Discours sur la situation de la Nation de son Excellence monsieur Tertius Zongo, Premier ministre, chef du gouvernement
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
C’est évidemment avec une certaine réserve et beaucoup de respect que je me présente devant
Monsieur le Président, vous me permettrez de vous remercier tout particulièrement, ainsi que tous les membres du bureau de l’Assemblée, pour l’excellente collaboration et le soutien dynamique que vous apportez à notre action, ceci dans le respect de l’indépendance des institutions. Votre attitude n’est qu’une manifestation supplémentaire de l’esprit républicain qui marque votre participation à la vie publique de notre pays.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Le compte-rendu de la gestion des affaires publiques de notre pays en 2007 que je voudrais vous offrir, revêt une double particularité :
- Ce bilan est le premier discours sur la situation de
- Il est aussi le premier auquel je me soumets en tant que Premier ministre, chef du gouvernement depuis que le Président du Faso, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré a bien voulu me confier la charge de la coordination de l’action gouvernementale.
Les difficiles circonstances sociales de cette communication gouvernementale et de votre session n’auront échappé à personne. Nous nous retrouvons aujourd’hui à un moment où les préoccupations des burkinabé sont focalisées sur les conséquences de la difficile campagne agricole 2007-2008, la hausse brutale des prix des produits de grande consommation, les conséquences économiques du renchérissement continu des cours mondiaux du pétrole sur les ménages et les entreprises, et la menace de la méningite sur la santé de nos populations.
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Pourtant, malgré les difficultés, malgré les douloureux événements auxquels nous sommes tous confrontés, malgré les écueils, je suis ici aujourd’hui au nom du Président du Faso et du gouvernement pour vous rapporter que l’état de la nation burkinabè est à l’image de l’esprit volontariste et de l’acharnement au travail de notre grand peuple, c’est-à-dire, solide, inébranlable dans la tempête ! Monsieur le Président, Cette proclamation n’est pas une simple profession de foi. |
“Je tiens à réaffirmer du haut de cette tribune qu’aucune intention malveillante du gouvernement ne justifiait la récente flambée des prix des produits de grande consommation qui nous a été donné de constater…” |
Elle n’est pas non plus un refus naïf de regarder la réalité en face. Au contraire, elle est fondée sur l’observation empirique minutieuse de nos potentialités et ancrée sur la longue et riche histoire de ce pays dont nous sommes tous fiers. Cette proclamation réaliste est également justifiée par l’engagement résolu du gouvernement à faire face aux problèmes auxquels la nation est confrontée, et de prendre toutes les mesures visant à les résoudre. Elle est justifiée aussi par la confiance que nous faisons aux députés de l’Assemblée nationale pour prendre leur part de responsabilité pour construire la paix sociale et améliorer le bien-être des citoyens.
De ce point de vue, il me plaît de rappeler que devant l’urgence de la situation alimentaire, le gouvernement a engagé, depuis novembre 2007, une vaste opération d’approvisionnement des zones déficitaires en céréales à des prix sociaux en même temps qu’il a entrepris des concertations avec les acteurs de la filière pour une stabilisation des prix. Je voudrais saluer l’esprit d’ouverture et de solidarité dont ont fait preuve les commerçants de céréales.
Quant à l’épidémie de méningite, malheureusement récurrente dans notre pays, nous déplorons son tragique bilan : du 1er janvier au 16 mars 2008, l’ensemble des districts sanitaires, a notifié 5 046 cas suspects de méningite dont 519 décès, soit un taux de létalité de 10,28%.
Au cours de cette période, onze districts sanitaires dans sept régions, ont franchi le seuil épidémique de 10 cas pour 100 000 habitants en une semaine. Il s’agit : des districts de Réo, de Nanoro et de Léo dans le Centre-Ouest, de Kaya et de Boulsa dans le Centre-Nord, de Séguenega et de Yako dans le Nord, de Mangodara dans les Cascades, de Gaoua dans le Sud-Ouest, de Boromo dans
Les analyses de laboratoire montrent que le méningocoque du serogroupe A, est responsable de l’épidémie dans tous les districts.
