Des zones de turbulences politiques sur l'axe Tripoli - Ouaga

Axe Tripoli - Ouaga

Des zones de turbulences politiques

 

L'amitié, surtout si elle semble passionnelle, entre deux chefs d'Etat est toujours vécue comme un exemple, particulièrement quand elle se traduit par des actions concrètes et palpables aux yeux des populations.

Celle qui liait (?) Kaddafi à Blaise paraît illustrer ce cas de figure.

L'histoire veut en tout cas que ce soit Blaise qui connût le guide libyen le premier, parmi les premiers responsables révolutionnaires du 4 août 83. Selon toute vraisemblance, cette amitié date de l'époque où l'actuel président du Faso était le maître du CENEC de Pô. Et ce serait par J.J. Rawlings, l'ex-président ghanéen, interposé que Blaise aurait été introduit chez le leader de la Jamahiria arabe libyenne.

Toujours est-il que depuis plusieurs années, entre Kaddafi et Blaise, c'est ton pied, mon pied. Certes c'est souvent par un coup de vent que le Libyen foule le sol burkinabè, alors que, sommet ou pas, le premier magistrat du Burkina ne manque pas d'aller régulièrement "saluer son frère et ami" à Tripoli, à telle enseigne que Blaise est connu comme le loup blanc en Libye.

Mais voilà qu'il se murmure que l'axe Tripoli - Ouaga traverse des zones de turbulences, et qu'un coup de froid se serait installé entre les deux chefs d'Etat. Vrai ou faux ? Certains indices, sans prouver  quoi que ce soit, incitent à des supputations. Et justement certains récents comportements de Kaddafi et de Blaise, surtout du premier, font penser que les atomes ne sont plus aussi crochus qu'avant entre eux.

- Il y a d'abord cette histoire liée à la visite du PF en Israël. On sait que le chef de l'Etat burkinabè s'est rendu dans ce pays le mois dernier pour assister au 60e anniversaire de la naissance de l'Etat d'Israël. Des missi dominici de Kaddafi seraient-ils venus à Ouaga pour l'en dissuader ?

Certains l'affirment, et si cela est avéré, le frère Blaise aura passé outre à cette requête.

- Enfin le 10e Sommet de la CEN-SAD, tenu ces 17 et 18 juin à Cotonou, semble avoir donné la mesure de ce désamour : le leader libyen s'en est pris vertement aux institutions régionales, notamment à la SADEC, à l'UMA et surtout à la CEDEAO, dont "les dirigeants ne font rien (achetés qu'ils sont) pour faire avancer l'Afrique". Revenant sur la vision obsessionnelle d'un gouvernement de l'UA, il a pratiquement tancé ceux qui nous gouvernent ; qui ne se démènent pas suffisamment, tout en invitant tout pays désireux de bénéficier de ses pétrodinars à adhérer rapidement à la CEN-SAD.

Est-ce le nombre peu élevé de présidents prenants par à ce sommet (9 chefs d'Etat au lieu de la vingtaine annoncée) qui est la cause de cette ire ? Ou est-ce encore du cinéma, dont il est coutumier ?

Gravissime, cette sortie l'est suffisamment, puisque "le patron" burkinabè a boudé la réception officielle, visiblement pas heureux de cet énième écart langagier du guide liblyen. A l'évidence, ce n'est donc plus le supposé grand amour, et l'on comprend Blaise, car Kaddafi aurait voulu remonter les bretelles à ses rejetons, Sief El Islam et Hannibal, qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

La sagesse populaire dit qu'"à force de renifler le pet de l'effronté sans mot dire, il vous croit sans nez". On a la vague impression que Blaise et Cie veulent signifier à Kaddafi d'arrêter de les rassembler tels ses enfants pour les gronder. Tout grand bailleur de fonds qu'il est.

 

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga du 19 juin 2008



19/06/2008
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