"Dialogue de Corps", Passage réussi pour Ange
"Dialogue de Corps"
Passage réussi pour Ange
Par David Sanon
Sur le fond de scène, des images de nuages filent à l'horizon sur de. Entre le fond de scène et le rétroprojecteur posé à l'avant scène, une grande barrique, suivi d'une plus petite. Une lumière orangée introduit sur la scène une fille venant de la salle. Elle est reliée par un bandeau rouge à un baluchon qu'elle traîne derrière elle.
Ange Aousou, encore elle cette fois-ci dans un solo intitulé « Passages ». C'est là que l'on découvre l'étendue de son talent. Après s'être débarrassée de son baluchon dans la grande barrique, elle emporte le public dans son sillage. D'un air troublé, elle sort du champ de l'écran. Sur les notes musicales concoctées par Mamadou Fofana, elle passe allègrement des pas de danse classique à la danse orientale en passant par le hip hop, les musiques traditionnelle et urbaine africaine. Pendant qu'elle danse, les images de fond changent. Les nuages cèdent la place à un tas d'immondices. La grande barrique symbolise un dépotoir. Cette jeune fille à la croisée des chemins cherche un passage.
Après moult pérégrinations sur ces notes musicales qui la transportent du village africain vers l'orient en passant par la ville africaine et l'occident, elle revient au réel qui est très souvent caractérisé par la douleur. Elle retourne à la grande barrique. Après ses fouilles elle se trouve d'autres accoutrements. Mais le lien y est difficile à établir avec autrui. Après avoir lancé « S'il vous plait, monsieur ! Grande sœur… », sans réponse de la part des personnes interpellées, elle conclue en disant : « Les gens sont bizarres ici ».
Cette pièce nous évoque et nous convoque à la réflexion de sans l'exprimer ouvertement, la question du départ, de l'immigration. Pendant les 25 minutes que dure ce solo, les spectateurs ont effectué le voyage avec Ange. Sa maîtrise des pas des différents rythmes musicaux et l'occupation rationnelle de l'espace scénique ont rendu la pièce captivante et digeste.