A la semaine 11, correspondant à la période du 10 au 16 mars 2008, les districts sanitaires en épidémie sont au nombre de 8 : Boulsa, Kaya, Léo, Réo, Nanoro, Yako, Boromo, Orodara, tandis que 12 districts sont en alerte.
Des campagnes de vaccination de masse réactive et gratuite ont été conduites dans les districts de Sapouy, de Réo, de Nanoro, de Mangodara, de Gaoua, de Kaya, de Orodara, de Séguénéga, de Boromo, de Yako et ont absorbé 1 913 770 doses de vaccins antiméningococciques A+C. Les couvertures vaccinales obtenues dans ces districts sont satisfaisantes et varient de 94,42% à 125,050% avec une moyenne de 103,74%. Des campagnes de vaccination sont en cours dans les districts de Boulsa, de Léo, de Boussé et de Diapaga.
En tout état de cause, des dispositions ont été prises pour le renforcement régulier des stocks en médicaments et en consommables des régions et des districts les plus touchés pour assurer une prise en charge rapide et gratuite des malades de méningite conformément aux directives nationales.
Je voudrais ici exprimer aux familles affectées et endeuillées toute la compassion du gouvernement et lancer un appel à la population pour l’observation rigoureuse des mesures prophylactiques et pour sa participation effective aux campagnes de vaccination encore en cours.
Je saisis aussi cette occasion pour réitérer ma reconnaissance aux partenaires techniques et financiers pour la diligence avec laquelle ils ont répondu aux sollicitations du gouvernement, face à cette épidémie.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Au-delà de l’actualité brûlante, permettez-moi de vous présenter le rapport du gouvernement sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du programme politique du chef de l’Etat “ Le Progrès continu pour une société d’espérance ”. Cet ambitieux projet de société choisi et validé par le peuple burkinabè a connu au cours de l’année dernière, des avancées notables dans divers domaines qu’il me serait impossible de recenser tous dans une communication comme celle-ci.
Sans prétendre à l’exhaustivité, j’aimerais cependant vous proposer une grille de lecture assez représentative de l’amplitude de notre action. Non pas pour le plaisir fugace d’une autosatisfaction qui serait forcément de mauvais goût, mais simplement pour rendre compte à vous-mêmes, dépositaires de la souveraineté populaire, et aussi aux millions de contribuables burkinabè qui exigent avec raison que des comptes leur soient rendus en matière de gestion des affaires publiques.
Au plan politique, l’année
Après la mise à disposition des communes frontalières de 60 sièges de mairies en 2006, le gouvernement a construit 70 autres sièges au titre du budget 2007 pour un montant global de 3 milliards de francs CFA et a en chantier 12 sièges de mairies ainsi que 77 autres sièges de communes. A cela, s’ajoute la construction des 13 sièges de conseils régionaux sur les ressources budgétaires de 2007.
Cette matérialisation physique des collectivités territoriales s’est accompagnée de la mise en œuvre d’un programme assidu de formation des élus locaux. Car vous savez comme moi que la légitimité et la crédibilité de notre processus de décentralisation dépendront de la capacité des élus à gérer les ressources mises à leur disposition, à faire fonctionner les institutions locales, et à anticiper sur les risques que comporte toute entreprise politique.
Il me plaît de vous rapporter que les résultats atteints en matière de renforcement de nos communes sont très probants puisque des formations à grande échelle ont été menées sur toute l’étendue du territoire national et ont permis d’accroître les connaissances des élus dans divers domaines dont la gestion budgétaire, l’état civil, la planification stratégique et opérationnelle. En vue de consolider ces acquis, le gouvernement s’attelle à adopter et à mettre en place un véritable plan national de renforcement des capacités locales.
Le processus d’appropriation des fonctions et missions de planification du développement local par les conseils de collectivités est donc en cours. Après la réalisation de monographies-tests, suivies de plusieurs chantiers-écoles, une centaine de plans communaux de développement a été validée conformément au guide méthodologique promulgué par le ministère de tutelle. Il n’est donc pas étonnant que l’on enregistre un véritable enthousiasme et une bonne perception des enjeux et défis de la décentralisation chez les élus locaux.
