L’UNIR/MS interpelle Blaise Compaoré (Problèmes agriculteurs/éleveurs et universitaires)

Problèmes agriculteurs/éleveurs et universitaires

L’UNIR/MS interpelle Blaise Compaoré

 

L’Union pour la renaissance / Mouvement sankariste (UNIR/MS) a animé hier 9 juillet 2008, dans l’après-midi, une conférence de presse à son siège aux 1200-Logements. Le conflit entre agriculteurs et éleveurs et la fermeture de l’université de Ouagadougou  ont été les problèmes brûlants de l’heure sur lesquels, le parti de l’œuf a instamment interpellé le chef de l’Etat, Blaise Compaoré.

 

«Une fois encore et comme de façon cyclique,…notre pays est gravement meurtri par des affrontements entre agriculteurs et éleveurs se soldant hélas par de nombreuses pertes en vies humaines et des destructions d’importants biens économiques…». C’est en ces termes que le président du parti de l’œuf, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, a introduit la conférence de presse. Rien qu’hier, a-t-il déploré, on apprenait par la voie de Radio Burkina qu’il y avait eu mort d’homme à Batié par suite toujours du problème récurrent entre agriculteurs et éleveurs. Il s’est indigné de voir qu’après Mangodara dans la Comoé, Gogo dans le Zoundwéogo et dans bien d’autres régions de l’est du Burkina, ce soit «au tour du Poni de compter ses morts et de faire face au dénuement, à la désolation et à l’errance des rescapés de la furie de leurs propres frères burkinabè, certainement instrumentalisés».

Comme il fallait s’y attendre, la fermeture de l’université était inscrite à l’agenda de cette rencontre de l’UNIR/MS avec la presse. Me Sankara s’est également offusqué que, «…de façon cyclique, chaque fois qu’il s’agit de la partie sans armes de notre population», le pouvoir opte pour «la répression aveugle et sanglante». Comme ce fut le cas avec les pauvres étudiants qui, jetés dans la rue, sont en proie à la déperdition scolaire, voire à la débauche, au regard des conditions difficiles dans lesquelles ils se sont brutalement retrouvés. Me Sankara trouve que sur la situation universitaire, le ministre de tutelle, Joseph Paré, s’est livré à des explications ironiques qui ont amené plus d’un Burkinabè à se demander si les autorités de la IVe République sont animées d’une «réelle volonté politique» de régler les problèmes universitaires. Pour le président de l’UNIR/MS, le Gouvernement ne peut pas prétexter un manque de moyens et laisser l’éducation de ses enfants aller à vau-l’eau. Surtout quand au même moment, a-t-il dit, outre «d’inutiles et d’irresponsables dépenses de prestige», le président du Faso s’apprête, en novembre prochain, «à narguer encore le peuple avec cette trouvaille de son ami Jean Guion» en organisant «un sommet des étoiles de la terre au Burkina dans le cynique dessein de se faire des lauriers». Un tel projet a amené Me Sankara à dire que «Blaise Compaoré aussi a perdu la tête à l’instar de ces autres Mugabe, tous assoiffés du pouvoir et des honneurs et accrochés contre la volonté de leur peuple au fauteuil présidentiel». Il estime que c’est ridicule de la part de Blaise Compaoré de prétendre être apôtre de paix au Darfour, en Côte d’Ivoire, au Togo... pendant que «dans son propre pays des citoyens s’entretuent sans que cela n’émeuve son pouvoir». Selon lui, Blaise Compaoré ne voit plus la poutre dans son œil. Car, a-t-il ajouté, son gouvernement est incapable de mesurer les conséquences désastreuses auxquelles sont exposées les populations burkinabè. Celles-ci étant, de son point de vue, réduites au silence du fait de la politique machiavélique de «qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent». Pour le parti de l’œuf, ces récents évènements, qui ont secoué le Burkina, constituent une menace sérieuse et directe à la paix sociale et à la cohésion nationale. Pour Me Sankara et les siens, plutôt que conjoncturels, ces problèmes sont d’ordre structurel et appellent à des mesures appropriées et urgentes si l’on ne veut pas qu’ils se répètent. Il ne s’agit pas de «regarder passivement les situations s’envenimer et les feux couver pour tenter ensuite d’éteindre les incendies». Ce fut le cas de Rood-Woko, où, selon Me Sankara, tous les spécialistes ont vu et prévu l’imminence du drame. Au lieu de l’arrêter à temps, on a préféré laisser la catastrophe survenir «pour  ensuite reconstruire sur le dos de notre peuple à coups de milliards en se créant l’occasion, une fois de plus, de faire des deals en or». Sur le conflit entre agriculteurs et éleveurs, les conférenciers ont attiré l’attention de l’opinion sur les dangers qu’il y a dans l’indexation d’une ethnie donnée. Ce, en vue d’éviter d’éventuels dérapages à «l’ethnicisation» et, partant, la généralisation des affrontements entre agriculteurs et éleveurs. Car, martèle-t-il, le problème rwandais n’arrive pas qu’aux autres. Et d’ajouter que les problèmes actuels au Zimbabwe tirent leur origine du conflit foncier. Concernant la crise universitaire, l’UNIR/MS a dénoncé les méthodes de résolution des problèmes estudiantins. Le parti estime que la démocratie a ses exigences et que celle-ci ne saurait s’accommoder «avec la survivance de gardes prétoriennes qui accourent à tous mouvements et humeurs sociaux pour gazer, bâtonner et massacrer surtout des innocents». Il tient le pouvoir de la IVe République pour responsable de la situation et souligne que «son mutisme ne pourra le disculper des graves préjudices» causés par les affrontements agriculteurs/éleveurs et par la crise universitaire. Le parti a annoncé qu’il réunira son plénum le 4 août prochain pour évaluer le plan d’action à mi-parcours et dégager les nouvelles perspectives de luttes.

 

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga du 10 juillet 2008



10/07/2008
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