Louis Armand Ouali : « Si vous écrasez de votre poids tout, c’est en votre sein que naîtra la contradiction… »
Louis Armand Ouali : « Si vous écrasez de votre poids tout, c’est en votre sein que naîtra la contradiction… »
lundi 19 mai 2008.- Louis Armand Ouali
Le guerrier comme diraient les étudiants, ancien Ministre de l’Environnement et du Tourisme dans le gouvernement de transition (1991/1992), ancien premier conseiller de la Mission permanente du Burkina Faso auprès des Nations Unies, ancien maire de Gaoua et aujourd’hui Député à l’Assemblée nationale. En allant à sa rencontre le mercredi 14 mai dernier, nous avons retrouvé un homme resté égal à lui-même, toujours brillantissime mais ayant gardé le sens de la frugalité, du contact humain. Il aborde avec nous de nombreux sujets, sans complaisance, avec un sens de l’objectivité et de la vérité historique rare dans notre faune politique. Lisez plutôt !
San Finna : De maire à député, surtout secrétaire parlementaire, comment s’est faite la transition ?
Armand Ouali : Vous me permettrez tout d’abord de remercier San Finna de nous faire l’honneur de recueillir nos sentiments sur la situation de la commune où nous avons été responsable pendant 5 ans et 6 mois. J’aimerais tout d’abord vous dire que j’ai été élu député grâce à la volonté de nuisance politique de mes adversaires et plus précisément de certains. Je vous le dis franchement parce qu’au sortir des élections municipales du dimanche 23 avril 2006, les listes du Rassemblement pour le Développement du Burkina (RDB) que je conduisais ont recueilli 62 sièges de conseillers sur les 129 de la commune de Gaoua. Si donc les résultats du vote populaire, du suffrage universel direct, si les partis politiques qui ont concouru pour les sièges de conseillers municipaux avaient respecté la volonté des populations de Gaoua, j’aurais été peut-être reconduit dans mes fonctions, si telle était la volonté de la population. Et parce que je ne fais jamais deux choses à la fois, je ne me serais pas présenté aux élections législatives du 6 mai 2007.
C’est pour vous dire que je suis devenu député par la force des choses. Par cette vision que certains ont appelé ‘’tout sauf Ouali’’ j’ai voulu prouver que je ne suis pas étranger à Gaoua. Et j’ai fait une lecture très fine de l’ensemble des résultats des élections sur plusieurs années et je suis arrivé à la conclusion, vu le nombre total d’inscrits dans la province du Poni et le nombre de personnes qui vont effectivement exercer leur droit de citoyen, que nous pouvions recueillir le quotient électoral. C’est ce qui nous a permis d’être élu député.
San Finna : Comment se fait la transition ?
Armand Ouali : Vous savez, le maire est un élu local, c’est d’abord un conseiller municipal qui, de par la volonté des autres conseillers, devient maire. Le maire est un bâtisseur au quotidien, c’est-à-dire que son action ressemble à celle de la termite. Toute petite et à force de rassembler la terre, elle construit des cathédrales. C’est une action visible des populations, le maire est un élu de proximité travaillant au quotidien. On ne peut pas faire un lien avec les activités qui sont celles d’un élu national, un député, parce que simplement voter la loi apparaît encore très théorique dans l’esprit de nos parents. C’est une activité très importante, c’est une action fondamentale dont les résultats ne sont pas visibles pour le commun des mortels de notre pays. Donc la transition se fait par l’apprentissage comme toute chose nouvelle. On ne peut pas parce que nous avons été maire pendant 20 ou 30 ans, devenir un député performant, on apprend. Grâce au groupe parlementaire de la Convention des Forces Républicaines (CFR) et aux autres députés, nous sommes entrés dans le bureau de l’Assemblée Nationale et en tant que secrétaire parlementaire nous avons eu la possibilité d’apprendre beaucoup plus vite que les autres.
San Finna : En tant qu’ancien maire et toujours conseiller municipal de la commune de Gaoua, pouvez-vous éclairer nos lecteurs sur la crise qui secoue votre commune ?
