Quand le Ministre de l’habitat et de l’Urbanisme dupe les demandeurs de logements sociaux

Quand le Ministre de l’habitat et de l’Urbanisme dupe les demandeurs de logements sociaux

vendredi 11 juillet 2008.
 

Monsieur le Ministre,

J’ai parcouru les éditoriaux des quotidiens burkinabé ce mercredi 09 juillet 2008 et l’article qui a le plus attiré mon attention est bien sûr celui relatif à votre point de presse du 08 juillet dernier.

Je viens donc par la présente vous faire part de mon indignation par rapport aux conditions d’éligibilité de dernière minute qui diffèrent de deux points de celles qui ont prévalues à l’inscription à savoir :
  avoir un compte d’épargne à la Banque de l’Habitat du Burkina Faso
  surtout avoir un salaire compris entre 75 et 150 000 FCFA. Cette dernière suscitée me laisse sur ma faim car, excusez moi l’expression, c’est insulter l’intelligence de tous ceux qui ne se situent pas dans cet intervalle et qui ont tenté leur chance. Je veux parler de tous ceux qui ont cru à votre parole donnée au moment de l’inscription, qui ont cru à l’effectivité de vos critères d’inscription au départ dont la condition sine qua non était : « être un salarié et avoir un salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA ».

Monsieur le Ministre, si vous pensez réellement que vos 10 000 logements sont sociaux, combien pensez vous qu’un fonctionnaire moyen burkinabé classé généralement dans les catégories D, E, C et même B ou tout autre salarié moyen peut bien avoir comme revenu salarial par mois ? Ne fallait-il pas approcher vos homologues en charge de la Fonction publique et des finances pour mieux vous imprégner des questions liées à leurs statuts et aux différents traitements qu’on leur réserve ?

NB : je rappelle que la couche sociale de salariés que vous aviez visée au départ était celle comprise entre 30 et 100 000 FCA.

Qu’est ce qui a pu bien motiver votre changement de cap sans même rendre compte aux principaux concernés ? Cela aurait pu calmer nos ardeurs, nous aurions cru que nous étions considérés et nous aurions cru que la parole donnée par un ministre valait son pesant d’or car convaincu qu’elle sera toujours respectée.

Cela s’illustre parfaitement par le cas du Kadiogo : « sur les 16070 inscrits, votre logiciel prémonitoire vous a permis d’avoir à construire seulement 5701 logements soit environ 1/3 de la demande réelle. Allez y comprendre. En menant ma propre réflexion, je me rends compte qu’en maintenant le cas du salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA, environs 2/3 des inscrits au niveau du Kadiogo auraient obtenu leurs logis même si cela s’étendrait sur plusieurs années car dit-on l’espoir a toujours nourri son homme. Il en est de même pour toutes les autres provinces de notre pays.

Au départ à l’inscription, un salaire compris entre 30 et 100 000 FCFA, à l’arrivée, un salaire compris entre 75 et 150 000 FCFA, voilà donc la sauce à laquelle vous voulez nous manger.

Vous nous avez dupés messieurs les responsables chargés des questions de logements publics car avec cette ère de vie chère qui plane dans nos cieux, nul ne s’aventurerait à aller offrir ses 2000 FCFA si les conditions d’inscription avaient été claires dès le début. Et pour nous mettre face à l’opinion publique, vous vous empressez d’organiser une conférence de presse et de dire à nos frères journalistes que vous mettriez des maisons à louer à notre disposition et nous les louerons à des prix sociaux. C’est quand même paradoxal puisque vous-même aviez martelé lors de votre point de presse que 40% des inscrits vivent dans des célibatériums, cela signifie que comme tout bon Burkinabé, nous nourrissons tous un secret espoir d’avoir : « un chez soi » ; raison pour laquelle nous nous sommes inscrits messieurs les décideurs pour bénéficier de ladite mesure. Nul ne veut demeurer durant toute sa carrière dans une maison en location.

En outre vous dites que vous aviez récolté 69 650 400 FCFA pour le Trésor ; non monsieur le Ministre rendez nous notre argent car la règle du jeu n’a pas été respectée, une partie a été dupée. Nos 2000 FCFA nous permettront qui de payer quelques kilos de riz, qui de payer quelques litres de carburant. Nous avions déjà servi l’Etat en renonçant à 12 mois de nos salaires durant l’accomplissement de notre service national pour le développement et nous continuons à le servir en payant nos différentes taxes.

Non messieurs les décideurs ne brimez point les uns pour arranger les autres car la constitution burkinabé stipule à son article 1er que tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droit. Ce qui veut dire que nous avons tous les mêmes devoirs et les mêmes droits, revoyez donc la faisabilité de la tranche de 30 à 100 000 FCFA même si ce sera à long terme. Cela permettra à un maximum d’inscrits d’avoir leur propre logement car c’est la majorité des inscrits que vous aviez exclus du système de logements sociaux qui avait pourtant été pensé par l’ensemble du Gouvernement afin d’extirper un grand nombre de travailleurs moyens burkinabè de la précarité en matière de logement. Monsieur le Ministre en charge de l’habitat, rappelez-vous toujours que vous êtes le ministre de tous les Burkinabè qui ont manifesté leurs besoins de posséder un logement décent et non celui d’une tranche privilégiée. Ce sera injuste de procéder ainsi.

Veillez agréer Monsieur le Ministre, l’expression de mon grand respect.

Sékou SO sosekou@yahoo.fr



12/07/2008
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