Le sort du maire déjà scellé sur Kwamé N’Krumah (Une lettre pour Laye)

Une Lettre pour Laye

Le sort du maire déjà scellé sur Kwamé N’Krumah

Cher Wambi, plus que deux semaines pour que commencent les activités commémoratives du 35e anniversaire de l’Observateur, prévues pour la semaine du 24 au 31 mai. Dans cette perspective, et ainsi que je te l’annonçais la semaine dernière, une forte délégation du comité d’organisation s’est rendue mardi à Laye, où elle a eu une séance de travail avec le comité local d’organisation, mis en place par le dynamique maire de votre commune rurale, Passoalègba Benjamin Kagambèga.

Comme tu as sans doute déjà pu le constater, cher cousin, heureux de ce que la Lettre hebdomadaire que je t’expédie ait contribué à mettre un tant soit peu leur patelin sur orbite, les filles et fils de la localité ainsi que les fonctionnaires qui y travaillent sont décidés à donner un cachet particulier au premier marathon Ouaga-Laye, qu’ils espèrent, eux aussi, voir devenir une épreuve annuelle aussi courue que ceux de New York ou de Paris.

En attendant, cher Wambi, il faut réussir ce coup d’essai et je me réjouis de constater que les inscriptions se poursuivent à un rythme soutenu, aussi bien au siège de L’Observateur qu’à la Ligue d’athlétisme du Centre. Comme tu le sais, cher cousin, ne fait pas 42,195 km qui veut mais qui peut, même si, contrairement à ce qu’on pense, les marathoniens ne sont pas toujours des athlètes professionnels. Les organisateurs de ce premier Ouaga-Laye en ont déjà eu un aperçu.

Ils ont, en effet, appris que le Directeur général de la Société générale de banques au Burkina (SGBB), monsieur Patrick Delaille, en plus d’être banquier, est aussi marathonien, puisqu’il a déjà fait par deux fois la compétition parisienne. Je ne sais pas encore s’il prendra le départ avec ton oncle Nakibeugo le 24 mai prochain, mais qu’est-ce que ça aurait comme panache !

Pour une fois d’ailleurs, cher Wambi, ma lettre te sera remise symboliquement dans une enveloppe géante, qui sera convoyée par un facteur à bord d’un véhicule siglé de la Société nationale des postes (SONAPOST), laquelle accompagne également L’Observateur dans cette expédition. Autre chose au sujet du 35e anniversaire : je t’ai parlé, il y a quelques semaines, du "Prix du roman PAALGA", qui sera lancé pour encourager la création littéraire chez les jeunes auteurs.

Edouard Ouédraogo, le directeur de publication de L’Observateur Paalga, en a d’ailleurs parlé lors de la conférence de presse qu’il a animée le lundi 28 avril dernier. Depuis, beaucoup de gens, intéressés par cette initiative, appellent ou viennent au siège du journal pour obtenir d’amples informations y relatives. Je me suis donc renseigné et il m’a été dit qu’un comité scientifique est en train de mettre la dernière main à un projet de règlement intérieur, et que pour en avoir tous les tenants et les aboutissants, il faudra encore patienter jusqu’à la période anniversaire au cours de laquelle le prix sera officiellement lancé.

Autre chose, cher Wambi, pour clore ce chapitre : j’ai ouï dire que pour préparer le match Majorité _ Opposition, un autre rendez-vous phare des festivités, le président du groupe parlementaire CDP, le député Mahama Sawadogo, a écrit récemment au D.G. du Parc urbain Bangr-Weogo pour demander la mise à disposition de son terrain pour des séances d’entraînement, qui devraient se tenir les après-midi de lundi, mercredi et dimanche. J’imagine que l’Opposition se fait aussi les jambes pour mettre de son côté toutes les chances d’être "majoritaire" sur le terrain.

Cher Wambi, la communalisation intégrale, annoncée en fanfare comme l’ultime voie du développement local, est de nos jours dans une passe difficile au Pays dit des hommes intègres. Après, en effet, que les partis politiques se sont battus pour la conquête des communes urbaines comme rurales, ce sont les heureux élus à la tête des mairies qui jouent aujourd’hui les vedettes.

Si certains reçoivent quotidiennement les félicitations et les bénédictions de leurs administrés pour le travail déjà abattu, d’autres, par contre sont voués aux gémonies ; d’où ces rébellions en cascades dans nombre de nos communes.

L’événement ces jours-ci, cher cousin, est sans conteste la battue improvisée le 5 mai dernier dans le Sud-Ouest pour déloger le maire de Gaoua, accusé, entre autres, de mauvaise gestion des biens publics. La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase, m’a-t-on dit, est l’acquisition par le bourgmestre Farayéri Frédéric Da d’une bagnole de 28 millions de nos francs sur fonds publics.