Armand Ouali : Ce qui est arrivé au conseil municipal de Gaoua était écrit. C’était prévisible. Nous avons attiré l’attention de la tutelle, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation sur les graves dysfonctionnements qui ont marqué la commune de Gaoua le jour même de l’installation du maire. Ce serait très long à expliquer, mais le jour même de son installation, les autorités régionales qui y allaient ont dû rebrousser chemin parce que ce qui avait été dit n’était pas vrai. Mais plus que cela ce que je souhaite dire, c’est que nous avons fait des rapports pour attirer l’attention de la tutelle sur la gestion gabégique. En moins de deux mois, les maigres ressources financières de la commune de Gaoua ont été dilapidées. Aussi, sur le mauvais management des ressources humaines enfin sur l’utilisation abusive des biens matériels de la commune. Le jour de la passation de service, nous l’avons dit dans notre discours : ‘’les nouvelles communes feront face plus au développement rural qu’au développement urbain’’, et pour réussir dans le contexte de mondialisation que nous connaissons et très bien, il faut nécessairement des hommes qui soient des patriotes, qui aiment leur pays, leur commune et ces gens-là viennent en général pour servir et non se servir. Mais chez nous, les gens sont venus se servir et non pour servir.
San Finna : En un mot voulez vous nous dire que les acquis que vous avez eus ont été bradés ?
Armand Ouali : Je vous donnerai un document qui sera assez précis sur nos investissements en tant que maire dans la commune et cela avec la seule Coopération Allemande. Des investissements de plus d’un milliard (1 000 000 000) de FCFA en cinq (5) ans d’exercice. Et nous avons payé près de cinquante (50 000 000) millions de FCFA de contre partie, cash. Ça c’est purement matériel…
Bradés (NDLR : les acquis), oui ! Un article écrit par un de vos confrères, Césaire Poda, qui a travaillé à Sidwaya et qui est devenu fonctionnaire international au Kenya, avait appelé pendant la campagne à ce qu’on renforce la cohésion de ce sursaut citoyen qui était arrivé en 2000 à Gaoua. On ne l’a pas écouté : donc au plan du changement des mentalités, au plan de l’action que nous avons menée pour que les populations comprennent véritablement ce que serait que la décentralisation, l’axe fondamental du développement de notre pays comme disent les textes d’orientation de la décentralisation, la prise en charge du destin des populations par elles mêmes, cette action que nous avons menée à été sérieusement remise en cause. Quand vous faites une coalition de partis politiques qui n’ont rien de commun comme l’UNIR/MS et le CDP, l’ADF/RDA le PAI pour juste empêcher quelqu’un d’être maire, vous n’avez pas de chance d’aboutir. Et si cela se réalise sur la base d’achats de conscience des conseillers, les populations perdent les repères qui les avaient amenés à choisir ces conseillers et vous faites sûrement un recul de mille (1 000) ans.
San Finna : Faut-il repenser le concept de la décentralisation afin que les populations à la base puissent se saisir de leur chose ?
Armand Ouali : Ce serait injuste de toujours accuser l’Etat. L’apprentissage de la décentralisation à la population revient aux partis politiques, c’est leur rôle. Il y a certes des insuffisances dans la loi de notre pays. L’une des insuffisances, c’est que le maire est élu au suffrage universel indirect. Donc, il n’y a aucune obligation pour un parti politique d’indiquer aux populations la personne sur laquelle vont reposer les lourdes responsabilités de maire s’il parvient à la majorité des suffrages. Nous, nous l’avons fait dès le départ, mais ce n’est pas la responsabilité de l’Etat. Ce n’est pas normal qu’on ait pris dans des milliers de cas, des actes d’Etat-civil de personnes femmes ou hommes, aller les inscrire pour être conseillers à leur insu et sans les dire ceux à quoi ils s’engagent. Conséquence : à Gaoua, on s’est retrouvé avec des conseillers qui disaient que deux (2 000) mille FCFA par jour de session pendant cinq (5) ou six (6) jours, c’est insuffisant à cause de la vie chère et qu’il fallait augmenter les indemnités de session. Ils sont devenus des employés d’un nouveau genre, des fonctionnaires. Mais ça c’est la faute des partis, c’est notre responsabilité première ; c’est votre faute, c’est votre responsabilité première puisque vous êtes des citoyens et semble-t-il il y a 1 ou 2% de personnes qui vont au-delà du BAC et vous appartenez à ces 1 ou 2%. Donc la responsabilité est collective.