Par ailleurs, la conduite de la politique du développement rural décentralisé a connu une mutation profonde avec l’avènement effectif des Conseils villageois de développement (CVD). Ces organes visant à l’autopromotion communautaire sont encore en phase de rodage, mais ils se sont investis d’ores et déjà dans l’identification des activités devant structurer leur programme annuel d’investissements.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Nous ne devons cependant pas nous leurrer. Ce processus ambitieux vise à transformer radicalement notre approche de la gestion des affaires publiques, ceci par une responsabilisation accrue des communautés. Il requiert donc du temps, de l’endurance et de la patience et aussi beaucoup de rigueur dans notre manière de conceptualiser le transfert et la gestion des ressources de l’Etat. Pour être efficace, la décentralisation doit être accompagnée d’une déconcentration. L’Etat doit assurer sa présence effective sur l’ensemble du territoire pour mieux accompagner la décentralisation et exercer ses prérogatives régaliennes sur les matières spécifiques telles la coopération administrative frontalière, la gestion des délimitations de frontières et des litiges qui peuvent en découler. C’est pourquoi le gouvernement a investi plus d’un milliard 500 millions de francs CFA au titre du budget, gestion 2007, pour la réalisation d’infrastructures d’accueil des circonscriptions administratives, pour les logements de gouverneurs, hauts commissaires et préfets ainsi que les sièges de gouvernorats, hauts commissariats et préfectures.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Le pacte moral de sincérité et d’honnêteté que j’ai établi avec votre auguste assemblée lors de ma prise de fonction m’oblige cependant à vous confesser que s’agissant de l’implantation des collectivités locales, le gouvernement n’a pas pu mettre en œuvre pleinement son programme de transfert des compétences et des ressources conformément à ses prévisions. Les lenteurs réelles que je n’ai nulle intention de dissimuler sont de plusieurs natures dont les plus significatives sont dues :
- au souci de précaution qui implique que l’on avance en maîtrisant parfaitement les risques inhérents à ce type de réformes ;
- à la complexité intrinsèque du sujet eu égard au fait que les domaines prioritaires à transférer sont des domaines sociaux dont les modalités de mise en œuvre sont traditionnellement réputées comme étant les plus délicates.
Malgré les retards de calendrier, des arrêtés de dévolution de patrimoines aux collectivités territoriales ont été publiés et concernent les domaines du préscolaire et de l’enseignement primaire, de la jeunesse, de la culture, des sports et des loisirs. Je prends ici l’engagement de rendre opérationnels en 2008 les transferts dans les domaines prioritaires auxquels seront adjoints les domaines de l’eau et de l’assainissement, de l’environnement et du développement local. Cette opérationnalisation se concrétisera par la signature entre l’Etat et chaque maire d’un protocole d’opération. Il va sans dire que ces transferts ne pourront s’effectuer sans le renforcement du dialogue social par la promotion d’une concertation sincère et permanente entre les acteurs.
Au-delà des difficultés, il est encourageant de noter que notre processus de décentralisation connaît quand même des avancées qui font écho hors de nos frontières. Cela a été noté lors de la tenue des assises sur la coopération décentralisée franco-burkinabé le 06 décembre 2007 sur le thème : “Contribution de la coopération décentralisée au développement des collectivités territoriales”. Ces assises ont regroupé environ 1 500 participants au nombre desquels des élus locaux, des comités de jumelage des associations du Nord et du Sud. Elles ont salué les avancées législative et juridique au Burkina, avec la communalisation intégrale, qui permet désormais aux partenaires de la coopération décentralisée d’avoir des partenaires authentiques que sont les élus locaux.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Ce n’est pas à vous que je dirai l’importance du renforcement du processus démocratique, ceci notamment par la prise en compte des enseignements des compétitions électorales passées. La viabilité de notre système politique et la stabilité de notre société requièrent une mise à jour permanente du mode de fonctionnement de nos institutions, et une adéquation des règles aux exigences de notre époque. C’est pourquoi le gouvernement a pris acte des recommandations formulées au terme des élections législatives du 6 mai 2007 et celles antérieures.
