Missiri Sawadogo (entraîneur des Etalons athlètes) : "Faute de médecin, nous avons raté l’or"

Missiri Sawadogo (entraîneur des Etalons athlètes) : "Faute de médecin, nous avons raté l’or"

mardi 13 mai 2008.
 
Au soir du 16e championnat d’Afrique seniors d’athlétisme qui s’est déroulé du 30 avril au 4 mai 2008 à Addis-Abeba, nous avons échangé avec l’entraîneur national Missiri Sawadogo. Cet technicien de l’athlétisme croit que le Burkina aurait mieux fait au niveau des médailles remportées n’eût été quelques défaillances organisationnelles.

"Le Pays" : Quel bilan faites-vous de la participation de vos athlètes au championnat d’Afrique d’athlétisme ?

Missiri Sawadogo : Nous avons fait une participation honorable, parce qu’au regard des conditions dans lesquelles ce championnat a été préparé, je peux dire que les athlètes se sont mieux comportés. Il y a quand même une déception, parce que nous aurions pu avoir 2 médailles d’or. La première devait être l’heptathlon avec Béatrice Kamboulé, car n’eût été son palu, il n’y avait pas de doute. Au niveau des 400 m haies, Aïssata Soulama a mené la course jusqu’à quelques centimètres de l’arrivée et s’est fait coiffer par manque de finish.

Vous parlez de conditions dans lesquelles ce championnat a été préparé, alors comment les choses se sont-elles passées ?

Notre équipe nationale a l’habitude de se déplacer avec un médecin, et cette fois-ci, ce ne fut pas le cas. Les athlètes sont presqu’abandonnés à eux-mêmes, et comme c’est dans un pays où nous ne pouvons pas nous déplacer comme on veut, cela fait qu’ils n’ont pas été suffisamment bien traités sur le plan médical. Ce qui a entraîné quelques petits mauvais résultats, sinon nous aurions eu la médaille d’or aux 400 m haies et à l’heptathlon à ce championnat d’Afrique.

Dans l’ensemble, nos athlètes ont eu un bon comportement. Notre équipe relais de 4 x 100 m dames qui a réalisé 46" 37, un temps qui est en déça de son niveau, mais comme elle ne s’entraîne pas tous les jours, il y a eu un petit manque de coordination de transmission, sinon elle aurait pu courir à un peu plus de 45 secondes. Des athlètes tels que Relwende Kaboré et Alyma Soura ont, compte tenu du climat en Ethiopie, essayé de faire ce qu’ils pouvaient. Si on tient compte dans l’avenir de l’engagement des athlètes et surtout la préparation qu’on fait, il n’est pas normal que nous gaspillions cela à la dernière minute pour un problème de médecin.

On constate que de plus en plus, nos dames sont beaucoup plus présentes que les hommes ?

L’athlétisme est une question de spécialité et dans certaines épreuves, nos filles sont à la hauteur des meilleures filles africaines. Au niveau des garçons, il faut du temps, et si les conditions ne sont pas réunies, il est difficile d’atteindre un certain niveau. C’est le cas avec Idrissa Sanou qui a pu percer, parce que non seulement il est dans un centre de haut niveau, mais aussi il a les qualités qu’il faut. Pour les garçons, il y a aussi les dons naturels alors que chez les filles, avec un peu de travail et de courage dans certaines épreuves techniques, comme le triple saut, le saut en longueur, elles peuvent y arriver.

Quels sont donc les efforts à fournir pour permettre à notre athlétisme d’aller de l’avant ?

Dès que la Fédération met en place un plan de développement, il faut arriver non seulement à suivre les athlètes médicalement mais aussi à leur donner des occasions de compétitions. C’est difficile chez nous, parce que c’est toujours le bénévolat, et les athlètes viennent manger leur "tô" pour s’entraîner et les entraîneurs quittent leur lieu de travail pour venir s’occuper d’eux. Ce qui fait que les conditions ne sont pas réunies pour un athlétisme de haut niveau, et ce sont ceux qui sont dans les grands centres d’entraînement qui font la différence. Par contre, nous avons des athlètes qui sont au pays et auraient pu obtenir, comme Béatrice Kamboulé une médaille d’or, mais étant ancienne dans la discipline, elle sait comment se prendre en charge pour pouvoir travailler régulièrement et produire des résultats. C’est une question de volonté politique pour mettre en place une stratégie de développement de l’athlétisme. Il n’y a pratiquement pas un pays, qui était à ce championnat d’Afrique, qui n’a pas un centre national d’entraînement. Nous n’avons même pas un bon club, n’en parlons pas de centre d’entraînement national, et cela limite un peu nos actions au niveau de l’entraînement et des performances. Il faut aussi relever le soutien du ministère des Sports et des Loisirs, parce que c’est la 2e fois que nous nous déplaçons avec autant d’athlètes pour un championnat d’Afrique. Ce sont des efforts à encourager pour que les techniciens que nous sommes puissions faire le mieux de nous-mêmes avec les athlètes, afin de pouvoir réaliser de bons résultats.

Le Burkina aura-t-il des athlètes aux jeux olympiques de Pékin 2008 ?

Nous en aurons avec Aïssata Soulama qui a déjà fait les minima. Béatrice Kamboulé également avec ce qu’elle a réalisé. J’ai discuté avec l’entraîneur de Boubacar Séré qui m’a dit que d’ici un mois, il pourra faire les minima pour les jeux olympiques. Idrissa Sanou avec ses 10" 38 ici à Addis-Abeba fait partie des meilleurs Africains.

 

Propos recueillis à Addis-Abeba Par Antoine BATTIONO

Le Pays




14/05/2008
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