La décentralisation en France c’est une longue histoire mais malgré ça il y a toujours des à-coups. Nous n’avons pas d’autres solutions, l’administration déconcentrée a montré ses limites, l’Etat central Jacobin a montré ses limites, il faut que les populations entrent dans cette logique. Pour moi, la décentralisation Monsieur Ouédraogo, c’est le fait que des hommes et des femmes qui vont prendre en charge un forage qui a coûté entre cinq (5) et dix (10) millions, décident de donner cinq (5) FCFA pour un seau, dix (10) FCFA pour une barrique d’eau, cent (100) FCFA, deux cents (200) FCFA pour pouvoir réparer le forage s’il tombe en panne pour vingt cinq (25 000) FCFA ou cent mille (100 000) FCFA de réparation parce que, par leurs simples moyens ils ne sont en mesure de payer cinq millions (5 000 000) de crédits. C’est ça la décentralisation.
San finna : Etes-vous prêt à reprendre les rennes de la mairie de Gaoua pour redresser la barre ?
Armand Ouali : Véritablement dans la situation de Gaoua, il y a une lourde responsabilité de ceux qui ont amené Monsieur Da Frédéric à la tête de la commune de Gaoua. Il faut stigmatiser la responsabilité des organisations politiques qui ont accepté de se coaliser pour mettre à la tête de la commune de Gaoua quelqu’un qui était connu déjà pour ce types de frasques. Deuxièment il faut stigmatiser le comportement du ministère de tutelle qui est resté sourd face aux rapports que nous avions envoyés.
En tant que RDB, si on nous confiait les rênes de la commune de Gaoua et si on respectait les résultats sortis des urnes, nous aurions des difficultés quoique nous connaissions parfaitement la commune. L’impatience de la population est grande. Monsieur Ouédraogo, en période de croissance économique n’importe qui peut réussir. En période de crise économique mondiale, en période de vie chère, quand vous achetez un véhicule à plusieurs dizaines (10) de millions et que vous décidiez d’augmenter de 100, 200, 300% les taxes, les populations se retrouvent totalement perdues, et ceux qui viennent après une situation comme ça ont une tâche encore plus ardue. Nous sommes prêts effectivement à apporter une contribution décisive pour que cette ville reprenne espoir et se remette dans le concert des villes qui veulent avancer en tirant profit des textes de la décentralisation consignés dans le code général des collectivités territoriales.
San Finna : On se souvient de vos menaces dans certains journaux de la place de pouvoir démettre le maire Da Frédéric à tout moment. Seriez-vous à l’origine de la fronde populaire contre celui-ci ?
Armand Ouali : On m’affuble de termes irrespectueux du genre prétentieux, et d’avoir affirmé « écrasé des plaisantins politiques », afin de pouvoir revenir à la tête de la mairie de Gaoua à tout moment avant 2011. La politique, ce n’est pas l’affaire du diable. Je dis honnêtement ce que je pense et je préfère le dire ouvertement. J’ai dit et écrit parce que, à l’heure du bilan chacun répond de ses actes. Et comme j’ai été traité d’étranger, voilà où on en est aujourd’hui. Nous, nous sommes en mesure de redresser la barre dans la commune de Gaoua. Nous sommes en mesure de recréer l’espoir pour les trois ans et un mois qui restent, cela grâce à la qualité des hommes et des femmes qui ont été élus heureusement d’ailleurs. Nous avons plusieurs personnes au sein de notre équipe qui peuvent être maire de Gaoua et faire 1000 fois mieux que la situation catastrophique, minable, pitoyable, lamentable que nous avons vécue et qui n’a que trop duré.
San Finna : Est-ce que Monsieur le Député a toujours sa P 50 ?