Il a particulièrement suivi avec beaucoup d’intérêt, Monsieur le Président, votre important discours prononcé, le 05 mars 2008, à l’ouverture de votre session et noté la volonté du parlement d’initier des réformes politiques dans le sens de renforcer la confiance du peuple sur les institutions. Il s’agira entre autres de se pencher sur le code électoral, le financement des partis politiques et des campagnes électorales, le statut de l’opposition et la question des quotas. Je puis vous assurer que le gouvernement, de façon diligente, accompagnera vos initiatives.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
En matière de défense et de sécurité, le gouvernement a poursuivi avec un intérêt particulier les efforts de renforcement continu des capacités opérationnelles de nos forces de défense et de sécurité à travers la réorganisation, l’instruction et la formation des troupes ainsi que le recrutement de personnel et l’équipement des infrastructures militaires.
Des actions ont été menées en vue de l’amélioration de la couverture sécuritaire nationale, du renforcement des capacités opérationnelles et du renforcement de l’efficacité et de l’efficience des forces de défense et de sécurité, améliorant ainsi la couverture sécuritaire de 5 %.
En matière de la lutte contre la criminalité et le grand banditisme, la mise en place d’un dispositif de sauvegarde des points sensibles et les différentes actions à titre préventif ou répressif en matière de police judiciaire, administrative et de route entre autres ont contribué au renforcement ostensible de la sécurité et au développement socioéconomique de notre pays. Des patrouilles de surveillance et d’intervention des forces de police et de gendarmerie ont assuré une présence permanente et dissuasive sur les axes routiers du territoire national. Cela a donné lieu au déploiement d’un important dispositif sécuritaire sur tous les principaux axes routiers du pays.
Les statistiques montrent que les efforts soutenus déployés pour contenir la criminalité commencent à porter leurs fruits, même si le phénomène persiste, reflétant surtout le contexte social, national et international. 482 cas d’attaques à main armée ont été enregistrés par la police et la gendarmerie au cours de l’année écoulée contre 684 attaques en 2006, ce qui correspond à une réduction sensible du phénomène d’environ 30%.
Dans le domaine de la lutte contre le trafic de la drogue et de la vente illicite des médicaments de la rue, malgré les actions de sensibilisation et de lutte, le phénomène a connu une recrudescence liée à l’environnement social, national et régional. Plus de 200 personnes ont été interpellées dont 180 déférées au parquet et plus de 4 tonnes de produits prohibés saisis. En vue du renforcement des outils de prévention, de lutte, de traitement et de prise en charge des toxicomanes, il a été mis en place un réseau épidémiologique d’enquête sur l’abus des drogues dont notre pays assure la coordination régionale avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Nous avons procédé au lancement des opérations de mise en œuvre de la police de proximité le 26 janvier 2007 à Bobo-Dioulasso pour les régions des Cascades, des Hauts Bassins et du Sud-Ouest. 1 987 Comités locaux de sécurité (CLS) de secteurs et de villages ont été ainsi institués.
Des activités de formation des forces de sécurité ont été exécutées, de même que des activités d’information et de sensibilisation organisées à l’intention des autorités administratives locales et des membres des Comités locaux de sécurité et d’autres acteurs issus des couches socioprofessionnelles dans toutes les provinces. Les évaluations périodiques font ressortir un bilan globalement satisfaisant. En effet, moins de deux ans après l’opérationnalisation de la police de proximité, la méfiance qui caractérisait les rapports entre les forces de sécurité et les populations fait progressivement place à un véritable partenariat ; l’adhésion des différentes couches sociales à la police de proximité quoique timide est perceptible et la criminalité est en baisse dans certaines régions jadis réputées très dangereuses.
L’insécurité routière demeure cependant une question de préoccupation malgré les actions sous les formes de surveillance et de contrôle de la circulation routière et de répression des infractions. Les statistiques de la police et de la gendarmerie décrivent une tendance à la baisse : 7.450 accidents de la circulation contre 7.768 en 2006 et 8.369 en 2005.
Dans le domaine des secours d’urgence,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
L’usage de la force publique n’a de légitimité et de validité que lorsqu’il est un dernier recours dans la stratégie de protection des citoyens et lorsqu’il est ancré dans le corpus légal et réglementaire qui fonde notre société. D’où l’importance du renforcement du système judiciaire.
