Dur, dur de fermer une chambre noire
Ville de Ouagadougou
Dur, dur de fermer une chambre noire
Le 19 mars 2008, le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, lors d’une rencontre avec les gestionnaires des chambres closes avait donné un délai de trois (3) mois à ceux-ci pour changer d’activité compte tenu des dispositions du Code pénal en vigueur dans notre pays. Le lundi 14 avril dernier, les deux parties se sont de nouveau rencontrées et le bourgmestre a repoussé son ultimatum de 12 mois tout en promettant de sévir, avant même la fin de cette échéance, contre des "cas aberrants et insultants pour le genre humain".
"N’allez pas titrer la reculade de Simon ou écrire que face à la pression des gestionnaires des chambres de passe le bouillant maire était obligé de céder", c’est en ces termes que le maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré, s’est adressé aux hommes de médias à la fin de sa rencontre avec les gestionnaires des chambres de passe à
la plupart des maisons de passe sont situées sur des parcelles à usage d’habitation, dans des quartiers populaires ; la loi d’interdiction de la pratique est claire dans le Code pénal (articles 423 et suivants) ; et les pratiques dans ces maisons indisposent les voisins et mettent en péril les valeurs fondamentales de notre société.
Les propriétaires de ces lieux sont à l’évidence contre cette éventualité et soutiennent entre autres qu’ils luttent contre la pauvreté à leur façon. Simon Compaoré, qui est resté ferme, leur avait donné un délai de 15 jours pour se concerter avant de rencontrer les autorités municipales en vue de leur faire des propositions, que ces dernières apprécieront à leur juste valeur.
La rencontre du 14 avril avait donc pour objectif de permettre aux deux parties d’échanger sur le fruit des réflexions. Le "regroupement des propriétaires des chambres utilitaires, auberges et hôtels concernés par la fermeture de Simon", présidé par Sébastien Nanéma, a décliné aux autorités municipales les conclusions de leurs échanges, qui se résument aux doléances suivantes :
la reconnaissance du métier de gestionnaire de chambres de passe, qui sera soumis à un cahier de charges ; la mise en place d’une caisse de solidarité pour soutenir de jeunes filles prises en charge par la mairie ;
l’accompagnement des éléments de la mairie pour des sorties de contrôle et de sensibilisation, le déclassement des parcelles à usage d’habitation où des maisons closes ont été érigées ;
et la prolongation de deux ans du délai de leur fermeture. Il a aussi été demandé au maire de ne pas faire appliquer la mesure exclusivement aux parcelles à usage d’habitation détournées de leur destination pour y ériger des chambres de passe.
Simon Compaoré a fait remarquer que l’illégalité de la pratique fait qu’aucune de ces doléances n’est fondée et que son institution ne peut y accéder. En revanche, il a accordé un délai de 12 mois, après celui de trois mois initialement donné, pour que les gérants changent d’activités.
Pour lui, ce n’est pas une reculade, car une commission tripartite (gérants des chambres de passe, responsables de la mairie et de la police municipale) sera formée dans les tout prochains jours. Sa tâche sera d’effectuer des sorties sur le terrain pour sévir contre des "cas aberrants et insultants pour le genre humain", car "on ne peut pas cultiver les germes de la dépravation, qui avilissent la société".
A bien comprendre le maire, certaines maisons closes seront, suivant certains critères, fermées dans les jours à venir mais pas toute la centaine de chambres de passe de la ville de Ouagadougou.
C’est dans une année que la mesure s’appliquera à toutes. Comme on le voit, même si le bourgmestre ne veut pas l’accepter, il a fait une petite reculade et veut se racheter en promettant la fermeté dans les tout prochains jours. Que c’est dur dur de fermer une chambre déjà close.
Abdou Karim Sawadogo
Alima Koanda (stagiaire)
L’Observateur Paalga du 15 avril 2008