Armand Ouali : Oui. Si nous sortons de là et partons devant la Direction Générale des Impôts, vous verrez que je suis venu sur ma P50. Monsieur Ouédraogo, mon salaire dans la fonction publique -je l’avais indiqué à vos confrères de Sidwaya- c’était deux cent douze (212 000) mille FCFA ; je suis présentement à deux cent cinquante deux (252 000) mille FCFA, parce que je suis (semble-t-il) un très haut fonctionnaire, quelqu’un qui a une carrière qui a été normale pour ne pas dire brillante. Avec ce salaire-là, vous avez du mal à vraiment posséder des biens qui vous créent des facilités. Si j’avais une voiture, ce serait plus facile de déposer mes enfants et je serais plus sécurisé. Vous savez sur les pistes cyclables, vous rencontrez des gens qui portent des boubous. Ils sont commerçant et dans leurs boubous ils ont cinq (5 000 000) ou six (6 000 000) millions F. On me traite d’avare et de communiste. Je suis ni avare ni bizarre, mais communiste oui. Le reste, ce sont des histoires. Je suis croyant et le communisme pour moi est la conjugaison des efforts pour un bien-être collectif. J’avais la possibilité d’avoir un prêt de dix huit (18 000 000) millions de f pour m’acheter une voiture, mais j’allais payer plus de la moitié de mes revenus de six cent quarante un (641 000) mille pendant soixante (60) mois de ma vie notamment cinq (5) ans. Et au bout de soixante (60) mois, je ne suis pas en mesure d’entretenir le véhicule et avant. Et pendant ce temps j’ai un frère qui a perdu son travail parce qu’il y a eu la guerre en Côte d’Ivoire, j’ai sa famille, j’ai ma propre famille, j’ai la famille au village, je n’ai pas de maison à Ouagadougou. C’est quand même des choses plus importantes !
San Finna : Que pensez-vous des propositions de ceux qu’on appelle désormais les refondateurs ?
Armand Ouali : Le jour où la Convention des forces républicaines, qui est le groupe parlementaire dont je relève, devait recevoir les refondateurs, j’avais une audience avec le président de l’Assemblée Nationale. C’était le mercredi 7 mai 2008. Une audience pour justement parler de la situation à Gaoua. Je crois que la nécessité de faire des réformes n’a pas été perçue que par les seuls refondateurs. La nécessité a été perçue également par les députés, le président de l’Assemblée Nationale compris. On a mis en place quatre (4) commissions : une sur la vie chère, mais les trois (3) autres commissions doivent faire des propositions pour nous permettre de repartir sur des bases nouvelles. Le statut de l’opposition fait l’objet d’une des commissions ad hoc, le financement des partis politiques, la relecture du code électoral, c’est déjà de la refondation. Mais vous êtes dans un pays où l’on classe les gens… Il faut classer les gens selon leurs idées. Je ne suis jamais pour ou contre. Je suis pour ou contre une cause. Si la cause que vous défendez est juste, je suis avec vous et si c’est le contraire, ne m’y attendez pas. Sinon, il y a une nécessité sur la base de ce que nous voyons, parce que la crise économique est fondamentalement politique. C’est une question de choix. Les choix politiques que vous faites ont des conséquences économiques graves, des conséquences sociales fondamentales, donc il faut faire les bons choix politiques.
Je crois que ce que les refondateurs veulent, je l’illustrerais par un exemple. De tous les acteurs de la vie politique nationale parmi les plus importants (je ne parle pas des gens comme nous qui sommes des seconds couteaux), la personne qui m’avait donné le sentiment qu’elle avait mieux compris la régionalisation, était Me Hermann Yaméogo. Mais je l’ai dit aux gens, parce que d’abord il a écrit ; j’ai lu, j’ai regardé et j’ai compris que peut-être sur cette question, il avait des idées qui me paraissaient importantes. Le dire, ce n’est pas être pour ou contre quelqu’un, c’est encore une fois les idées.
Pour les élections municipales de 2006 au Sud-ouest, moi compris, il n’y a qu’un seul de nos frères qui a écrit un document et c’est Monsieur Hien Fidèle. C’est lui qui a écrit : ‘’Elections municipales du 23 avril 2006, le Sud-ouest face à son destin’’. Aucun de nous n’a écrit. Ça, ce sont des choses qui me vont droit au cœur. La personne qui a le courage, d’abord de dire ce qu’il pense, d’écrire ensuite, donc de soumettre à la critique des autres sa réflexion, c’est une personne qui mérite le respect.
San Finna : Et que pensez-vous des réformateurs au sein de CDP ?