De ce point de vue, l’année
Sur le plan des infrastructures, le nombre de Tribunaux de grande instance (TGI) a été porté à 23 avec l’achèvement des travaux de construction des tribunaux de Djibo, de Léo, de Nouna et d’Orodara pendant que sont lancés les travaux de réhabilitation des palais de justice de Ouagadougou et de Gaoua.
Je me réjouis aussi que, lors de sa dernière session de 2007,
- de la loi portant création de quatre (04) Tribunaux de grande instance à Diébougou, Djibo, Nouna et Orodara ;
- de la loi modificative à la loi n°029-2004/AN portant création des Tribunaux de grande instance de Bogandé, Boromo, Kongoussi, Léo, Manga, Yako et Ziniaré. Cette loi modifie la délimitation du Tribunal de grande instance de Bogandé, en rattachant désormais la juridiction de
Les efforts pour assurer une plus grande accessibilité financière à terme des populations à la justice ont été poursuivis en 2007. Ainsi, le taux de consignation pour la saisine des juridictions a été ramené à 2% contre 4% auparavant. Par ailleurs, l’injonction de payer la consignation a été supprimée, rendant ainsi la pratique de notre justice plus conforme aux dispositions du droit OHADA.
En vue d’améliorer l’environnement des affaires et de favoriser le développement des actes de commerce, des chambres commerciales ont été créées au sein des juridictions de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Bien que la fonctionnalité de ces chambres reste encore à améliorer, leur création vise à mieux accompagner les activités commerciales au Burkina Faso. Cette option en lieu et place de tribunaux de commerce, répond mieux à notre environnement constitué pour l’essentiel, de petites et moyennes entreprises, davantage tournées vers le service que vers la production industrielle.
En matière de gestion et d’humanisation des établissements pénitentiaires, la construction des Maisons d’arrêt et de correction (MAC) de Nouna, Léo, Orodara et Djibo offre une capacité d’accueil totale d’environ 500 places supplémentaires, contribuant ainsi à réduire la surpopulation carcérale, car une société s’évalue aussi sur la manière dont elle traite ceux de ses membres qui ont été légalement privés de certains de leurs droits.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Les leçons de l’histoire des sociétés humaines et les avancées de la science politique contemporaine nous enseignent qu’une des conditions essentielles au renforcement du processus démocratique est la promotion des droits humains.
La concertation du ministère chargé de
Dans le domaine de la vulgarisation des textes et documents relatifs aux droits humains, à l’instar des autres pays, le Burkina Faso a aussi élaboré et transmis aux instances internationales son rapport annuel 2007 sur la situation des droits humains. De même, des dépliants sur des thèmes divers touchant aux droits humains ont été confectionnés et diffusés.
En ce qui concerne l’appui à la société civile, il me plaît de vous rapporter que de nombreuses organisations non-gouvernementales œuvrant dans le domaine des droits humains ont bénéficié encore une fois au cours de l’année 2007, de soutiens multiformes.
Dans le cadre de la mise en œuvre des accords internationaux en matière des droits humains, notre pays a participé activement aux nombreuses rencontres régionales et internationales consacrées aux questions de droits humains, organisées sous les auspices de l’Union africaine et des Nations unies.
Respectueux des engagements internationaux, notre pays a célébré des journées commémoratives comme
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Le Président Blaise Compaoré l’a rappelé lors du 7ème Forum africain sur la gouvernance tenu à Ouagadougou en octobre 2007 : relever les défis du développement “ exige un Etat juste, fort et respecté. Cela nécessite un renforcement des capacités de l’Etat ”, à ses yeux le “principal chaînon manquant dans les efforts de développement et de démocratisation en Afrique”. En matière de réforme de l’Etat dans la perspective d’une administration efficace et efficiente, véritable instrument de promotion du développement durable, les actions majeures du gouvernement ont consisté :
- en la formation de 2000 évaluateurs dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau système d’évaluation des performances des agents de
- en l’installation des directeurs régionaux de
- en la déconcentration des services de
- en la réalisation d’une étude sur l’extension du Système de gestion automatisée des salaires du personnel de l’Etat (SIGASPE) aux treize (13) régions administratives ;
- en la réalisation d’une étude sur les pratiques de corruption dans l’administration publique du Burkina Faso afin de permettre au gouvernement de prendre les mesures idoines pour lutter contre ce fléau.