N’était-ce pas trop osé pour que ceux qui l’ont fait roi ne s’en émeuvent point ? En tous les cas, cher cousin, son appartename au parti majoritaire, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’a pu sauver son fauteuil, tous les partis implantés à Gaoua ayant entonné d’une seule et même voix l’hymne de sa destitution. Il me revient d’ailleurs qu’après les populations, au siège du CDP sur l’avenue Kwamé N’Krumah, les gourous s’apprêteraient à prendre une fatwa contre le maire Farayéri Frédéric Da.

Mais, hélas, cher cousin, ils sont combien encore, nos maires qui foulent aux pieds les fondements de la communalisation intégrale sans que le ministère de tutelle ne puisse lever le petit doigt ? Du côté du Boulgou, dans la région du Centre-Est, il se distribue actuellement sous les manteaux des réquisitoires contre le bourgmestre de Béguédo, à qui leurs auteurs reprochent, entre autres :

 la non-tenue des sessions du Conseil municipal depuis 2006 ;
 l’absence du budget exercice 2008 ;
 le refus de rendre compte à l’autorité de tutelle ;
 la suspicion et les convocations intempestives de certains citoyens devant les autorités policières et judiciaires ;
 le transport des documents de la mairie de Béguédo à Ouagadougou pour signature ; aucun des adjoints n’étant autorisé à signer des actes administratifs, etc.

Vois-tu, cher cousin, ils sont encore légion dans ce Faso, qui constituent la source de leurs propres problèmes, mais dommage, ils sont aussi rares à savoir tirer leçon des épreuves. N’est-ce pas que cela devrait nous inciter à mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ? En attendant, cher cousin, ça grogne à Béguédo.

Avant que la police de proximité fasse ses preuves, les bandits de grand chemin auront eu raison des honnêtes citoyens au Faso. Il est, certes, louable, la régression des braquages et des attaques à main armée sur nos principales artères, mais il est aussi regrettable que Ouagadougou, notre belle capitale, regorge de zones de haute insécurité, de jour comme de nuit.

Ne diront pas le contraire ceux des usagers qui côtoient les alentours de la zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) ; la célèbre avenue Kwamé N’Krumah, ou encore la scabreuse déviation de l’échangeur de Ouaga 2000, devenue en un temps record un repère de mauvais garçons au goût fort prononcé pour les pistolets automatiques (PA) et les poignards. Au rythme des agressions à Simonville, il est à craindre que l’honnête citoyen abandonné à lui-même se croit obligé d’user de tous les moyens pour se défendre.

La reculade de l’autorité. Ainsi pourrait-on, en effet, intituler, cher cousin, cette annulation d’autorisation d’exploiter certaines marques de bouteilles de gaz butane, que vient de signer le secrétaire général du ministère du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat. En rappel, cher Wambi, cet agrément a été octroyé à GPL-service en juillet 2007 pour exercer dans le domaine du gaz.

Le prometteur de cette nouvelle entreprise burkinabè, Paul Sawadogo, se doutait-il que les requins jailliraient en plein Kadiogo pour réduire à néant tant d’efforts et de sacrifices consentis ? En tout cas, il n’en a pas fallu plus que l’importation, par son entreprise, des emballages de marques Berrogaz, Sengaz, Transgaz, Napolé, Antargaz pour que TOTAL sorte d’un certain coma pour revendiquer leur paternité, alors même qu’ils ne figuraient nulle part sur son arrêté d’agrément.

En tout cas, cher cousin, les choses vont se précipiter, révélant à la face du monde le choc de plusieurs intérêts inavoués et inavouables. Et si seulement il avait été décidé du sort de GPL-service au profit d’une société autre que TOTAL ? En attendant d’en savoir davantage, voici, entre autres, ce que le secrétaire général du ministère du Commerce a écrit au patron de la SONABHY : "A ce jour, de nouveaux éléments reçus et justifiant que les marques Berrogaz, Sengaz, Transgaz, Napolé, Antargaz sont la propriété de TOTAL m’amènent à reconsidérer la liste des marques de bouteilles que vous devriez remplir au compte de GPL-service.

Ainsi, TOTAL ayant déjà introduit une demande de modification de son arrêté d’agrément en qualité de distribution de produits pétroliers gazeux qui prendrait en compte les marques suscitées, je vous saurez gré des dispositions que vous voudriez prendre pour ne remplir désormais, que les marques GPL-service pour le compte de GPL-service". Voilà donc qui est dit, cher cousin. Mais pour sûr, le feuilleton ne fait que commencer. Et Tipoko l’Intrigante, dont je t’invite à découvrir le carnet secret, est tout ouïe.

 L’histoire se déroule dans un ministère du gouvernement Tertius Zongo : informé que le poste de secrétaire général adjoint d’une organisation interafricaine est vacant, un haut fonctionnaire constitue son dossier de candidature, le soumet à son ministre qui, après avoir marqué son avis (favorable), l’achemine vers ladite organisation.

Pendant que l’ambassadeur du Burkina en poste dans le pays qui abrite le siège de l’Organisation s’affairait à convaincre ses homologues des autres pays de faire élire notre compatriote, un autre cadre de ce même ministère convainquait le ministre de l’aider à briguer le même poste de secrétaire général. Ainsi, après avoir apprécié favorablement ce dossier également, il l’envoie à l’organisation en question.

