Hommage à Halidou Ouédraogo : Les larmes d’un témoin
Hommage à Halidou Ouédraogo : Les larmes d’un témoin
mercredi 28 mai 2008.Les initiatrices de cette cérémonie d’hommage à Halidou Ouédraogo sont huit organisations de la société civile. Il s’agit de : l’Institut de recherche et d’intervention socioinstitutionnelle pour l’Afrique (IRIS Afrik) ; le Mouvement burkinabè des droits de l’homme (MBDHP) ; le Manifeste des intellectuels pour la liberté ; la Fondation Thomas-Sankara ; la Ligue pour le défense de la justice et de la liberté (LI.D.E.J.EL.) ; le Centre international d’études sociologiques et de droit appliqué (CINESDA) ; l’Association Sidpawalmdé pour le droit au logement (ASP.DRO.L.) ; le Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS). La cérémonie a été ouverte par le représentant des organisations de la société civile, Jonas Hien.
Selon ce dernier, notre pays a connu « des hommes qui, au risque de leur vie, ont osé donner de la voix pour… lutter contre toutes formes de soumissions et réclamer l’instauration des libertés démocratiques et l’amélioration des conditions de vie des citoyens ».
Est de ceux-là Halidou Ouédraogo qui, selon M. Hien, se singularise par sa constance dans la lutte et la recherche de la justice au profit des sans-voix du Burkina et d’ailleurs.
Son engagement en 1998 dans le cadre du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques contre l’impunité, créé par suite de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, a permis à notre peuple, dira Jonas Hien, « d’arracher des acquis démocratiques incontestables ».
Halidou Ouédraogo renchérit le président du MBDHP, Chrisogone Zougmoré, est « un défenseur intrépide des causes justes, faisant l’impasse de la fatigue physique et intellectuelle, de la peur et de la compromission pour se consacrer avec pragmatisme et détermination à l’action quotidienne pour le bonheur du peuple burkinabè, des peuples d’Afrique et du monde ». D’où son élévation depuis octobre 2007 au rang de président d’honneur du MBDHP.
L’intitulé de l’ouvrage, « Halidou Ouédraogo, une vie de lutte », du docteur Vincent Ouattara, qui a été présenté au cours de cette cérémonie, dira Jonas Hien, est bien à propos. La maladie a certes coupé le contact permanent de Halidou Ouédraogo avec son peuple depuis février 2006, poursuit-il, mais cela ne doit pas donner l’impression qu’on l’a oublié.
Car le « Président du pays réel » est de « ces hommes dont les hauts faits n’autorisent pas l’oubli ». Nouhoun Ouédraogo est né le même jour, la même année et dans la même maternité, qu’Halidou Ouédraogo.
Il a dit ne pas être étonné de ce qu’est devenu Halidou, car son enfance portait déjà les prémices de son militantisme affirmé dans le syndicalisme. Il faut également, selon lui, rendre hommage à sa femme, Yvonne, qui lui a été d’un grand soutien. Pour Me Bénéwendé Sankara, « Halidou Ouédraogo est un monument, un homme qui a de la conviction et de la foi », en termes de lutte citoyenne.
A cet effet, il est, de son point de vue, « un véritable repère », surtout pour ses qualités humaines. Il a dit l’avoir admiré quand celui-ci a pardonné au policier qui lui tondait la tête à la Sûreté en lui disant : « Ce n’est pas de ta faute ; la main qui commande est ailleurs ». Le Burkina, a dit Me Sankara, a besoin d’hommes intègres comme Halidou Ouédraogo, à qui le peuple doit ce qu’il a pu capitaliser en termes de réformes politiques.
Pour le Pr. Jean-Baptiste Kientèga, Halidou Ouédraogo a été très tôt un rassembleur. Cependant, l’archéologue a laissé entendre qu’il ne partageait pas toujours les points de vue de celui avec qui il a fait l’enfance, « surtout quand il a créé le Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV) ». Moussa Roger Tall, âgé de 72 ans, déclare à son tour que « Halidou Ouédraogo… donne l’espoir que le Burkina pourra progresser ».
Sous la pression du Collectif, dirigé par Halidou, est né le Collège de sages, qui a préconisé « Vérité, justice et réconciliation » pour sortir notre pays de la crise. Mais voilà, a-t-il dit, que les leaders des confessions religieuses ont préféré faire le contraire, en cautionnant la « Journée nationale du pardon ». Sur ces mots, le septuagénaire n’a pas pu retenir ses larmes.
Les organisations initiatrices de la présente cérémonie ont lancé un appel à contribution pour permettre à Halidou Ouédraogo d’achever ses soins.
Hamidou Ouédraogo
L’Observateur