattre les passagers. C’est ainsi qu’ensemble, ils louent le véhicule pour le convoyage. Ce samedi fatidique, il y avait au total huit (08) convoyeurs, soit deux par gare. Selon toute vraisemblance, et si on se fie aux dires d’Issouf Naré, ressortissant de Thiou, qui a pris le car à partir de Sabou avec un certain Nébié François, un des convoyeurs, ils ont démarré à Sabou vers une heure du matin. Puis ils ont fait un arrêt à Boromo, 90 km plus loin, pour embarquer un passager avant de poursuivre la route.
C’est au petit matin que l’autobus est entré en collision avec un camion de type "10 tonnes", immatriculé 11 JJ 1151, transportant du sucre, et qui avait quitté Banfora pour Ouagadougou. Notre miraculé a été projeté hors de l’habitacle et a pu se traîner un peu à l’écart alors que le car s’embrasait, piégeant dans les flammes ceux qui y sont restés bloqués.
Le chauffeur doit s’être assoupi
La patache, destinée au transport des personnes, était malheureusement chargée de tout : petits ruminants, volaille, sacs d’amandes de karité, des céréales, des pièces détachées, des liqueurs et des bagages de toutes sortes. On y a même trouvé une cartouche de fusil de chasse.
Des circonstances du drame, un autre rescapé, Koffi Kiono, dit : "Il m’a semblé que le chauffeur de la remorque s’est assoupi sur son volant et a quitté son axe pour se rendre du côté de notre véhicule. Notre conducteur a klaxonné et tenté vainement d’éviter le camion, qui fonçait à toute allure sur nous, mais il n’a pas pu éviter l’accident. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dehors. Un passant m’a secouru avec d’autres blessés, nous à transportés à Ouahabou, d’où on nous a amenés à Boromo". Apparemment, le car ne roulait pas à vive allure, puisqu’il venait de redémarrer après un arrêt pour permettre aux usagers de se soulager. Du reste, sur place on n’a pas remarqué de trace de freinage.
Quand nous sommes arrivés samedi sur les lieux du drame, il était 14 h 25. Plus tard arriva une délégation de transporteurs de Koudougou, qui avait été précédée beaucoup plus tôt de la députée Irène Yaméogo ainsi que d’un groupe de conseillers municipaux, conduits par le premier adjoint au maire. Des lieux, il se dégageait une fumée chargée d’une forte odeur âcre de plastique et de corps brûlés, rendant la respiration difficile. Le chef de la brigade de gendarmerie de Boromo, l’un des premiers arrivés sur place, a dit avoir trouvé le véhicule en proie aux flammes et qu’il était impossible de s’en approcher à moins d’une quarantaine de mètres.
Il a aussitôt appelé les sapeurs-pompiers de Koudougou et de Bobo. Après quoi, il a attendu leur arrivée, impuissant devant le feu, qui réduisait en cendres les pauvres victimes. Il faut dire que sous le choc, le car a été littéralement pulvérisé, avec des débris projetés tout autour. Selon certains témoignages, le chauffeur, qui en est sorti sain et sauf, devant le bolide qui fonçait tout droit sur lui et voyant que ses tentatives pour éviter le choc étaient vaines, aurait immobilisé le car avant de sauter hors.
66 morts dont 55 calcinés
A notre arrivée, les secouristes, constitués des sapeurs- pompiers, des gendarmes, des gardiens de la sécurité pénitentiaire de la prison de Baporo, ainsi que de la population environnante, fouillaient toujours les décombres pour extraire les corps des cendres et des braises. Parmi les cadavres alignés sur le bas-côté, on distinguait des corps d’enfants et de nourrissons, morts certes, mais curieusement pas brûlés.
Ce qui porte à croire que devant le feu qui gagnait en intensité, leurs mères les ont, peut-être, projetés à l’extérieur dans l’infime espoir qu’ils puissent survivre. Selon le bilan partiel fait peu avant 17 h par le responsable des sapeurs-pompiers aux membres du gouvernement qui venaient d’arriver, au total 66 personnes (dont tous les quatre occupants du camion) ont péri dans l’accident, parmi lesquels 55 entièrement calcinées. Une autre est décédée quelque temps après à l’hôpital de Boromo.
Cette dernière se prénommait Félix Zoma, mécanicien de profession, selon sa CIB, ressortissant du secteur 10 de Koudougou. Ces parents venus sur les lieux faisaient des démarches afin de pouvoir amener le corps pour l’inhumer à Koudougou. Quand nous quittions Boromo à 18h10, ce bilan n’avait pas évolué. Une véritable hécatombe, l’horreur même et il fallait avoir le cœur bien accroché pour ne pas succomber à son tour. Des images tellement insoutenables que nous ne pouvions décemment pas proposer les plus horribles à nos lecteurs.
A l’hôpital de Boromo où nous nous sommes rendus, le personnel était visiblement débordé par l’arrivée massive des rescapés. Le médecin-chef du district sanitaire de cette ville, le docteur Seydou Ouattara, nous a informé que son service a reçu 39 blessés dont 18 dans un état assez grave. Un est décédé par suite de ses blessures (le nommé Félix Zoma dont il est question plus haut). Il a indiqué que tous ont reçu des soins d’urgence et certains, dont la situation était critique, ont été évacués à Koudougou et à Bobo (1).
