“WAGA HIP HOP 10 SERA 100% CONCERTS”
Arborant son éternelle casquette il apporte les dernières retouches nécessaires pour que tout soit parfait le jour J. Fondateur de la structure Umané Culture, directeur artistique du festival international des cultures urbaines Waga Hip Hop et du Salon de la musique africaine « SagaMusik », Ali Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit a rendez-vous avec les mélomanes dans quelques jours. "L'agitateur culturel" (Continental N°33, déc 2004) est en ce moment surbooké. Entre mailing et coup de fils, nous lui avons arraché quelques mots concernant les grands rendez-vous culturels qu’il concocte pour le dernier trimestre de l’année 2010.
L’ESSENTIEL DU FASO : Bonjour M. Ali Diallo. Quelle est l’actualité de Umané Culture ?
Ali Diallo : Actuellement on prépare le festival Waga Hip Hop qui se tiendra dans quelques jours. Ce sera du 11 au 16 octobre 2010. Nous sommes sur les préparatifs, l’accueil des festivaliers et des groupes et en même temps nous préparons aussi le salon de la musique africaine « Saga Music » qui, cette année, est prévu du 2 au 5 décembre. Parallèlement nous sommes sur le « Festival Waga Hip Hop à Paris » pour le 17 décembre. Nous étions aussi sur un projet de création intitulé « Salina » avec Sotigui Kouyaté depuis trois ans. C’était vraiment son dernier projet qui regroupe des comédiens maliens, togolais, français et burkinabè et qu’il avait eu envi de monter ici en Afrique. Malheureusement il est décédé le 17 avril de cette année et le projet est repris par sa femme Esther Siraba Kouyaté qui vient de la France pour le spectacle et nous serons en résidence du 20 septembre au 15 novembre. Le spectacle sera donc vu dans le cadre des Récréatrâles en mi-novembre. Donc un peu ce que nous faisons à Umané, nous sommes sur plusieurs projets en même temps.
L’ESSENTIEL DU FASO : Sur quelques éditions le festival a fait une ouverture sur d’autres genres musicaux. Cette année la programmation est 100% hip hop. Pourquoi une telle programmation ?
Ali Diallo : La programmation s’explique par le simple fait qu’on a de moins en moins d’argent. Au niveau des subventions que nous avons l’habitude de recevoir il ya diminution chaque année alors qu’au niveau local ici on n’a pas de sponsoring. Donc à un moment on est obligé de réduire la programmation. A u tout début on avait au moins une dizaine de formations par édition, des rencontres professionnelles, des expositions, des résidence de création et donc cette année on est obligé de laisser tomber un peu toutes ces activités et garder uniquement la programmation 100% concert. On fera le clash party qui est le concours de clash, le concours de Battle dance et aussi le concours de slam qu’on aimerait reconduire. Nous étions obligés de supprimer certaines de nos activités.
L’ESSENTIEL DU FASO : Après dix ans le festival a quand acquis une certaine crédibilité. Qu’est-ce explique cette rareté de fonds ?
Ali Diallo : Tout à fait. Au niveau des subventions, il faut dire que nos partenaires traditionnels connaissent eux aussi une diminution de budgets. Ils sont obligés de revoir à la baisse les subventions qu’ils font aux structures qui organisent des festivals ou sur d’autres projets. Maintenant il faut dire que vu le nombre d’années que le festival existe, on aurait dû avoir quand même des sponsors au niveau local. Mais c’est tout un problème pour obtenir du sponsoring. Le véritable problème à mon sens c’est qu’on n’a pas cette culture du sponsoring au niveau du Burkina. Quand les gens te donnent un ou deux millions, ils pensent que ça va dans ta poche. Il y a comme une mauvaise volonté chez les responsables des sociétés qui peuvent soutenir un événement comme Waga Hip Hop mais qui ne le font pas. C’est bien dommage.
L’ESSENTIEL DU FASO : Quelle sera la spécificité de cette dixième édition ?
Ali Diallo : D’abord au niveau de la programmation nous allons faire trois jours de concerts avec une première date qui va se dérouler au Centre culturel américain avec des groupes tels Acacias roots du Cap Vert, Djéliba du Togo et le rappeur M.A.M de la Suisse. Ces groupe vont jouer là-bas avec en plus d’un concours de danse et de slam. En ce qui concerne la 2ème soirée au Centre culturel français, nous avons un concert avec Didier Awadi avec son album « Présidents d’Afrique », le groupe Yeelen, Billy Billy de la Côte d’Ivoire et Nanette du Gabon. Donc c’est une soirée « Président d’Afrique » parce que c’est un concept qu’Awadi a créé depuis un certain temps et l’album vient de sortir et nous avons jugé important de montrer ce boulot au niveau de Ouaga. La dernière soirée c’est-à-dire le samedi 16 octobre, nous avons une programmation de Positive Black Soul, donc le grand retour de Positive Black Soul avec Didier Awadi et Doug E Tee et toute la formation PBS. Ils se sont retrouvés ici il y a quelques années et depuis ils ont développé des projets ensemble. Ils ont donné des spectacles en 2009 dans le cadre des 20 ans de l’anniversaire de la naissance du groupe et viennent ici avant leur sortie internationale. Nous avons aussi Daaraj Family, Toofan du Togo et Faso Kombat tout cela pour la date du 16 octobre.
