Quand les étudiants se refont le portrait

Cité universitaire de Nasso

         Quand les étudiants se refont le portrait

 

L’Université polytechnique de Bobo (UPB) était en ébullition vendredi dernier dans la matinée lorsqu’une bagarre entre étudiants a éclaté. De violents affrontements qui ont, en effet, fait de nombreux blessés dont certains ont été évacués à l’hôpital Souro-Sanou. A l’origine de cette crise, la suspension par l’Administration du CROUB (Centre régional des œuvres universitaires) des résultats de l’élection du 16 mars 2008 des délégués et délégués adjoints des cités universitaires et résidences. Un scrutin qui aurait été émaillé par de nombreuses irrégularités et qui a fait l’objet de contestation.

 

Sur décision du président de la commission de supervision des élections des délégués et délégués adjoints des cités en date du 19 mars 2008, la validation des résultats des élections des délégués résidants du 16 mars 2008 est suspendue pour les cités de Colsama, de Diarradougou, de Nasso et de Sikasso Cira. De source proche de l’Administration, il ressort que cette décision fait suite aux nombreuses protestations et réclamations reçues à la direction du CROUB et relatives aux irrégularités ayant entaché le déroulement de la campagne électorale. «Des étudiants qui  se disent indépendants, c'est-à-dire qui n’appartiendraient à aucune organisation estudiantine, ont en effet organisé une marche sur la direction du CROUB pour demander l’annulation des résultats. Ces derniers accusent l’ANEB d’avoir violé les textes et règlements en matière d’élection», nous dit Daouda Dramé, directeur du CROUB et président de la commission de supervision des élections. Ce que n'admet pas la principale mise en cause, à savoir l’ANEB, qui s’en est tirée avec quatre délégués (Colsama, Diarradougou, Nasso et Sikasso Cira) sur cinq à l’issue des votes. Pour les «vainqueurs», qui tenaient mordicus à ces résultats, pas question d’annulation. Et ceux-ci ont tenu à le faire savoir au cours des deux audiences qui leur avaient été accordées par le président de la commission. Cependant, tout semblait indiquer que, cette année, des dispositions seraient prises pour que ces élections se déroulent dans la transparence et conformément aux textes régissant les cités ainsi que la décision portant sur les modalités d’élection. Car, il s’agissait pour l’Administration du CROUB d’éviter les mêmes irrégularités qui ont émaillé le scrutin de 2007 et dont les résultats avaient en son temps fait l’objet de vives contestations. Des résultats qui seront validés par soucis d’apaisement, a indiqué Daouda Dramé. A en croire des étudiants, les élections du 16 mars dernier ont encore connu  une violation des textes de la part de l’ANEB, qui est à nouveau accusée d’avoir organisé des meetings durant la campagne électorale. Ce qui est contraire aux textes en vigueur. «Cette fois-ci, nous n’allons pas nous laisser faire. On ne peut pas continuer à subir éternellement le diktat d’une association qui veut s’imposer par la fraude», nous dit un étudiant. Et face à la tension qui montait dans les cités, la commission s’est vue dans l’obligation de suspendre les résultats en attendant d’y trouver un consensus. Une mesure, qui, malheureusement n’a pas permis de ramener le calme et la sérénité sur le campus de Nasso, où des étudiants continuaient de se regarder en chiens de faïence. La tension déjà perceptible allait prendre une autre tournure lorsqu’en début de semaine dernière, des étudiants de l’ANEB se seraient mis à la recherche d’un des leurs. Ce qui les amenait à arrêter des cars sur la route de Nasso pour procéder à des fouilles. «Ces faits m’ont été confirmés par des chauffeurs que j’ai rencontrés et moi-même j’ai été témoin d’une scène où j’ai demandé aux étudiants de faire preuve de maturité et de retenu», nous a confié le directeur du CROUB. Mais cela était bien loin de calmer les ardeurs des militants de l’Association nationale des étudiants du Burkina. Armés de bâtons, ils auraient fait irruption vendredi matin à la cité de Nasso. S’en suivra alors une bagarre généralisée qui a fait de nombreux blessés de part et d’autre. Principale mise en cause dans cette affaire, l’ANEB, qui est montée hier dimanche au créneau pour donner sa version des faits. Pour le délégué de l’Association, Tiemtoré Moussa,  l’organisation des meetings pendant la campagne est bien légale. Une position qu’il justifie par l'arrêté ministériel N° 2005 qui, à son article 10 dit ceci : «Les manifestations au sein des cités et résidences universitaires des associations estudiantines à caractère syndical légalement reconnues doivent faire l’objet d’une simple information écrite au directeur du centre régional…». Au cours donc de ce point de presse, le délégué de l’ANEB s’en est pris au directeur régional du CROUB, qu’il accuse d’organiser et d’entretenir des milices sur le campus. Il a par ailleurs indiqué que les altercations de vendredi dernier s’inscrivent dans le cadre d’une légitime défense après l’agression d’un des leurs. En attendant de voir plus clair dans cette affaire, c’est toujours un calme précaire qui règne à Nasso. Et de l’avis de Moussa Tiemtoré, la reprise des cours ce matin reste conditionnée par le départ des forces de l’ordre de l’UPB.

 

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga du 14 avril 2008




14/04/2008
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