Grande est alors la stupéfaction du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et de l’ambassadeur. Pour expliquer cette volte-face, le ministre dit que depuis que celui qui brigue le poste de Secrétaire général a su que son dossier de candidature est en bonne voie, il le nargue. Conclusion : le Burkina est la risée des autres pays et il est fort à parier qu’aucun de ses candidats ne sera élu. Hélas, le Faso est bien façon.

 Décidément, on ne sait pas où et quand s’arrêteront les refondateurs. Car, depuis quelques mois qu’ils ont entrepris leurs contacts, chaque semaine les conduit vers de nouveaux horizons. C’est ainsi qu’il nous est revenu qu’au cours de la semaine, ils ont eu à s’entretenir avec toutes les centrales syndicales à la Bourse du travail, avec Me Halidou Ouédraogo ; ainsi qu’avec, au nombre des partis politiques et assimilés, la CFR et la FEDAP/BC. Leur dernier interlocuteur a été l’Association des retraités du Burkina. La semaine prochaine, ils mettront le cap sur Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Fada N’Gourma. Leur but : informer et sensibiliser à la notion de refondation face à la crise que vivent actuellement nos Etats.

 L’édition 2008 des compétitions de l’Union des sports scolaires et universitaires (USSU-BF) a pris fin le week-end dernier à Ouagadougou avec les phases finales. Pas besoin d’épiloguer sur l’utilité de ces jeux dans les établissements d’enseignement, car il est en effet bon d’avoir un esprit sain dans un corps sain. C’est pour cela que le public a été unanime à saluer, il y a deux ans, la résurrection de ces jeux, qui, tout en permettant aux lycées et collèges de s’affronter sportivement, est un cadre de brassage des élèves des quatre coins du Faso.

C’est toujours un honneur de participer à ses compétitions et c’est une grande gloire de remporter la coupe dans l’une des nombreuses disciplines au programme. Malheureusement, au fil du temps, on a parfois l’impression qu’à cause de l’enjeu, certains établissements foulent aux pieds les grands principes du sport que sont l’honnêteté, la probité, bref, le fair-play.

Toutes ces vertus sont en train de foutre le camp sinon comment comprendre que des éducateurs n’hésitent guère à tripatouiller l’âge des élèves pour les faire jouer avec leurs petits frères ? Comment comprendre qu’un encadreur sportif accepte de compter parmi ses effectifs des joueurs qui ne fréquentent pas son établissement ? Comment comprendre que des responsables d’établissements cautionnent le "mercenariat " ?

Et il est malheureux que toutes ces magouilles et intrigues se déroulent au vu et au su des élèves et parfois même avec leur complicité active. Dans ces conditions, quelle éducation veut-on donner aux jeunes, qui sont l’avenir du pays ? Quelle morale veut-on ainsi inculquer aux élèves quand on leur montre qu’ils peuvent tricher pour gagner et que, pire encore, c’est la règle dans le domaine du sport, puisque, dit-on, les autres aussi trichent ? Alors on fait comme eux.

Ces mauvaises pratiques, le collège de Toussiana en a été victime lors des quarts de finale de handball contre le lycée provincial de Diébougou. Une réserve a même été formulée, mais elle n’a pas abouti devant la commission de litige de l’USSU-BF. Cette équipe de la Bougouriba a eu maille à partir avec le PMK, qu’elle a croisé en finale à Ziniaré. Le problème de l’irrégularité de certains joueurs est revenu sur le tapis et il y a eu de chaudes explications.

Vu que ces pratiques sont courantes, il urge, si tant est qu’on veut avoir une bonne relève sportive, d’assainir le milieu en luttant sans faiblesse contre ce fléau, qui mine le sport. La balle est dans le camp des organisateurs de cette compétition. A eux de secouer vigoureusement le cocotier pour débarrasser l’USSU-BF de ses vilaines scories, qui ne peuvent que ternir l’image de cette noble compétition.

 Le samedi 26 avril dernier, un jeune berger de moins de vingt ans, répondant au nom de Halidou Diandé, a trouvé la mort à Tikaré (province du Bam) dans des circonstances non encore élucidées. Tout ce que l’on sait, c’est que la victime était en détention au commissariat de police de la localité pour affaire de vol.

Nos tentatives pour avoir de plus amples informations auprès de la préfecture et de la direction provinciale de la police du Bam sur ce drame sont restées infructueuses. Belle mort ou bavure policière, en tout cas, il nous revient que les avis sont partagés dans la commune rurale de Tikaré.

 Ce samedi, 17 mai 2008, Kaya sera en effervescence. La raison : le Dima de Boussouma devra en principe désigner le Naaba de Kaya, le remplaçant du défunt Koanga. Onze prétendants au trône sont en lice. Qui sera l’heureux élu ?

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

L’Observateur Paalga du 9 mai 2008




14/05/2008
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