Au nombre de trois, les membres du gouvernement dépêchés à Boromo étaient : Gilbert Ouédraogo (Transports), Clément Sawadogo (Administration territoriale et Décentralisation) et Emile Ouédraogo (Sécurité). Gilbert Ouédraogo s’est dit choqué et a présenté les condoléances du gouvernement à tous ceux qui ont été endeuillés par ce drame. Il a remercié les autorités locales, les organisations de transporteurs, les forces de sécurité, les sapeurs-pompiers et les populations qui se sont mobilisés pour apporter aide et secours aux rescapés, creuser des tombes pour les morts inhumés sur place comme c’est le cas en pareilles circonstances. Concernant les responsabilités et les implications, il a estimé qu’il faut attendre que le procureur et les services de sécurité établissent les circonstances exactes de l’accident.
Un air de désolation enveloppait la ville
De son côté, le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Boromo a déploré ce qu’il a qualifié de catastrophe tout en faisant remarquer que le car était soumis à un transport mixte de personnes et de marchandises. La députée Irène Yaméogo, qui a assisté aux retraits des corps des décombres, était tout aussi choquée et peinée et n’a pas trouvé de mot pour qualifier cette hécatombe. Elle dit juste n’avoir jamais rien vu de pareil.
Elle a loué le courage des prisonniers, de la population locale et de la délégation des transporteurs, qui se sont mobilisés pour trouver une ultime demeure à ces suppliciés. Sur ce plan, il faut signaler que les victimes qui n’ont pas pu être identifiées l’ont été ensevelies dans deux fosses communes pendant que les autres l’ont été dans des tombes individuelles. Cette opération a débuté aux alentours de 18 heures.
Quand nous quittions Boromo à 18h10, un air de tristesse et de désolation enveloppait la ville et ses environs. La gorge nouée, on se disait qu’il aurait suffi d’un rien, d’un minimum de précaution, de prévision, de rigueur et de responsabilité pour que ce drame n’eût pas lieu. Transport mixte, surcharge, véhicule en piteux état, prise d’excitants ou de substance censés maintenir le conducteur éveillé, fatigue et somnolence au volant, et nous en oublions, sont observés sur nos voies, au vu et au su des agents de sécurité, qui font souvent montre, disons-le courageusement, de laxisme et d’une complicité coupable devant de tels manquements aux règles élémentaires du code de la route.
Le ministre des Transports, interrogé à ce sujet, a indiqué qu’une étude est en cours sur l’état du parc automobile au Burkina Faso pour voir comment empêcher les véhicules de plus de 10 ans d’entrer dans notre pays. Autre mesure : il a parlé de la mise en place prochaine, sur l’ensemble du territoire, de l’office national de sécurité routière pour aider à réglementer ce secteur, pour mettre hors d’état de nuire les caissons potentiellement dangereux. Il s’agit aussi, par là, de surveiller les différents axes, surtout internationaux, de manière à réduire les accidents de la circulation et à éviter de tels drames à l’avenir.
S’il faut se réjouir de la prise de telles mesures, il faut cependant regretter qu’elles ne soient professées que devant des situations semblables. De plus, ces mesures peuvent voir le jour et leur application faire défaut ou avoir peu d’effets. On sait que dans le domaine du transport, et ailleurs d’ailleurs, certains n’en font qu’à leur tête, jouant les irréductibles et les intouchables. Les images de nos sinistres véhicules transportant le bois, les fameux ‘’Wanbraado’’ sans feux ni freins, sont là pour nous convaincre qu’on a vraiment du chemin à faire. L’Etat doit nous démontrer que nul n’est au-dessus de la loi et que force reste à celle-ci et à celle-ci seule.
Cyrille Zoma Sabouna Ouédraogo
(1) Notes : Notre correspondant à Bobo-Dioulasso s’est rendu hier matin à l’hôpital Sourou-Sanou pour connaître l’état des évacués, mais en l’absence de la directrice, il n’a pas été autorisé à faire son travail. Tout juste a-t-il appris qu’il y avait effectivement des cas très critiques, mais au moment de son passage, on n’y avait enregistré aucun décès.
La compassion du président Blaise Compaoré
C’est à Strasbourg, où il se trouve dans le cadre de la troisième édition des journées européennes du développement, que le président Blaise Compaoré a appris la nouvelle du tragique accident survenu le 15 novembre 2008 sur la route Ouagadougou-Bobo-Dioulasso. En ce moment de douleur et de deuil, le Président du Faso exprime, au nom du peuple burkinabè et en son nom personnel, sa profonde compassion aux familles des personnes décédées, et ses vœux de prompt rétablissement au blessés. Le Président Blaise Compaoré adresse ses vives félicitations et ses encouragements aux services de sécurité et de santé, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont porté secours et assistance aux victimes.
Direction de la Communication de la Présidence du Faso
L’identification des victimes en cours
Un accident tragique de la circulation est intervenu le samedi 15 novembre 2008 au petit matin sur l’axe Ouagadougou-Bobo-Dioulasso aux environs de Boromo. Cette catastrophe routière a fait soixante-six (66) morts et trente (30) blessés dénombrés sur les lieux de la collision frontale, qui s’est produite entre un bus de transports voyageurs et un camion remorque de marchandises générales.
Les secours intervenus dès les premiers moments du drame se poursuivent avec abnégation et ont déjà permis l’évacuation des blessés vers les hôpitaux de Bobo-Dioulasso, de Ouagadougou et les centres médicaux les plus proches. Ce drame, qui vient allonger, hélas, la liste des victimes de la route, interpelle chacun d’entre nous sur le respect du code de la route. Une délégation gouvernementale a été dépêchée sur les lieux pour une évaluation de la situation et le renforcement des secours. D’ores et déjà, l’identification des victimes et la recherche de leurs familles sont en cours. Le gouvernement présente aux familles des victimes ses condoléances les plus attristées et toute sa compassion.
Ouagadougou, le 15 novembre 2008
Le Service d’information du gouvernement
L’Observateur Paalga