Blaise Compaoré est-il malade ?
Le sujet est délicat, mais comment rester indifférent au physique du chef de l’Etat qui ne cesse de se dégrader. Ceux qui ont eu la chance d’approcher Blaise Compaoré à l’occasion de la Journée du paysan à Bobo-Dioulasso ont été surpris par son allure générale. Surtout le matin, constate un témoin : "nous avions l’impression que le président avait eu du mal à émerger de son lit". Les traits du visage creusés par des sillons qui ne le lâchent plus pratiquement, Blaise Compaoré n’est plus le fringant commando des années 1980. Il a de plus en plus l’air d’un petit vieux. Un autre qui le connaît fait remarquer que le président qui aime communiquer longuement au téléphone a depuis quelques temps "des moments d’absence dans la conversation".
Que se passe t-il alors avec notre président ? Est-il malade ou est-ce la charge de la fonction qui lui pèse de plus en plus ? Il faut dire que le sujet sur la santé du président est totalement tabou. Nous n’avons trouvé auprès de ses proches, personne pour en oser parler. Officiellement aussi, on ne peut disposer d’information puisque la présidence ne publie pas les bulletins de santé du président. Il y aurait cependant, de sources concordantes, un sérieux souci pour la santé du président. Quelques indications. En septembre dernier, un Occidental familier de la cour de Ziniaré, nous fait cette observation tout de go ! "Savez-vous que votre président est malade ?" Non ai-je répondu. C’est vrai que jusqu’à cette entrevue, cette question n’avait pas effleuré notre esprit. Le visage, parfois renfrogné, du président nous paraissait être celui des mauvais jours. Et comme ces derniers temps, ce ne sont pas les soucis qui ont manqué dans la conduite des affaires de l’Etat, nous mettions cette allure physique du président sur le compte du poids de sa charge.
Notre interlocuteur alors de nous expliquer que d’après ses informations, le président Compaoré serait malade des reins. Celui qui nous a informé n’a pas utilisé le conditionnel. Il semblait sûr de son information. Les échanges que nous avions eus, nous laissaient la nette impression que le monsieur avait eu des contacts avec le premier cercle des proches du président. Il s’agit de toute façon de "ces rats Occidentaux des palais africains".
Ensuite, une autre information nous parvient courant janvier 2008. Nous apprenons alors que Chantal Compaoré, en compagnie d’une de ses amies opératrices économiques, devrait se rendre à Paris pour aménager un pavillon appartenant à l’Etat burkinabè dans un des arrondissements de la capitale française, pour que le président puisse s’y retirer, subir des soins et s’y reposer. L’épouse du chef de l’Etat envisageait cette éventualité pour soustraire son président de mari des pesanteurs de la fonction et pour lui permettre de vraiment se reposer. Mais il y avait un problème, reconnaît Chantal Compaoré, son mari n’aime pas trop rester longtemps à Paris. Ensuite, il y a eu évidemment les deux sommets de l’UEMOA et de la CEDEAO et enfin la Journée nationale des paysans du Burkina à Bobo-Dioulasso.
Tout le mois de janvier est passé et on n’a pas constaté une absence du président du pays, sauf pour aller au sommet de l’UA d’Addis Abeba en début février. Toujours à propos du souci de santé éventuel du président, il y en a qui pensent que Blaise Compaoré qui vient de fêter ses 57 ans en début février 2008, souffrirait de la maladie des "hommes" de son âge, la prostate. A partir de la cinquantaine, c’est cette terrible maladie qui guette tous les hommes. Avant lui, François Mitterrand, l’ancien président français en avait été atteint au tout début de son mandat pour voir la maladie s’aggraver à son second septennat. Au début, personne n’avait rien su. Et puis à mesure que la maladie s’aggravait, il était devenu difficile de continuer à cacher les choses. On ne peut pas tricher longtemps avec la maladie.
Le souhaitable serait évidemment que le président accepte communiquer sur ses soucis de santé. Après tout c’est un humain, il peut donc tomber malade. Seulement, ce n’est pas une tradition chez nous que de communiquer même sur les choses basiques. La question de la santé du président devient dès lors une affaire d’Etat. Est-il possible d’occulter longtemps cette question dans un Etat de droit démocratique ? Non évidemment. Et puis, il faut souligner qu’être malade ne veut pas nécessairement dire que la mort est proche ou qu’on n’a plus les facultés pour continuer à diriger. Comme on dit chez les mossi "ce n’est pas la maladie qui tue. C’est le jour qui tue". Autrement dit, chacun meurt le jour prévu pour sa mort. Evidemment avec le président Compaoré on n’en est pas là. Seulement, les Burkinabè ont le droit de savoir l’état de santé réel de leur président.
Newton Ahmed BARRY