L’ESSENTIEL DU FASO : Vous avez parlé entre temps de Waga Hip Hop à Paris. De quoi s’agit-il au juste ?
Ali Diallo : En fait nous essayons d’exporter le festival Waga Hip Hop à l’international parce que c’est un festival beaucoup connu hors du continent. Nous avons donc eu des partenaires qui nous ont sollicités pour organiser Waga Hip Hop à Paris. Depuis bientôt deux ans nous préparons cela. Il était prévu de faire une première édition à Paris et à Bruxelles mais comme c’est la première fois nous ferons une édition réduite, c’est-à-dire une date avec des artistes comme Movaizhaleine et Baponga du Gabon, Négrissime du Cameroun, Toofan et Djanta Kan du Togo et Kikla Fassassi du Mali et un groupe burkinabè qu’on n’a pas encore choisi.
L’ESSENTIEL DU FASO : Vous avez entre temps évoqué aussi Saga Musik. A quoi les mélomanes doivent-ils s’attendre cette année ?
Ali Diallo : Saga Musik n’est pas un festival, c’est plutôt un marché de la musique avec des stands d’exposition qui accueillent des professionnelles de la musique ainsi que des visiteurs professionnels et amateurs. Ensuite nous avons des showcases tous les soirs au niveau de la scène du Grand Méliès qui accueille des artistes confirmés connus ou moins connus au Burkina pour montrer aux professionnels qui viennent pour acheter la musique de voir de quoi ils sont capables sur scène. Après nous avons des cafés-concerts qui ont lieu à la cafet du CCF. Cette année nous avons un petit plus parce que nous faisons un concours de « découverte nouveaux talents » avec Etienne Minoungou qui met un prix pour produire un jeune artiste qui fait du live. Il y a aussi la remise des disques d’or qui a lieu depuis l’année dernière et qui sera donnée à l’artiste qui a les meilleures ventes au niveau du Burkina Faso.
L’ESSENTIEL DU FASO : Quelles sont justement les retombées du classement 2009 de NTV au Etats Unis qui classait Waga Hip Hop parmi les dix meilleurs festivals de musique au monde ?
Ali Diallo : C’est d’abord un honneur pour nous d’être parmi les 10 meilleurs festivals du monde choisis par NTV. Après y a une communication au niveau des médias et sur internet qui a permis à notre festival de mieux se faire connaitre en Europe et aux Etats Unis et nous voyons tous les jours sur notre site internet que le nombre de visites augmente dans ces régions du monde. De plus en plus de groupe nous contactent également pour venir jouer au festival. C’est donc une bonne chose pour nous sans compter les professionnels qui ont envi aussi de venir au festival. Les retombées sont quand même énormes.
L’ESSENTIEL DU FASO : Umané Culture organise des événements qui sont quand même majeurs dans le paysage culturel burkinabè. Comment faites-vous pour toujours répondre présent ?
Ali Diallo : Je dirai que nous vivons de ça. Donc nous sommes obligés de bouger, de trouver des fonds en dehors du Burkina pour pouvoir organiser ces différents événements que nous avons chaque année. C’est vrai qu’au niveau du Burkina nous n’avons presque pas de soutien financier mais il faut reconnaitre un grand soutien moral de certaines institutions et de personnes ici. Ne serait-ce même que d’avoir un lieu pour le faire. Même si ce n’est pas de l’argent c’est déjà beaucoup. Car quand on prend l’apport du Centre Culturel Français et qu’on valorise c’est très important. Si on devait payer ça ferait beaucoup d’argent. D’autres personnes aussi autour de nous comme nos amis nous soutiennent aussi. Le reste du temps on parcourt le monde pour essayer de trouver d’autres partenaires pour essayer de faire avancer les projets d’Umané Culture. C’est d’ailleurs pour cela que c’est important pour nous d’organiser Waga Hip Hop à Paris et ensuite pouvoir le faire l’année prochaine en plus de Bruxelles, New York et même au niveau du Canada parce que nous avons aussi des partenaires dans ces différents pays intéressés par le festival. C’est peut être un jour Waga Hip Hop hors du Burkina qui pourra faire vivre l’activité ici. Une chose est sure, c’est qu’on ne peut pas continuer de compter sur les subventions surtout d’année en année on a de moins en moins d’argent.
L’ESSENTIEL DU FASO : Votre mot de la fin ?
Ali Diallo : Déjà notre programmation de cette année est très bonne et il faudrait que le public vienne nous soutenir. Surtout avec le retour de PBS au grand complet, avec le nouvel album de Daaraj qui je pense est l’un des meilleurs albums de leur carrière, sans compter les artistes comme Billy Billy qui n’a pas encore eu l’occasion de faire un spectacle ici au Burkina de Toofan aussi. Nous avons une programmation assez intéressante surtout que nous avons voulu donner au public burkinabè et autres festivaliers des programmations avec des artistes qui peuvent drainer, chacun, au moins 500 spectateurs. C’est aussi une nouvelle politique qui consiste à programmer des artistes que le public burkinabè n’a pas toujours l’occasion de voir.