Bidonville du secteur 1 de Banfora : Une source potentielle de bras de fer ?
Bidonville du secteur 1 de Banfora
Une source potentielle de bras de fer ?
Un bidonville est en train de voir le jour au secteur 1 de Banfora dans un espace considéré comme une réserve. Il est limité à l’est par l’INERA et l’école Ouest A, au nord par le terrain de sport du groupe scolaire Paysan noir, et à l’ouest par la voie ferrée. Depuis quelque temps, des personnes y construisent des maisons et y habitent avec leurs familles. La création de ce bidonville ne semble pas rencontrer l'assentiment des autorités communales qui, au cours de la semaine écoulée, ont diffusé un communiqué intimant l’ordre aux occupants de quitter les lieux. Ce communiqué fait suite à deux rencontres que les services de la mairie ont eu avec les locataires "indésirables". Mais, ceux-ci pensent que leur présence ne constitue aucun danger. En revanche, elle présente beaucoup d’avantages pour la zone qui, jadis, servait de refuge aux délinquants. Ils en veulent pour preuve la fréquentation désormais par des usagers de la circulation qui vont du secteur 1 au secteur 8, et vice versa.
"Se trouver un logement décent en ville et pouvoir supporter le loyer n’est pas chose aisée. Lorsque la famille est grande, il faut une grande maison, et quand les revenus sont petits, vous conviendrez avec nous que c’est difficile." Voilà la réponse d’un groupe d’habitants du bidonville qui prend forme peu à peu au secteur 1, lorsque nous leur avons posé la question, à savoir comment se sont-ils établis sur les lieux.
Boukaré Sawadogo est le tout premier à s’installer sur le site, localisé dans une réserve contiguë à l’un des premiers cimetières de Banfora. De ce fait, Boukaré Sawadogo est considéré comme le chef du quartier. Selon lui, sa famille compte quatorze membres. Il lui était devenu difficile de payer le loyer lorsqu’il était en location. Alors, il est entré en contact avec "le propriétaire terrien ", un vieux qui habite au secteur 2 (et dont il a voulu taire le nom), qui a bien voulu lui donner un espace, moyennant une rétribution, pour qu’il construise une maison. A sa suite, d’autres personnes sont venues, et c’est ainsi, au fur et à mesure, que la zone est devenue peuplée. On peut de nos jours dénombrer sur le site une centaine de constructions, et des maisons continuent de sortir de terre. Le montant minimum déboursé par chaque habitant pour obtenir un terrain serait, de l’avis des occupants que nous avons rencontrés le samedi 12 avril 2008, de trente mille F CFA. Il peut être revu à la hausse selon les dimensions de l’espace demandé. C’est une fois la somme versée auprès du propriétaire terrien que celui-ci vous montre l’endroit où vous pouvez construire, selon les occupants des lieux. Boukaré Sawadogo dit être en possession d’un certain nombre de documents qui lui confèrent le droit de disposer dudit espace comme il l’entend.
Ces occupants savent-ils cependant que le domaine communal ou, disons, la terre, appartient en premier lieu à l’Etat ? Quel est leur avis sur le communiqué qui leur demande de déguerpir ? Accepteront-ils de partir sans aucune forme de résistance ?
Se fondant sur le montant versé auprès du propriétaire terrien, et sur la valeur des maisons érigées, certains d'entre eux pensent que la zone pourra être lotie pour eux. D’autres nourrissent l’espoir qu’avant de les faire partir, le maire leur trouvera des terrains où ils pourront s’installer. Tout laisse croire que les habitants de la zone ne quitteront pas leurs installations sur la base uniquement du communiqué radiodiffusé. La mairie se vera-t-elle obligée d’utiliser la force ? Les jours à venir nous en diront davantage.
Mamoudou TRAORE
Le Pays du 21 avril 2008