Gestion du CDP : Le constat accablant de l’aile CNPP/PSD
Gestion du CDP : Le constat accablant de l’aile CNPP/PSD
vendredi 25 avril 2008.Camarade Président du CDP, Président du Bureau exécutif national
Camarade Président,
En février 1996, à l’initiative de Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso, naissait le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti politique issu de la fusion de plusieurs autres.
Pourtant, tout semblait les différencier, voire les opposer :
Un exemple : l’Organisation pour la démocratie et le progrès-Mouvement du travail (ODP-MT) avait fait élire son candidat à la Présidence du Faso en 1991 et jouissait d’une majorité parlementaire à l’issue des législatives de 1992. Il était donc le parti au pouvoir.
Par contre, la Convention nationale des patriotes progressistes-¬Parti social démocrate (CNPP-PSD) était la deuxième force politique du pays et le principal parti d’opposition.
Un autre exemple : sur le plan idéologique, l’ODP-MT, issu lui-même de la fusion de plusieurs partis exclusivement communistes, était d’obédience marxiste- léniniste.
Par contre, la CNPP-PSD affichait son option social-démocrate. D’autres partis, moins importants par leur taille, affichaient d’autres options idéologiques telle le libéralisme solidaire pour le Parti de l’action- pour le Libéralisme solidaire (PACT-LS) ou le libéralisme tout court pour l’Union des démocrates et patriotes du Burkina (UDPB) ou le Rassemblement démocratique africain ( RDA).
Malgré tout, cette fusion s’est faite pour donner naissance au CDP, traduisant la capacité des différents protagonistes (antagonistes) à opérer sur eux-mêmes un dépassement de soi au profit de l’intérêt national.
Et c’est sans conteste à partir de là que notre démocratie très agitée, et les affrontements CFD/ARDC sont encore vivaces dans toutes les mémoires..., c’est à partir de là, disons-nous, que notre démocratie a commencé à s’apaiser, évitant à notre pays la poursuite de troubles aux conséquences imprévisibles.
La douleur de la naissance du CDP, qu’auraient pu justifier les renoncements idéologiques pour certains ou le partage du pouvoir pour d’autres, a été considérablement atténuée par le consensus qui a prévalu. Partout et à tous les niveaux, tous les organes et structures du parti ont été mis en place sur cette base. On peut affirmer que c’est à partir de ce moment qu’un engagement fort a été pris dans le sens de l’approfondissement de la démocratie.
Fort de l’expérience de chacune de ses composantes, conscient de son rôle important de parti au pouvoir, soucieux d’être un véritable instrument d’avant-garde et de soutien à Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso, le CDP a pris d’importantes décisions à son congrès constitutif :
Mise en place d’une commission de contrôle chargée du respect de la ligne, de l’exécution des décisions et du règlement des conflits ;
Mise en place de commissions spécialisées. Permanentes, elles avaient un rôle de veille et d’avant-garde intellectuelles et devaient entretenir constamment une réflexion sur les sujets du moment mais aussi une réflexion anticipatrice qui permette une approche prospective indispensable à la gestion du pouvoir (gouverner c’est prévoir).
C’était là assurément quelques-unes des bonnes intentions et des bonnes décisions de notre grand parti qui entendait se donner les moyens d’une formation politique moderne, bien assise dans la réalité de notre pays, fort de l’expérience plurielle de ses différentes composantes et résolument projeté vers le progrès. L’objectif était clair : le progrès, par, et dans la démocratie.
Aujourd’hui, après une douzaine d’années d’existence, il est légitimement permis, sans prétendre faire un bilan exhaustif, de se poser des questions sur l’état de santé du CDP. Nous avons remporté de nombreux et grands combats électoraux : toutes les présidentielles, toutes les législatives, toutes les municipales. Nous en sommes légitimement fiers car cela est aussi le résultat d’objectifs que notre grand parti s’était fixés.
Mais laissons volontairement cela de côté car, précisément, « l’arbre ne doit pas cacher la forêt ». Restons un instant sur le fonctionnement et la vie du parti :
Une grande majorité des militants s’accorde pour dire que quelque chose ne va pas dans le parti. Certains semblent en avoir une vague conscience, d’autres sont plus précis, mais dans l’ensemble tous évoquent un malaise.
Sans vouloir rentrer pour le moment dans les détails, nous retenons entre autres causes :
. L’abandon du dialogue, pour ne pas dire du débat, au profit d’une dérive autoritaire et sectaire. C’est un fait que vous reconnaissez vous-même implicitement à la lecture du communiqué que vous avez signé à l’issue de la 34e session ordinaire du bureau politique national le 5 avril 2008.
