Le MBDHP demande la lumière sur la mort d'un jeune éleveur
Tikaré
Le MBDHP demande la lumière sur la mort d'un jeune éleveur
Le mystère entoure toujours la mort du jeune éleveur Halidou Diandé le 26 avril dernier après son interpellation par le commissariat de police de Tikaré dans la province du Bam. Dans le communiqué ci-dessous, le MBDHP exige toute la lumière sur cette affaire.
Le 23 avril 2008, monsieur Ahmadou Diandé, éleveur à Tikaré dans la province du Bam, confiait à son fils du nom de Halidou Diandé, âgé de 18 ans, la charge de surveiller son troupeau de moutons. Ce dernier, dans des conditions non encore élucidées, sera arrêté et conduit au commissariat de police de Tikaré pour tentative de vol d’un mouton. Alerté, monsieur Ahmadou Diandé se rendra audit commissariat afin de s’enquérir de la situation de son fils. Sur place, il sera informé d’une tentative d’évasion du détenu ayant occasionné des dégâts au commissariat ; dégâts qu’il fera réparer le même jour à ses propres frais, sur ordre du commissaire de police, sans pour autant être autorisé à voir son fils. Aucun membre de la famille ne sera d’ailleurs autorisé à rendre visite au jeune Halidou Diandé durant sa garde à vue. Les policiers interdiront même à la mère du détenu de lui envoyer de la nourriture. Et le 26 avril 2008, aux environs de 5 heures du matin, monsieur Diandé sera informé de l’évacuation de son fils au centre médical de Tikaré où il serait décédé des suites de maladie. Arrivé sur les lieux, il constatera des hématomes sur le corps sans vie de son fils ; laissant ainsi présager de tortures subies par Halidou Diandé. De sources médicales et contrairement à la version de la police, le jeune Diandé serait arrivé déjà mort au centre médical.
Cette situation dramatique pose de façon cruciale la question des conditions de détention dans notre pays de manière générale et plus particulièrement des conditions de détention pendant l’enquête de police.
L’opinion se souviendra des multiples interpellations du MBDHP à ce sujet. Mais rien n’y fait. Les choses demeurent en l’état. Aujourd’hui, la tendance est même à la banalisation des actes de torture dans les centres de détention au Burkina Faso.
Ainsi, sous le couvert de la lutte contre l’insécurité, de nombreux citoyens sont arrêtés et détenus très souvent de façon arbitraire dans certains postes de police et de gendarmerie où ils subissent bien souvent des atteintes graves à leur intégrité physique.
Malheureusement, les auteurs de tels actes bénéficient généralement du silence complice de leur hiérarchie ainsi que des autorités judiciaires. Nous gardons toujours en mémoire les exécutions extrajudiciaires et sommaires de Abdoul-Aziz Ouédraogo, Adama Savadogo, Jean-Baptiste Nakanabo à Boulporé dans la nuit du 6 au 7 décembre 2005, de Djolgou Yarga, Badembé Lankoandé et Hamissonguini Mano à Bogandé le 28 octobre 2006, etc.
Pour le MBDHP, ces cas sont de nature à ébranler davantage la confiance déjà fragile entre les citoyens et les forces de sécurité, ouvrent la voie à tous les excès et pourraient également servir de couverture pour des règlements de compte ou des assassinats d’honnêtes citoyens.
C’est pourquoi, le MBDHP :
1. Condamne les conditions de détention ayant conduit à la mort de Halidou Diandé dans les locaux du commissariat de police de Tikarè ;
2. Exige des autorités politiques et judiciaires de notre pays :
- que toute la lumière soit faite sur la mort en détention de Halidou Diandé et qu’au-delà de simples mutations des agents coupables, généralement adoptées en pareille circonstance en guise de sanctions, de véritables sanctions disciplinaires ainsi que des poursuites judiciaires soient infligées et engagées à l’encontre des responsables de la mort en détention de Halidou Diandé ;
- que des mesures concrètes soient prises, conformément au code de procédure pénale et aux engagements internationaux du Burkina Faso, pour proscrire la pratique illégale de la torture lors des interrogatoires pendant la phase de l’enquête préliminaire.
Pour l’heure, le MBDHP tout en présentant ses condoléances à la famille Diandé, s’engage à l’assister dans sa quête de la vérité et de la justice et appelle ses militants et sympathisants ainsi que l’ensemble de la population à dénoncer systématiquement auprès de ses structures tous cas de tortures pratiquées dans les centres de détention préventive qu’ils auraient vécues ou dont ils auraient connaissance.
Non à la pratique barbare, lâche et illégale de la torture !
Pour le respect strict des droits des détenus dans les centres de détention, mobilisons-nous !
Vérité et justice pour Halidou Diandé !
Fait à Ouagadougou le 28 mai 2008
Le Comité exécutif national
Le Pays du 29 mai 2008