Avec l’adoption de la politique nationale de bonne gouvernance en août 2005, le gouvernement a réaffirmé sa volonté de faire des bonnes pratiques dans les domaines politique, administratif, économique et de la participation locale, des conditions de réalisation d’un développement durable et solidaire au Burkina Faso. C’est la raison pour laquelle notre pays a été choisi pour abriter le 7ème Forum africain sur la gouvernance.
Nous ne nous sommes cependant pas arrêtés à l’organisation d’un forum, fût-il prestigieux et d’importance. Nous avons effectué des actions concrètes pour valider nos bonnes intentions. Ainsi, dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, le Burkina Faso a réalisé au cours du dernier trimestre de l’année 2007, son auto-évaluation. Il s’agit d’une affirmation de la volonté politique du Chef de l’Etat d’engager notre pays dans une quête permanente d’amélioration continue de la gouvernance. Cette auto-évaluation a ouvert la voie à l’évaluation externe par l’équipe d’experts du panel du MAEP qui a séjourné dans notre pays du 15 février au 17 mars 2008. C’est le lieu pour moi de saluer la grande disponibilité et la franche collaboration dont l’ensemble des acteurs ont fait montre vis-à-vis de ladite équipe d’experts.
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Vous avez eu la patience de m’écouter parler jusqu’à cet instant, essentiellement de questions d’actualité immédiate et de questions politiques ou de gestion administrative de l’Etat. Certains d’entre vous se demandent peut-être si je finirai par aborder les grandes questions économiques et sociales qui constituent le socle principal de la responsabilité du gouvernement. Qu’ils se rassurent. Je ne m’y déroberai pas.
Il me paraît approprié de commencer ce volet de ma communication en faisant un bref rappel du contexte international dans lequel évolue l’économie burkinabè. De ce point de vue, il faut noter que l’économie mondiale connaît de grands bouleversements de la demande et des prix des produits agricoles jamais enregistrés sur les marchés alimentaires mondiaux depuis trente ans. Du consommateur aux multinationales, en passant par les agriculteurs et les populations démunies du monde entier, tous en subissent les conséquences.
Par ailleurs, le cours mondial du pétrole continue sa tendance haussière pour se situer en ce moment très largement au-dessus de la barre de 100 dollars le baril. Une telle situation a forcément de dures répercutions sur notre économie en même temps qu’elle nous interpelle sur l’urgence d’opérer des adaptations judicieuses de nos habitudes de consommation et un choix résolu vers le développement des sources d’énergie alternatives.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
En 2007, l’économie burkinabé a accusé le choc externe des augmentations successives et disproportionnées du prix du pétrole et de la baisse drastique des cours des matières premières notamment celle du prix du coton, baisse accentuée par une dépréciation continue du dollar par rapport à l’euro. Au plan interne, elle a été mise à l’épreuve de conditions agro-climatiques défavorables. Toutes choses qui ont contribué à freiner la croissance économique.
L’économie nationale demeure peu ouverte et ses exportations peu diversifiées. Une telle situation se traduit par des rapports d’échange avec l’extérieur défavorables pour notre pays. En effet, les estimations de la balance commerciale à fin 2007 indiquent un déficit de 294 milliards de francs CFA environ contre 254 milliards environ en 2006. Cette détérioration résulte de la hausse des importations (+9,2%) liée au renchérissement du prix des produits pétroliers et de la contraction des exportations (-5,2%) du fait principalement de la chute des exportations de coton fibre évaluée à 36 milliards de francs CFA environ.
Les entrées nettes au titre des transferts courants sans contrepartie ont atteint 158,6 milliards de francs CFA en 2007, contre 133,4 milliards de francs CFA l’année précédente, soit une hausse de 18,9% tirée aussi bien par les transferts courants publics que privés. Les transferts courants publics ont enregistré une forte hausse de 13,5%, principalement liée à une mobilisation plus accrue des ressources au titre des concours extérieurs publics, notamment l’aide budgétaire et les dons projets.
A fin 2007, l’encours de la dette publique s’est établi à 766,4 milliards de francs CFA, affichant une hausse globale de 16,3% par rapport à 2006. Cette hausse résulte d’une augmentation de la dette intérieure de 35,1%, et d’une hausse de la dette extérieure de 13,6%.