Nous vous citons :
"Partant du fait que l’approfondissement de la démocratie est un processus dynamique et continu qui nécessite une ouverture d’esprit, une projection sereine dans l’avenir et une approche systémique des questions politiques y relatives, le Bureau politique national (BNP) a réaffirmé la nécessité d’approfondir la réflexion et d’ouvrir les débats contradictoires sur les réformes politiques et institutionnelles."
. La suppression des commissions spécialisées et le non-fonctionnement de la commission de contrôle qui font qu’aujourd’hui, d’une part on réfléchit de moins en moins collectivement dans le parti, et d’autre part les nombreux problèmes au sein du parti ne trouvent pas de solution puisqu’aucun centre ne les gère. Les militants ne savent même plus vers qui ou quoi se tourner pour trouver des solutions aux crises qui ne font que se multiplier, entraînant une certaine démobilisation.
Pour la première fois, des décisions du parti ne connaissent pas d’application conséquente : selon vos informations à la réunion du BPN du 5 avril 2008, les structures du parti ont été renouvelées dans seulement 20 provinces sur les 45 que compte le Burkina Faso, malgré la date butoir du 31 décembre 2007 que fixait votre directive. Bien que vous ne l’ayez pas souligné, nous constatons que les contestations sont légion dans ces 20 provinces.
Très souvent, c’est l’abnégation de certains camarades et leur sens élevé de l’intérêt supérieur du parti qui ont permis la mise en place des structures.
. La perte progressive et importante de la confiance des militants vis-à-vis de la direction du parti.
. La peur, le manque de courage de beaucoup de militants dans l’expression et la défense de leurs idées.
A force de se voir imposer des décisions, ils ont renoncé maintenant au débat. A titre d’exemple, à la dernière réunion du BPN le 5 avril 2008, vous avez exposé sur le 1er point portant sur la situation nationale (les émeutes contre la vie chère et le départ du camarade Salif Diallo du gouvernement). Après votre exposé, combien de questions vous ont été posées ? Très peu. Pourtant il y avait des centaines de camarades dans la salle, et vous savez qu’en d’autres temps et sur un sujet aussi important, c’est au moins deux listes de 50 intervenants que vous auriez inscrites.
. La non-reconnaissance du mérite militant ; à force de faire la promotion par copinage de gens inconnus comme militants au détriment de ceux qui se battent au quotidien sur le terrain politique, la lassitude a envahi nos rangs.
. La création ou la suscitation de "vraies fausses crises" avec pour simple objectif l’humiliation de camarades pourtant dévoués à la cause du parti. Certains d’entre eux, et, quelquefois même, pas des moindres, ont dû, à leur corps défendant, quitter notre parti. Tout se passe comme s’il y avait d’un côté le président Compaoré qui se veut homme de rassemblement au point d’avoir consacré un septennat (1997-¬2002) au large rassemblement, soutenu en cela par des patriotes convaincus ; et de l’autre, certains petits malins qui jouent à la division et à l’exclusion avec une volonté non avouée, parce que non avouable, de saper les fondements mêmes de la politique du président.
. L’arbitraire dans l’établissement des listes électorales.
. Etc.
C’est là un constat plus qu’accablant sur la vie de notre parti.
Nous pensons qu’il est plus que temps de redresser la barre, de recentrer le mode opératoire de la gestion de notre parti, en d’autres termes, d’ouvrir la voie à des réformes internes claires pour répondre à l’attente des militants, répondre à l’exigence du présent et de l’avenir, afin d’envisager avec clairvoyance et sérénité la construction de notre chère patrie.
Pour notre part, nous vous informons que ce sera désormais la ligne de notre combat à l’intérieur du parti. Notre conviction est que seul ce combat est capable de redonner à notre parti, le CDP, son lustre d’antan et de lui permettre de soutenir l’action du président Blaise Compaoré pour des victoires encore plus éclatantes au profit de toutes les masses laborieuses et du Burkina Faso tout entier.
Recevez, Camarade Président, nos salutations militantes.
Ouagadougou, le 23 avril 2008
Ont signé :
Pierre Joseph Tapsoba, ancien ministre, ancien député, secrétaire à la formation politique et civique du CDP, membre du Bureau exécutif national ;
Oubkiri Marc Yao, ancien ambassadeur, ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale, 2e vice-président du CDP chargé des relations extérieures, membre du Bureau exécutif national ;
Moussa Boly, ancien député, ancien questeur de l’Assemblée nationale, secrétaire chargé de l’emploi et de la formation professionnelle , membre du Bureau exécutif national ;
Emile René Kaboré, ancien ministre,député, membre du Bureau politique national ;
R. Mathieu Ouédraogo, ancien ministre, membre du Bureau politique national ;
Amadé Taho, ancien député, membre du Bureau politique national.