Grève à l’UFR/SDS : \"Nous travaillons à trouver des solutions réalistes...\" Baba Hama, directeur de cabinet du ministère de la Santé
Grève à l’UFR/SDS : "Nous travaillons à trouver des solutions réalistes..." Baba Hama, directeur de cabinet du ministère de la Santé
lundi 28 avril 2008.Sidwaya (S.) : Les étudiants ont voulu organiser un sit-in au sein du ministère de la Santé. Qu’est-ce qui a motivé la non-autorisation de cette manifestation ?
Baba Hama (B.H.) : La délivrance d’une autorisation pour manifester obéit au respect de l’ordre public et cela ne relève pas du ministère de la Santé. Du point de vue de la position géographique du ministère de la Santé, il était difficile aux autorités compétentes de permettre un sit-in dans un local largement partagé par d’autres ministères. Alors si le sit-in n’a pas été autorisé, c’est dans le souci de préserver la quiétude des autres ministères.
S. : Lors de la marche du 4 avril dernier des étudiants, vous avez reçu une plate-forme d’action. Vous y avez répondu mais apparemment les étudiants semblent insatisfaits... ?
B. H. : Avant toute chose, je suis étonné que l’on parle de non satisfaction alors que de notre côté nous pensons que les choses avancent. Pour revenir à l’historique, il y a un certain nombre de points de la plate-forme d’action des étudiants dont la résolution selon eux, mais aussi, dans la pratique devraient trouver réponse au niveau du ministère de la Santé. Il s’agit de la réouverture du concours d’internat 2006-2007, de l’élaboration de textes consensuels sur le statut de l’étudiant (stagiaires internes et externes dans les hôpitaux), l’élaboration de textes consensuels sur le régime indemnitaire applicable à ces stagiaires et de leur augmentation. Enfin et, subsidiairement, la vaccination des étudiants qui ne figure pas de manière explicite dans la plate-forme. C’est le 18 mars 2008 que le ministère de la Santé a reçu une copie de cette plate-forme. Dès réception de cette plate-forme, une réponse a été donnée d’abord à travers une réunion avec les étudiants le 27 mars en présence du Secrétaire général du ministère de la Santé. Ensuite, il y a eu la marche du 4 avril et le 8 avril, une réponse écrite a été adressée aux étudiants.
S : Quelles sont alors les propositions du ministère ?
B. H. : Le ministre de la Santé et celui des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique ont reçu les délégués des étudiants et ont fait des propositions nouvelles et récentes. Alors, par rapport à la réouverture des concours d’internat (médecine et pharmacie), nous avons expliqué aux étudiants qu’il était très difficile d’organiser deux concours la même année et je crois que les étudiants étaient d’accord avec nous. Deux raisons expliquent cette difficulté. La première est d’ordre budgétaire et le second académique. Une administration fonctionne sur le budget de l’année qui est un exercice annuel. On ne peut pas faire deux concours en même temps. Pour la seconde raison, académique et technique, il faut la disponibilité des professeurs pour la correction des sujets. Ils ont un calendrier assez chargé pour qu’on puisse les mobiliser pour deux concours. Une autre raison, subsidiaire, est que partout on organise un concours par an. En revanche, pour répondre aux soucis des étudiants, il a été décidé d’organiser ce concours en octobre 2008. Cela permettra à tous les étudiants de 7e année de médecine ou de 6e année de médecine qui ont validé leur année en 2007 et ceux l’ayant fait en 2006 et en 2005 de pouvoir y prendre part. Cela permettra également aux étudiants de 7e année médecine et 6e année pharmacie qui auront validé leur année lors de la session prochaine de juin et juillet 2008 ou même qui l’auront validé lors de la session de septembre prochain de pouvoir prendre part au concours. Le ministère est même disposé à accorder aux étudiants de compléter leur dossier 72 h avant l’affichage définitif de la liste des candidats. Cette donne est valable pour les étudiants qui auront à participer à la session de septembre. De ce point de vue, il y a une ouverture qui est faite. Et, mieux dans la lettre du ministre d’Etat, ministre de la Santé en date du 8 avril, il a été précisé que le gouvernement va examiner la possibilité d’augmenter le nombre de places. Cela veut dire que pour tous ceux qui n’ont pas pu prendre part au concours de 2006-2007, puisqu’il n’a pu se tenir, plus ceux qui vont être éligibles pour 2008, l’augmentation du nombre de places pourra résoudre le problème.
S. : Qu’en est-il de l’élaboration des textes consensuels sur le statut des étudiants ?
B. H. : Au jour d’aujourd’hui, le ministère de la Santé a décidé de concert avec les ministères des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique et celui des Finances de mettre en place une commission qui regroupera toutes les parties (ministères, ANEB, corporation ANEB de l’UFR/SDS). La commission aura pour tâche d’élaborer les textes consensuels sur les statuts et également les textes sur les indemnités. Le ministre d’Etat, ministre de la Santé a déjà signé le texte portant création de la Commission et au cours de la semaine, les deux autres ministères concernés en feront autant. Le problème des indemnités doit être discuté et réfléchi très sérieusement. Notre pays a une pratique originale en matière d’indemnité de stage pour les étudiants en médecine. Au Burkina Faso, les étudiants stagiaires de la 4e à la 6e année médecine ont droit à 20 000 F CFA par mois. Idem pour les étudiants de la 4e à la 5e année pharmacie. En 7e année de médecine, vous bénéficiez de 50 000 F CFA/mois de même pour la 6e année de pharmacie. Il faut aussi rappeler que c’est le ministre de la Santé qui, dans le souci de valoriser le capital humain et d’avoir des médecins aguerris a ressuscité le concours d’internat en 2005. En 2005, il y avait 752 bénéficiaires des indemnités. Ce qui a donné un déblocage de l’ordre de plus de 261 millions de F CFA. En 2007, il y avait 1 124 bénéficiaires pour une enveloppe de plus de 385 millions de F CFA. Alors que dans la sous-région, les rares pays qui ont ce genre de paiement d’indemnité, l’on procède par contingentement. Le pays le plus généreux tourne autour de 360 étudiants. Certains prennent 40, d’autres 60 étudiants. Il est clair que dans ces cas de figure, des montants avoisinent 80 000 F CFA/mois.
