Journée d'affrontements entre étudiants et gendarmes

Université de Ouaga

Journée d'affrontements entre étudiants et gendarmes

 

Situation extrêmement tendue au campus de Zogona hier mardi. A l'origine des affrontements violents qui ont eu lieu, une marche des étudiants des UFR / SVT et SEA sur la présidence de l'université, pour faire avancer leurs plates-formes revendicatives. Ambiance.

 

"On ne s'attendait pas à ce que la situation dégénère ainsi", s'époumone un étudiant sur le boulevard Charles de Gaulle, un gros caillou dans la main droite. Ceux qui tentent de circuler à hauteur de l'université sont refoulés par les manifestants. Que s'est-il passé ? L'un d'entre eux indique que c'est le gaz lacrymogène qui les a chassés de leurs travaux dirigés (TD) en faculté de droit. Un autre qui semble mieux informé tente une explication : "Les étudiants des UFR Sciences de la vie et de la terre (SVT) et Sciences exactes et appliquées (SEA) ont tenté d'organiser une marche pacifique sur la présidence de l'université. Mais ils ont été bloqués par les gendarmes", assure-t-il. Selon d'autres informations recueillies sur place, la gendarmerie serait stationnée au campus de Zogona depuis des jours. Un autre étudiant précise même que depuis l'arrivée du Pr Jean Couldiaty à la présidence de l'UO, le dialogue est rompu avec le associations. Et c'est ce qui expliquerait le recours aux forces de l'ordre. D'autres informations alarmantes circulent : les gendarmes seraient appuyés par le "conseil" et ils tireraient à balles réelles sur les manifestants. Bien sûr, l'air est pollué par les gaz lacrymogènes sur l'avenue Charles de Gaulle. Nos décidons de nous rendre à la présidence de l'université en contournant le théâtre des opérations, c'est-à-dire le boulevard. A quelques mètres de notre destination, nous sommes stoppés par des militaires. L'un d'eux, visiblement jeune, tient un fusil. Quand nous déclinons notre identité et l'objet de notre présence, il nous cède le passage tout en nous recommandant la prudence. Un conseil dont nous n'allions pas tarder à voir l'utilité. Notre véhicule de reportage traverse donc à quelques mètres un barrage de gendarmerie et nous voilà dans l'antre de la présidence de l'université de Ouaga. Avons-nous été bien inspirés ? Ce n'était pas évident. Des gendarmes visiblement débordés tentent d'empêcher les étudiants d'entrer par la porte principale. Ceux-ci résistent en lançant des cailloux. Une situation irréelle. Des gendarmes leur retournent aussi des pierres. Visiblement, ils sont impuissants puisqu'ils semblent n'avoir plus de grenades lacrymogènes. Ils replient vers la porte sud de la présidence, désemparés devant cette pluie de pierres qui s'abat sur les toits des bâtiments et sur la cour. Mais, un pandore semble avoir été touché à la poitrine. Deux de ses collègues tentent de l'isoler. Hors de la présidence de l'université, l'affrontement se poursuit : les gendarmes recommencent à attaquer les étudiants avec l'appui d'un véhicule dans lequel se trouvent des éléments qui chargent avec les gaz lacrymogènes. Les étudiants se dispersent alors que leurs vis-à-vis prennent leur courage pour avancer. Au total, nous n'avons trouvé personne à la présidence de l'université pour nous expliquer la situation. Du côté de l'ANEB, son président que nous avons joint au téléphone, affirme seulement que les plates-formes des UFR/SEA et SVT sont connues depuis le mois de février dernier. Quand nous tentons de poursuivre la conversation, il nous avoue qu'il n'est pas en mesure de le faire. Quand nous lui demandons de venir à notre siège pour nous expliquer les choses, il nous répond que la situation sécuritaire est précaire. Jusque dans la soirée, les courses poursuites continuaient entre gendarmes et étudiants. A propos des moyens utilisés par les forces de l'ordre, un habitant de la zone du bois nous a joint au téléphone pour nous dire qu'il a reçu une balle réelle dans sa chambre. Le président de l'UGEB a lui révélé qu'il y a eu deux blessés graves et que le mouvement va se généraliser.

 

Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays du 18 juin 2008

 



19/06/2008
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