Le courant renovateur annoncé au CDP : Alerte sérieuse ou pipi d’chat ?
Le courant renovateur annoncé au CDP : Alerte sérieuse ou pipi d’chat ?
Il y a d’abord ceux qui n’en finissent pas d’ironiser autour de cette sortie désespérée de quelques éléments, disent-ils, « HS » (NDLR : hors service) du CDP pour lesquels le jugement est sentencieux, définitif : c’est une tempête dans un verre d’eau. D’autres gratifient cette correspondance interpellative d’un méprisant « pouah », estimant que l’acte de courage aurait dû se manifester plus tôt, au moment où, après moult faits de déconsidération, ils ont été traités comme des moins que rien, classés au rabais sur les listes des dernières élections législatives. Ils disent même : « Bien fait ! » car ils n’auraient ainsi récolté que ce qu’ils ont semé, eux qui sont allés se vendre bien moins cher dans un marché où leur acquéreur ne pouvait que sucer leur jus au plus près et les jeter après coup comme de vulgaires peaux d’orange !
Pardi, il faut que de tels avis existent aussi, sinon nous ne serions pas au Burkina Faso ! Mais grâce à Dieu, pour faire bonne balance, il y en a qui voient les choses autrement. Parmi ces derniers, il y a ceux qui estiment que ce coup de gueule vient confirmer le sentiment de malaise voire de crise dont on n’a jamais voulu dire le nom au sein du CDP et encore moins dans le pays. Une crise que cependant, on a fini par voir comme le nez au milieu du visage avec la création de ce regroupement hybride, fait de tontons, tanties, cousins et autres vieilles branches, soutenant Blaise Compaoré (et qui avance cagoulée), l’éviction de Salif Diallo et bien d’autres petites fumées qui annoncent sinon un « feu », le dégraissage du mammouth.
Pour d’autres aussi, la gueulante est comme un chant du cygne. Elle vient de personnalités du parti (Oubkiri Marc Yao, 2e vice-président du CDP chargé des relations extérieures, membre du Bureau exécutif national, Pierre Joseph Tapsoba, ancien ministre, secrétaire à la formation politique et civique du CDP, membre du Bureau exécutif national, Emile Kaboré, ancien ministre, membre du Bureau politique national…), bref, d’hommes qui n’ont pas été façonnés comme bien de politiques du CDP, à la CDR ou par Blaise Compaoré. Ceux-là avaient une personnalité avant de co-fonder le parti, disons même un solide « background » pour être passé à bonne école. S’ils osent (dans cette maison où, de l’avis des habitants, la suspicion, la délation, les intrigues règnent en maîtresses absolues et où le courage n’est pas la chose la mieux partagée) hausser ainsi le ton, c’est que les carottes sont bel et bien cuites, que la bataille pour le dépeçage a commencé.
Qui va, avec tout ça, nous situer réellement sur l’étendue du problème ?
Apparemment, le président du CDP, destinataire d’une lettre dont la réponse était tant attendue, apporte, quoique de façon mi-figue mi-raisin, une indication de taille dans l’Observateur Paalga du 2 mai 2008. Malgré les critiques faites aux protestataires d’être passé par le canal des médias (ce qu’il a considéré comme « inacceptable »), il a emprunté la même voie pour y donner suite ! Réponse du berger à la bergère qui vaut en même temps droit de réponse ? Peut-être ! En tout cas, si des avis généralement bien autorisés avaient prédit que ça allait cailler pour les impertinents « courantistes », qu’ils allaient se faire jeter, lourder Comme du poisson pourri, du CDP, ils ont apparemment eu faux puisque les « rats » n’ont pas été jetés par-dessus bord, l’ultime sanction n’étant pas tombée. Roch Marc Christian Kaboré a eu une réponse qui est un chef-d’œuvre dont Ponce Pilate ou Salomon ne rejetterait pas la paternité. Il s’est tenu à équidistance des uns et des autres, faisant le service minimum. Il n’a pas abondé dans le sens de la lettre mais il n’a pas pour autant réagi à la hauteur annoncée. L’homme a laissé le temps au temps ; le piment, on ne le mangera pas dans sa bouche ! En d’autres temps, des camarades pète-sec auraient obtenu la « fatwa » de rigueur !
D’une certaine façon, il y a là à bien y regarder, la reconnaissance que dans le navire CDP, tout ne va pas pour le mieux, le message que le parti traverse une zone de tempête et que ce n’est pas le moment d’en rajouter à des tourments qui viendront bien tout seuls, en surplus. Pour être maintenant depuis plus longtemps que ses prédécesseurs, mandataire en chef à la tête du parti présidentiel, le fils de Charles Bila Kaboré a appris à maîtriser la « météo » dans la grande maison ! Il sait que si le temps est à l’orage, ce n’est pas à cause des « courantistes », dont du reste semble-t-il, les correspondances d’alerte (transmises au nez et à la barbe des médias) commencent à s’empiler sur son bureau. Non, la pluie qui vient est portée par les nuages que sont la FEDAP/BC, le départ de Salif Diallo et bien d’autres peaux de banane jetées par ci par là en tapinois par les uns et les autres, souvent même contre le grand patron et sur lesquelles on commence à glisser.
Alors, Roch Marc Christian Kaboré confie le sort des rénovateurs comme du reste le sien propre et celui du parti, au destin, au prochain congrès, au dessein caché de la FEDAP/BC, somme toute à la volonté du grand oracle Blaise Compaoré. C’est de lui que tout part et c’est vers lui que tout revient, quoique par les temps qui courent, il y en ait qui trouvent à y redire.
San Finna