DISCOURS D’OUVERTURE DU PARRAIN DE LA 14è EDITION DE LA SNC

Ici, nous sommes au Burkina, la TERRE Ancestrale des Hommes Fiers d’avoir des Hôtes et de donner l’Hospitalité.

Nous sommes au Pays où on se salue :

Avec nos artistes choralistes 

         Nos cœurs se saluent :

         Bonjour, Good morning,

         Lafi bembe,

         E ni sogo ma

         Yam wle

 

On se salue et on se souhaite la Paix:

         Peace, laafi, Héré, Jamni, Pace,

 

Ici on se salue comme au village de tous :

         En se tendant les mains      

En donnant la main

Chemin du cœur qui s’ouvre

Et accepte les mêmes joies, les mêmes angoisses et les mêmes peines.

 

Ici on se fait les salutations,

Et on se donne les nouvelles du village, de la famille, de chaque côté.

 

Oui, rien de mal, rien que la paix

La nouvelle est bonne :

C’est la Fête de l’Art et des Artistes

         La fête du souvenir

         La fête du rendez-vous de jour

         La fête de demain,

         Pour les générations futures

 

Ici pour la Fête, soyons présents.

Soyons tous de la Fête

Et que la Fête des Arts et des Artistes

Soit fête pour tous,

         Fête par tous

         Fête avec tous

 

Conscient de l’insigne honneur qui m’est fait

¨à savoir être parrain de la XIVème édition de la Semaine nationale de la culture (S.N.C),

¨c’est-à-dire porter dans les bras, d’un cœur paternel, ce qui va naître et grandir en ces moments historiques

¨grâce aux artistes et artisans des beaux arts dans les domaines variés…

 

Je vous salue autorités sous le patronage desquelles nous vivrons et respirerons ces jours dédiés à la culture non seulement locale, particulière et nationale mais tout autant à un niveau humain, universel de la culture, le culturel universel.

 

Je vous salue autorités citoyennes et démocratiques, vous qui depuis les Provinces et les Régions, les Mairies rurales et centrales, permettez aux créateurs et faiseurs de l’expression artistique et esthétique de s’épanouir, de progresser et de produire au-delà des frontières ce qui tient au patrimoine du génie humain.

Salut à vous, hommes et femmes des Arts et de la Culture.

Créateurs de la beauté artistique et esthétique,

 

Vous qui luttez selon votre savoir faire et dans les conditions modestes avec du matériau rebelle et fragile.

Et qui par vos talents et votre génie, faites jaillir en sons, images, lumière et formes diverses,

Ces œuvres tirées de votre cœur et de notre terre,

Pour la joie de nos yeux et de nos cités, accompagnant nos heures de rassemblement et de dispersion,

Grâce à ces trace que vous laissez dans notre imaginaire populaire et communautaire, berçant nos nuits…tard, bien tard…loin et bien loin.

 

Enfants et jeunes,

Hommes et femmes de culture,

Amis de la culture qui êtes là, permettez-moi de revenir à un premier aspect inédit mais important de ce parrainage.

A 70 ans passés, il m’a été demandé d’être le parrain d’une Fête de la jeunesse, d’œuvres de la jeunesse se préparant pour la Cité de demain, à une vie citoyenne durable et authentique.

C’est ici que mesurant la distance d’âge et de références,

Je me suis souvenu non seulement des Racines culturelles au village avec ses valeurs ancestrales, mais du long chemin parcouru depuis les cercles culturels au temps de l’Administration Coloniale où ont brillé des noms comme Lompolo KONE, Moussa KARGOUGOU puis les Festivals des Arts et de la Culture à Dakar, Bamako, Lagos,

Pour en arriver aux Maisons des Jeunes et de la Culture qui ne couvraient même pas le cadre national, passant par les biennales du Mali, jusqu’aux Journées culturelles de Bobo au temps des Mamadou DJERMA, Paul HENRY, André KAMBOU et autres.

La période Révolutionnaire à partir des différentes propositions dont celles de Matourkou 1985, nous a valu la Création de la Semaine Nationale de la Culture

         . Ouaga 83

         . Gaoua 84

         . Bobo 86

         . Koudougou-Réo 88

         . Bobo 90

         . Bobo 92

         . Bobo 94

         . Bobo 96

         . Bobo 98

         . Bobo 2000

         . Bobo 2002

         . Bobo 2004

         . Bobo 2006

         . Bobo 2008

 

Ce premier aspect touche le Vieux de 70 ans qui vous parle.