Armand Ouali : Mieux vaut laisser le soin aux responsables du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) de penser quelque chose. Mais le citoyen que je suis observe simplement que ça aussi, c’était prévisible. Une sagesse populaire dit que la nature à horreur du vide. Si vous écrasez tout de votre poids, c’est en votre sein que naîtra la contradiction, et si en plus d’écraser tout de votre poids, vous le faites dans des conditions qui ne sont pas transparentes, c’est-à-dire d’user et d’abuser des positions de pouvoir, la situation devient plus grave. Les Africains ont coutume de dire que : « Vous pouvez dire que vous êtes le meilleurs des enfants de votre mère, mais quand on réunit les enfants des femmes du village, mieux vaut faire attention sinon vous risquez de vous faire terrasser. L’abus conduit toujours à ça ».
San Finna : Nous vivons un bras de fer gouvernement syndicats. Quelle lecture faite-vous de la crise ?
Armand Ouali : La lecture que je fais… Je vous rappelle que j’ai été membre dirigeant de la Confédération syndicale burkinabé et qu’à ce titre d’ailleurs, j’ai été détenu, j’ai été prisonnier d’opinion selon Amnesty International. Les luttes syndicales sont perçues souvent comme des luttes de personnes qui ne veulent pas du bien, qui ne veulent pas construire, des gens qui n’aiment pas le gouvernement. Le problème ne se pose pas comme ça. La vie chère s’est imposée à tous, les gouvernants l’ont reconnu. Maintenant, vous savez que dans une autre vie de notre pays, nous avions des slogans qui, s’ils avaient été traduits en actes concrets, nous auraient épargné ce qui nous arrive. Je vais toujours dans l’histoire, je l’ai dit dans une interview qui passait à TNB : nous sommes héritiers d’un pays qui s’appelle la Haute-Volta et le Burkina Faso.
Le Burkina à commencé en 1984 et à l’époque on disait que si nous consommions ce que nous produisons, ça pourrait nous aider. Voilà des choses qu’on a oubliées. Je n’oublie pas. A l’époque donc, si on avait traduit le mot d’ordre « Consommons burkinabé, consommons ce que nous produisons », en faits concrets, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Le Burkina serait frappé par la mondialisation à travers ses effets négatifs, mais nous n’aurions pas été frappé de plein fouet au même titre que des pays voisins qui n’ont pas vécu l’époque de la révolution démocratique et populaire. Il y a eu des insuffisances c’est indiscutable, il y a eu mort d’hommes, mais cette tendance de certains responsables à jeter le bébé avec l’eau du bain nous a amenés dans des problèmes parce que, il y a eu effectivement des positions qui étaient justes, il y avait une vision et cette vision-là, si on la débarrassait des excès, on aurait pu. Ce qu’il fallait faire, c’est ce que maintenant on va faire au Sénégal. Au Mali on veut doubler la production de riz, au Burkina aussi, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas nouveau. Le barrage de Kompienga, c’est un projet de Maurice Yaméogo, c’est la révolution qui l’a réalisé, Bagré et autres, l’objectif c’était quoi ? C’était aller vers une forme de sécurisation au plan alimentaire. Donc, nous avions la solution à portée de main, mais la vie chère est une réalité, et c’était prévisible. Si on avait appliqué ces solutions nous aurions été touchés parce que le pétrole est à cent vingt (120) dollars le baril, mais pas aussi durement.
San Finna : A court terme comment voyez-vous l’avenir du Burkina en guise de conclusion à notre entretien ?
Armand Ouali : À court terme, je pense encore que nous pouvons mieux réussir que les autres. Je le dis souvent : l’histoire de notre pays la Haute-Volta nous enseigne. Lamizana a été mis en ballottage à une époque où les présidents étaient élus à 99% des votes. L’histoire du pays dont je suis l’héritier, et la Révolution démocratique et populaire ont prouvé qu’on pouvait à partir de nos propres moyens, en faisant des efforts, en diminuant notre train de vie (évidement au sein de l’appareil d’Etat) réussir. Cette histoire a prouvé que nous sommes différents, que notre peuple est prêt à faire des efforts, mais il ne fera jamais des efforts si ceux qui le gouvernent, si ceux qui dirigent l’Assemblée Nationale y compris, ne pensent pas à faire des efforts.
Aristide Ouédraogo
San Finna