La drôle de guerre du gouvernement contre la vie chère
Lutte contre la vie chère
La drôle de guerre du gouvernement
Soyons objectifs : la vie chère est mondiale. Son antidote, s'il existe (et nous croyons qu’il existe) se situe aussi à l’échelle mondiale, du fait de la quasi- planétarisation de l’économie en ce XXIe siècle.
Il n’empêche, chaque Etat, à coups de réformettes ou de mesures conjoncturelles, tente, avec plus ou moins de réussite, de minimiser les effets de cette flambée des prix sur la vie des populations dont il a la charge.
A l’heure où tout semble donc se limiter à la recherche de solutions palliatives, le gouvernement burkinabé, il faut s’en féliciter, y est aussi allé de ses thérapeutiques. Parmi ces mesures gouvernementales, on peut retenir la mise en place, à l’Assemblée nationale, d’une commission sur la vie chère ; la suspension, pour six mois, des droits de douanes concernant les produits de première nécessité et la suggestion aux commerçants des prix de vente au détail de certaines denrées alimentaires. Même si, jusque-là, ces décisions sont comme un cautère sur une jambe de bois, on ne peut pas faire grief à nos dirigeants d’être sourds aux gémissements du panier de la ménagère.
Mais, s’il est une mesure sur laquelle le consommateur ne trouve toujours pas son compte, c’est bien celle portant sur les prix suggérés, qui, soit dit en passant, a divisé les commerçants en deux catégories : les consentants, c'est-à-dire ceux qui ont accepté de suivre les indications du ministère du Commerce, et les résistants, que certains n’hésitent pas à qualifier d’affameurs du peuple.
Pour ne pas courir le risque de faire disparaître du marché les produits de consommation courante, l’Etat renonce à sa prérogative constitutionnelle de fixer une bonne fois les prix des denrées. En effet, l’article 1er de la loi 15-94/ADP du 5 mai 1994 ainsi que son décret N° 2003-615/-RES/PM/MCPEA/MFB du 26 novembre 2003 autorisent le ministre du Commerce à «adopter des mesures temporaires contre des hausses excessives de prix lorsqu’une situation de crise, des circonstances exceptionnelles ou une situation anormale du marché dans un secteur économique donné les rendent nécessaires…».
De deux choses, l’une : ou bien les craintes du gouvernement sont bien fondées et dans ce cas c’est la loi 15-94 qui est inadaptée aux règles du marché et par conséquent mérite d’être élaguée de l’armature législative, ou bien ladite loi a sa raison d’exister et dans ce cas elle doit être appliquée comme l’exigent les circonstances.
A moins que dans cette lutte contre la vie chère, l’Etat refuse d'avoir recours à l’arme absolue. Et dans ce cas, il s’agirait d’une drôle de guerre qui ne fait pas rire le consommateur.
Rabi Mitbkèta
L’Observateur Paalga du 20 avril 2008