 

Venons en à un second aspect : pour qui connaît l’histoire des peuples de pensée occidentale dont nous émargeons à bien de titres, une interrogation vient à l’esprit la distinction, la séparation et même la division des domaines et acteurs de la culture moderne est consommée d’avec ceux du sacré et de la religion surtout confessionnelle ;

Et elle a été un acquis aux contours douloureux dans les rapports entre autre la religion et l’Etat républicain laïc.

 

Alors, homme et femme de culture et de religion, chacun pour sa part doit en être conscient.

 

C’est pourquoi parler de parrainage et le placer dans les bras et le cœur d’un homme de religion, c’est poser un acte majeur de maturité culturelle de la part de notre Faso.

§dans la manière de comprendre et de pratiquer la laïcité,

§dans l’effort d’associer au patrimoine culturel, traditionn et évolution culturelle dans la modernité

§et l’orientation de la politique culturelle de notre pays.

 

J’invite les tenants de la religion traditionnelle ancestrale qui tiennent beaucoup de nos origines égyptiennes et ceux des communautés et confessions venant elles aussi de l’Orient Moyen :

-         à un effort de contextualisation de nos croyances, rites et conduites

-         à un effort de rendez-vous avec l’histoire présente, moderne et future de notre nation multi-culturelle

-         à un dialogue de vérité

 

où entre religion et culture dans la cité il y a :

-         distinction de domaines,

-         séparation des compétences,

-         division des responsabilités ;

-         en vue d’unes reconnaissance mutuelle où chacune dans le respect citoyen et démocratique, apporte sa contribution à l’essor du patrimoine de la cité et de la nation, et à la transmission des raisons de vivre et d’espérer aux générations de demain.

 

Nous sommes invités à clarifier, exprimer et renforcer ces raisons de vivre et d’espérer sans allégeance aux décideurs politiques, et nous laisser instrumentaliser. Nous déplorons tous la fragilité de nos pratiques citoyennes et démocratiques. Si la perte du sens sacré et des valeurs religieuses et spirituelles devait conduire notre société.

 

-au nom du laïcisme et du sécularisme,

-au nom d’une tolérance de mauvaise foi,

-à l’indifférence, à la négligence, le refus, et le mépris des valeurs dans ce qui fait notre vivre ensemble en des domaines fondamentaux que sont :

-les valeurs morales et éthiques

-les systèmes éducatifs et pédagogiques

-le sens de la vie

-la garantie républicaine des libertés religieuses et des diversités spirituelles.

« Loin de toute nouvelle forme d’allégeance ou, l’inverse, d’instrumentalisation, l’attitude des décideurs politiques traduit la nécessité de franchir un troisième seuil, c’est-à-dire la demande démocratique d’une nouvelle conversation culturelle et d’un nouveau mode de présence des sagesse religieuses dans l ‘espace social ! » (O. R. 4 :9,mars 2008 p.5)

« Le christianisme, matrice principale de la modernité politique, ne refuse jamais de servir la cité, surtout lorsque celle-ci, un peu plus loyale quant à ses dettes historiques et plus lucide quant à ses limites, sollicite le meilleur que la vie spirituelle et la vie religieuse puissent donner, sur la mémoire et les attentes de l’humain, les types praticables d’universalité, la question rationnelle de la vérité et le sens du mystère »

 

Le projet de la XIVème édition de la SNC a mis sous nos yeux les enfants, adolescents, la jeunesse. Ces fleurs plus ou moins fragiles des générations de demain

Comment leur parler ? Quels mots utiliser ?

 

Chers fils, filles et amis,

Vos demandes sont nombreuses et elles dépassent ce que vous avez reçu et savez de la mémoire culturelle de notre patrimoine traditionnel ou ancestral, dont il ne vous reste qu’un souvenir ambigu.

Vos attentes dépassent ce que la modernité nous a transporté en science nettement détachée de la conscience.

 

Ainsi entre tradition ancestrale véhiculée par la langue et les coutumes d’une part et d’autre part les contraintes de la globalisation, notre identité culturelle souffre.