La soutenabilité de la dette, mesurée par le ratio service de la dette publique sur les recettes budgétaires et le ratio service de la dette publique extérieure sur les recettes d’exportation, s’est considérablement améliorée. A fin décembre 2007, ces ratios s’établiraient respectivement à 11,2% et 21,5% comparativement aux normes maximales autorisées de 25% pour le premier et 35% pour le second. Ceci résulte notamment de l’impact positif de l’initiative pour l’allégement de la dette multilatérale, qui a permis d’annuler entre décembre 2005 et décembre 2006, une partie du stock de la dette due au FMI, au groupe de
Au final, les estimations préliminaires indiquent que la balance globale des paiements, hors financement exceptionnel, serait excédentaire en 2007 de 169 milliards de francs CFA, contre un excédent de 49,5 milliards de francs CFA en 2006, s’améliorant de 120 milliards de francs CFA. Ce bon résultat s’expliquerait principalement par le rapatriement des produits de cession de 51% des actions de l’Office national des télécommunications (ONATEL) à Maroc Télécom (144,3 milliards de francs CFA).
Monsieur le Président,
Honorables Députés,
Je sais bien que ces grands agrégats macroéconomiques n’impressionnent pas certains d’entre vous. Ils sont cependant indispensables pour analyser les fondamentaux de notre économie. Ils permettent de mieux cerner la signification des fluctuations et d’identifier les tendances lourdes.
En 2007, le rythme de croissance du PIB réel a baissé de 1,5 points par rapport à 2006 pour s’établir à 4%, porté essentiellement par les secteurs secondaire (1,8 points) et tertiaire (1,5 points). La forte baisse enregistrée au niveau de la production du coton (-44%) pour la campagne écoulée a fortement contribué à ralentir la croissance du secteur primaire (-0,13%).
Toutefois, même si cela peut sembler contre-intuitif à beaucoup de nos compatriotes, l’inflation est restée plutôt modérée à 2,1% en moyenne annuelle en 2007 contre 2,4% en 2006, ceci étant dû essentiellement à la baisse globale des prix des produits alimentaires (-3,4%) fortement influencée par les stocks de la production de la campagne agricole de l’année dernière.
Les effets cumulés de la croissance économique ces dernières années ainsi que la mise en œuvre d’importants programmes dans les secteurs sociaux, ont contribué à faire reculer l’incidence de la pauvreté qui s’établit à 42,6% en 2007 contre 46,4% en 2003, soit un gain de quatre points nous inscrivant dans une bonne perspective de réalisation de l’objectif de moins de 35% à l’horizon 2015 pourvu que les efforts soient continus et soutenus.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Le gouvernement ne se fait cependant pas d’illusions sur la gravité de la détérioration des conditions de vie de certaines couches de la population. Notre pays a enregistré ces derniers temps, une poussée disproportionnée des prix des produits de grande consommation reflétant les déséquilibres de l’offre et de la demande et les perturbations des marchés. J’ai indiqué au début de cette communication, la préoccupation du gouvernement devant la souffrance des familles démunies, et notre ferme volonté de prendre toutes mesures utiles pour protéger le pouvoir d’achat de nos compatriotes.
Mais je ne serais pas sincère si je ne vous disais pas également ma préoccupation devant les tentatives de récupération et les manifestations sans discernement organisées ici et là. Je voudrais ici exprimer la grande consternation du gouvernement devant ces actes de vandalisme et d’incivisme et toute notre compassion aux personnes physiques et morales qui en ont été les victimes.
Tenter de faire une carrière, ou de jouer à la vedette sur la douleur des populations et sur les malheurs de nos commerçants ne correspond pas à l’idée que le gouvernement se fait de l’engagement public.
Le gouvernement réaffirme toute sa disponibilité à la concertation et au dialogue en même temps qu’il appelle tous les opérateurs économiques et les organisations de la société civile à faire davantage preuve de mesure et de responsabilité.
Car aucune crise économique, sociale ou politique ne mérite que nous détruisions ce que nous avons de plus précieux, à savoir notre dignité collective et notre souci de nous retrouver pour résoudre tous les problèmes, ceci quelles que soient leur ampleur et leur gravité.
