Epidémie de méningite au Centre-Ouest
La région du Centre-Ouest n’est toujours pas sortie du tunnel des malheurs. Après les nombreuses inondations qui ont endeuillé nombre de familles pendant la saison hivernale passée, la région est encore frappée par l’épidémie de méningite, mal récurrent au pays des hommes intègres. Pour en savoir davantage sur cette épidémie, nous avons rencontré le directeur régional de la santé du Centre-Ouest, le docteur Ali Patrice Combary qui a bien voulu répondre à nos questions.
"Le Pays" : Quelle est la situation de la méningite dans la région du Centre-Ouest ?
Docteur Ali Patrice Combary (APC) : Depuis le début de l’année, la région sanitaire du Centre-Ouest est frappée par l’épidémie de méningite dans un certain nombre de districts. A ce jour 4 avril 2008, à la 13e semaine, nous avons enregistré 1250 cas avec malheureusement 117 cas de décès. Ce qui donne un taux de létalité de 9,36% qui est acceptable selon les normes de l’OMS.
Est-ce que vous avez un plan de riposte face cette épidémie de méningite ?
Le plan de riposte existe, nous l’élaborons toujours après le plan de riposte au niveau national. Il est actuellement en train d’être mis en oeuvre. Les stratégies de riposte dudit plan sont entre autres, la surveillance épidémiologique, c'est-à-dire que nous faisons en sorte que tous les cas soient enregistrés et transmis au niveau supérieur, pour pouvoir faire la typologie du germe. La typologie se fait au niveau du laboratoire. Tous les malades chez qui on a pu prélever le liquide céphalorachidien, on fait l’examen pour déterminer le germe responsable.
La détection précoce et effectue la prise en charge des cas. Je profite de votre micro pour affirmer que la prise en charge des cas est gratuite sur toute l’étendue de la région. Je précise également que nous n’avons pas de problèmes de médicaments. L’une des stratégies, c’est l’information et l’éducation des populations pour les amener à se faire consulter tôt dès qu’il y a une suspicion de céphalée, de raideur de cou, ou de fièvre afin que le personnel sanitaire puisse faire un diagnostic et pouvoir prendre en charge si éventuellement il est avéré que c’est de la méningite. La dernière stratégie, c’est la vaccination. Si l’examen du laboratoire du liquide céphalorachidien a prouvé que c’est le germe type méningocoque A, C, c’est le germe qui est en général responsable des épidémies, nous procédons à la vaccination des populations.
A l’heure actuelle, les populations de l’ensemble de la région du Centre-Ouest, ont été ou sont entrain d’être vaccinées. Nous comptons 5 districts : 4 ont été vaccinés et nous sommes en train de vacciner le 5e, et je puis vous assurer que nous avons les vaccins nécessaires. Il n’y a pas de rupture de stocks et même s’il s’avérait qu’il y a une rupture, nous irons chercher des vaccins à Ouaga. Pour cela, il n’ y a pas d’inquiétude et comme la vaccination ne concerne pas tout le monde mais les personnes et les enfants âgés entre 2 et 30 ans, nous pensons qu’il n’y aura pas de problèmes.
Quelles sont les provinces les plus touchées par l’épidémie au niveau régional ?
Parmi les provinces les plus touchées, il y a le district sanitaire de Réo avec 678 cas dont 55 décès soit un taux de létalité de 8,1% suivi du district de Léo avec 149 cas et 16 décès, ensuite Koudougou avec 148 cas et 12 décès. Le district sanitaire de Nanoro avec 173 cas et 19 décès et enfin Sapouy, avec 102 cas et 15 décès.
Comment expliquez-vous l’évolution rapide de l’épidémie au niveau du district sanitaire de Réo ?
Tout dépend de l’origine. Nous sommes entourés d’un certain nombre de régions et en fonction des autres régions, la contamination peut venir et entraîner un flambée au niveau du district. Le même district a été vacciné en 2006 mais malgré cela nous avons enregistré des cas en 2007 et encore cette année.
Quels sont les conseils pratiques que vous avez à l’endroit des populations ?
Je dirai à chacun de se protéger en portant des masques et en humidifiant les narines avec du beurre de karité parce que nous sommes à une période d’harmattan qui est un facteur favorisant du fait qu’il véhicule les germes de la méningite. Dès qu’une personne a une fièvre qu’elle aille dans un centre de santé pour qu’on puisse dire s’il s’agit de la méningite ou pas d’autant plus que le traitement est gratuit. Quand la prise en charge est précoce ainsi que le traitement, le malade guérit sans séquelles. J’invite la population à se faire vacciner afin de s’immuniser contre la méningite due au méningocoque A et C. Je demande aux gens d’éviter surtout l’auto médication mais d’aller se faire soigner dans les formations sanitaires dès qu’ils ont des suspicions. Je remercie enfin le journal pour m’avoir donné l’occasion de présenter la situation de l’épidémie dans la région ainsi que les autorités qui ont réagi favorablement en mettant à notre disposition des vaccins et les médicaments pour la prise en charge des malades.
Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA
Le Pays du 9 avril 2008