Vous, les jeunes en êtes les premières victimes.

 

La fête d’une semaine que nous allons vivre avec vous et grâce à certains d’entre vous, ne doit pas être un jour sans lendemain.

 

Nous le savons

 

Dans le grand match qui a opposé les traditions et coutumes ancestrales à la modernité, la victoire n’a pas été de leur côté. La modernité a pris le dessus. Mais à l’équipe qui a perdu une victoire, la valeur de lutte et les raisons de lutter ne sont pas enlevées, car les joueurs et acteurs sont là pour la prochaine.

 

La présentation de nos arts et artistes traditionnels, tenus encore souvent sous la coutume n’est pas une finale pour les choses passées.

 

La culture, c’est la manière de vivre aujourd’hui, de penser, de se conduire, de manger, de danser, de vivre ensemble, de s’habiller en prenant en compte nos racines traditionnelles et, hors les formes coutumières, de les confronter à la modernité.

 

S’il y a art, c’est l’art pour tous, dans la cité multicuturelle

Tel est le premier défi

Le second défi tient aux moyens et instruments dérisoires

Le troisième défi est fonction du matériau, plus ou moins fragile et le quatrième touche la question des valeurs : quels sont les critères, les canons qui disent la beauté kalo-agathos disaient les grecs de ce qui est beau-juste-bon ?

Enfin le cinquième défi pose une réelle difficulté : quelle est la portée de vos efforts et de vos œuvres ? Relèvent-elles de la coutume ? du moderne ? de l’horizon national, inter-africain, international ?

 

Retenons pour terminer

 

La culture

« Colo, colere » en latin

Nous partons des choses de la vie

Voici un homme bien cultivé

Voici un champ bien cultivé

C’est-à-dire cultiver, dans l’idée d’entretenir, développer, fréquenter, étudier, soigner.

A la racine du mot, il y a l’idée de mettre en valeur : on travaille la terre, le corps, l’esprit, l’homme : d’où culture des champs (agriculture), culture du corps (culture sportive), culture de l’esprit (éducation, formation).

 

Le musée

Dans leur vision du monde, les traditions des grecs pensaient que neuf (09) divinités présidaient aux arts libéraux (histoire, éloquence et poésie, tragédie, comédie, musique, danse, élégie, lyrisme, astronomie).

 

Chez le peuple grec, dans la ville d’Athènes, un temple, un lieu sacré était dédié au neuf muses, protectrice des arts et des sciences. Trois siècle avant Jésus Christ, le roi Ptolémée 1er réunit dans son Palais de la ville d’Alexandrie en Egypte (Afrique), philosophes et savants.

 

Il y installe une riche bibliothèque et la consacre aux muses : c’est le premier musée.

 

Musée, musique viennent du même mot :muse car la musique est par excellence, l’art des muses, alliant la grâce de l’invention à la précision du savoir.

 

Elle est aussi attention consciente au monde en ce qui est autour et ce qui l’entoure : ce qui fait son dehors (extérieur), son dedans (intérieur) et les relie (inter-lien).

 

De génération en génération, la culture est attention consciente de l’être personnel et social, intention d’être, de pouvoir et savoir, avec le souci (soin) de recevoir, acquérir, donner. La culture apprend et s’apprend.

 

Education tire ses origine de racines culturelles,  exprimant un profil d’homme (humanité, humanisme) : le fait d’être homme, selon une culture.

La culture est mère de l’éducation et la fille éducation doit valoriser la culture.

 

La rencontre des cultures est un fait humain et social de nos jours.

 

Reconnaître la présence et l’importance des cultures est une prise de conscience indispensable.

S’identifier soi-même comme personne individuelle, morale ou sociale à partir de son passé culturel, son patrimoine, son héritage et ses traditions coutumières donne un esprit de citoyens et un cœur humaniste. Ainsi la rencontre des cultures ne demeure pas un choc mais se trouve facilitée.

 

L’éducation joue ici un rôle de ressort, de levier et de pont (Rallye, relais, passerelle), de génération en génération pour la transmission des raison de vivre et d’espérer à ceux de la prospérité aux générations de demain.

 

Que le Tout Puissant source de tous ces dons bénisse la fête des arts et des artistes.

 

Monseigneur Anselme Titianma SANON



10/04/2008
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