Tenant compte des résultats des différentes concertations et dans le souci d’atténuer l’impact des prix internationaux sur le coût de la vie, le gouvernement a envisagé dans l’immédiat des mesures transitoires concernant la suspension du droit de douane à l’importation pour une période de trois mois sur les produits de grande consommation suivants :
- le riz, à l’exclusion du riz parfumé ;
-le sel destiné à l’alimentation humaine ;
-les préparations à base de lait ;
- les préparations pour l’alimentation des enfants.
Il a par ailleurs, sur la même période, décidé de la suspension de la perception de
- la semoule de blé dur destiné à la fabrication des pâtes alimentaires ;
- les préparations pour l’alimentation des enfants.
Il a enfin décidé pour la même période de la suspension de l’application de
- les pâtes alimentaires,
- le savon,
- et les huiles alimentaires.
Ces mesures nécessaires ne sauraient cependant constituer une panacée définitive aux problèmes structurels d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat dans notre pays. C’est pourquoi il importe que nous adoptions également des solutions durables aux causes profondes du problème. Ceci implique à court terme une réflexion approfondie sur les facteurs structurels tels que :
- le fonctionnement des organismes chargés de l’analyse de la concurrence et de la répression des fraudes ;
- l’étude des chaînes de valeur, des producteurs aux grossistes et aux détaillants ;
- l’analyse du poids relatif des composantes du prix des produits de première nécessité (salaires, énergie, transport, marges bénéficiaires, etc.) ;
- les aménagements éventuels à apporter au corpus législatif et réglementaire et ;
- l’identification des gains potentiels de productivité, déterminant essentiel des prix des produits alimentaires.
A moyen terme, il s’agira de tirer avantage des opportunités que nous avons pour accroître notre offre nationale de produits alimentaires en envisageant des mesures incitatives à la production de même qu’en encourageant une réorientation de nos modes et habitudes de consommation.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Ces réflexions me conduisent naturellement à aborder le domaine de la gestion des finances publiques, où le gouvernement reste fidèle à sa ligne de gestion prudente et rigoureuse du budget de l’Etat. A fin 2007, l’état d’exécution du budget fait ressortir une amélioration de la mobilisation des recettes et des efforts pour contenir les dépenses comparativement à l’exercice écoulé.
Les réalisations des recettes totales et dons se situent à 619 milliards de francs CFA, en hausse de 10,2% par rapport à 2006. Les recettes fiscales sont évaluées à 405 milliards de francs CFA, soit un accroissement de 11,8% par rapport à 2006, mais en retrait de 14,2% par rapport aux prévisions initiales. La pression fiscale est |
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En 2007, l’économie burkinabé a accusé le choc externe des augmentations successives et disproportionnées du prix du pétrole et de la baisse drastique des cours des matières premières, notamment celle du prix du coton, baisse accentuée par une dépréciation continue du dollar par rapport à l’euro. |
ressortie à 12,5% du PIB. Quant aux dépenses, elles sont ressorties à hauteur de 840 milliards de francs CFA en 2007 contre 739 milliards de francs CFA en 2006, soit une hausse de 13,8%. Le déficit budgétaire est passé de 176,6 milliards de francs CFA à fin 2006 à 221,3 milliards de francs CFA en 2007, soit une dégradation de 44,7 milliards de francs CFA.
Analysant ces performances dans ce domaine selon le jargon et les normes communautaires, l’on peut dire que notre pays présente un haut de tableau satisfaisant mais a encore des efforts à faire au niveau du bas du tableau. En effet, le Burkina Faso respecte trois (03) des quatre (04) critères de premier rang. Le solde budgétaire de base sur le PIB nominal est de - 6,1% pour un objectif communautaire de 0% minimum ; le taux d’inflation se situe à 2,1% pour un objectif communautaire fixé à 3 % maximum ; le taux d’endettement, pour une norme communautaire de 70% maximum s’établit à 23,6%. Par ailleurs, le Burkina Faso n’a aucun arriéré de paiement en 2007 tant au niveau de la dette interne qu’externe.
S’agissant des critères de sec