S. : Qu’en est-il de la vaccination ?
B. H. : Le ministère a reconnu, même si cette revendication n’était pas écrite noir sur blanc dans la plate-forme, que c’est tout à fait normal de leur accorder cela. Donc, les étudiants seront vaccinés.
Entretien réalisé par Daouda Emile OUEDRAOGO
Tiéba Millogo, délégué général de la corporation ANEB de l’UFR/SDS : "Notre détermination est la traduction de la réalité de nos difficultés"
Du côté des étudiants, l’on n’est pas satisfait de la réponse du ministère de la Santé. Tiéba Millogo de la corporation ANEB de l’UFR/SDS pense que les autorités veulent remettre en cause leurs acquis. Explication.
Sidwaya (S.) : Vous avez organisé un meeting ce matin (NDLR : le 25 avril 2008). Dites-nous quel est l’objet de cette manifestation ?
Tiéba Millogo (T.M.) : L’objectif de la manifestation est de protester contre les réponses données par le ministère de la Santé à nos revendications consignées dans une plate-forme d’action adoptée le 6 novembre 2007.
S. : Quelles sont les réponses données par le ministère et pourquoi n’êtes-vous pas d’accord avec celles-ci ?
T.M. : Pour comprendre ces réponses, il faut d’abord relever le fait que nos points de revendications sont anciens. Certains points sont des acquis sur lesquels les autorités sont revenues. Nous demandons juste le respect de ces acquis. La première des choses est le concours d’internat. Nous avons demandé la réouverture du concours d’internat 2007-2008 pour permettre à l’ensemble des étudiants qui ont validé leur année et qui remplissent les conditions de pouvoir y participer. Il avait été prévu son organisation en octobre 2007 mais les étudiants l’ont boycotté.
S. Pourquoi ?
T.M. : Tout simplement parce qu’ils n’avaient pas les résultats de leurs examens. Il y avait juste 14 candidats pour 30 places en médecine, 8 candidats pour 10 places en pharmacie. Visiblement, il y avait une exclusion de fait d’une partie des candidats qui n’avaient pas leurs résultats. Nous avons demandé le prolongement de la date de dépôt des dossiers pour permettre aux camarades en fin d’année académique 2006-2007 de postuler. Cela n’a pas été le cas.
S. : Quelle est votre position par rapport aux statuts des étudiants ?
T.M. : Nous avons demandé à ce que des textes clairs et consensuels soient rédigés pour les étudiants des CHU. Ces textes vont régir la présence des étudiants dans les CHU. Le troisième point est celui des indemnités de stage. A cet effet, nous avons demandé qu’il soit élaboré des textes clairs qui régissent ces indemnités de stage et que leur taux soit revu à la hausse. Je précise à ce niveau que les taux que nous demandons sont ceux que nous avons revendiqués en 99-2000. A cette période, lorsque nous avons mené la lutte, à un moment donné, l’autorité a accepté de donner 20 000 F comme somme de sortie de crise en promettant que par la suite une commission allait fixer les taux définitifs et élaborer en même temps le texte sur les indemnités de stage. C’est un engagement qui n’a pas été respecté et aujourd’hui nous demandons son respect. Le dernier point concerne la vaccination. Depuis 99-2000, nous sommes censés être vaccinés contre l’hépatite B, la méningite, le tétanos et la fièvre jaune. Depuis 2 ans, cette vaccination n’est plus effectuée. Alors nous demandons que cet acquis soit respecté.
S. : Le ministère de la Santé a affirmé que la vaccination sera rétablie et qu’une commission regroupant toutes les parties va être créée pour résoudre la question des statuts. Quelle est votre position par rapport à cette nouvelle donne ?
T.M. : Nous sommes surpris par cette réponse. Nous avons rencontré, il n’y a pas plus d’une semaine le ministre d’Etat, ministre de la Santé et celui des enseignements secondaires. Ils nous ont envoyé une réponse écrite. Sur la question des vaccinations, ils ne nous ont pas dit qu’ils vont nous donner des doses. Ils nous ont dit que les étudiants seront vaccinés s’il est nécessaire pour eux de vacciner le personnel du service où les étudiants font leur stage. Cela est un recul parce que nous savons que le personnel a droit à la vaccination mais elle n’est pas effective. Egalement, le ministère feint d’ignorer la question alors qu’elle n’est pas nouvelle. De par le passé, on nous donnait nos doses afin que nous les administrions nous-mêmes au sein de la faculté. Pourquoi désormais, on voudrait nous renvoyer aux vaccinations hypothétiques du personnel qui ne sont pas effectuées. Pour ce qui est des statuts, une commission avait voulu être créée en 2006. Nous avons refusé d’y adhérer du fait que les conditions n’étaient pas remplies pour une efficacité de la commission. Pour la nouvelle commission nous attendons de voir car si nous sommes hors des amphi, c’est parce que nous pensons que les conditions que nous avons posées ne sont pas hors de portée du gouvernement. Nous attendons une commission très claire avec des délais précis et des objectifs clairs. Avec une telle commission nous ne voyons pas pourquoi les étudiants vont refuser d’y prendre part.
Propos recueillis par D.E.O
Sidwaya