Radio du marché de Bobo-Dioulasso : Une station atypique pour la promotion des affaires
Radio du marché de Bobo-Dioulasso : Une station atypique pour la promotion des affaires
vendredi 9 mai 2008.La radio du marché était au départ un projet de la radio diffusion communale de la Structure de gestion du marché (SGM) en partenariat avec les autorités municipales de Bobo-Dioulasso. Mais face au problème de la mobilisation des ressources, les premiers responsables de la gestion du marché se sont résolus à installer une cellule de sonorisation moins coûteuse (46 millions de nos francs), sans l’aspect fréquence, pour pallier les problèmes de communication avec les commerçants.
Certains d’entre eux s’étaient, en effet, révoltés en 2 001 lorsque la SGM a voulu percevoir les droits et taxes. C’est ainsi que la radio du marché est née en décembre 2006. Elle émet, ou du moins diffuse en 5 langues, de 6h30 mn à 18h, soit un volume horaire hebdomadaire de 76 h 30 mn. De l’avis de son chef de programme, Issa Badini dit “Maestro ”, les émissions de cette “ radio du marché ” sont axées sur “ la sécurité du marché, l’hygiène et la santé publique, l’importation et l’exportation des marchandises, les informations communales, la culture, le sport, le divertissement et la publicité ”.
En un peu plus d’une année de fonctionnement, la radio du marché est devenue un fidèle compagnon des commerçants du marché central. “ Aujourd’hui, lorsque nous démarrons les émissions avec quelques minutes de retard pour des raisons techniques, les commerçants nous assaillent pour comprendre ce qui ne va pas ”, se réjouit le chef de programme. En effet, la grille des programmes a été élaborée avec les auditeurs qui ont suggéré des émissions très appréciées telles “ Rites et coutumes ”, “ Méga micro ”, “ De boutique en boutique ”, une vitrine pour la promotion commerciale, la revue de presse des quotidiens en français et en langues nationales mooré et dioula.
C’est grâce à cet outil de communication de proximité que le règlement intérieur du marché en français, les heures de fermeture, le rôle de l’infirmerie que beaucoup ignoraient jusqu’à l’existence, ont été expliqués aux occupants. Cette radio a également permis de calmer les esprits après les violentes manifestations contre la vie chère les 20 et 21 février 2008 (dont le point névralgique a été le marché central), en relayant les messages d’apaisement de l’autorité de gestion. En dehors de quelques nuisances sonores des haut-parleurs dits “ en entonnoir ”, les commerçants que nous avons rencontrés ont apprécié l’initiative d’une radio du marché et “ses avantages énormes ” en termes d’information et de promotion de l’entrepreneuriat.
L’avis de Diallo Alassane, vendeur de pagnes bazin, est édifiant à ce sujet : “ Beaucoup d’entre nous ne sont pas allés à l’école, mais ont droit à l’information. C’est ce que la radio du marché fait dans les autres langues ”. La SGM, promotrice de la station, apprécie également l’initiative à sa juste valeur tout en cherchant les voies et moyens pour rentabiliser la radio. Pour le directeur de la SGM, Frédéric Sidibé, il faut qu’elle arrive à se prendre en charge au moins à 50%. La radio pèse pour l’instant, à hauteur de 10 millions de F CFA annuellement sur des charges diverses du budget de la SGM “ pour des recettes ne dépassant guère le million ”, selon M. Sidibé.
Les autres radios de la place désapprouvent pourtant “ une concurrence déloyale ” de la part de la radio du marché qui proposerait des tarifs trop bas aux annonceurs (5 000 à 10 000 F CFA pour la diffusion des annonces, 50 000 à 100 000 F CFA pour les promotions-ventes en direct). Mais les premiers responsables de la station se félicitent des bonnes relations avec les confrères, permettant à de grands noms de l’animation à Bobo d’animer des tranches sur la radio du marché. On peut citer Adama Sountéré Keita, Joycelain Sanou, Seydou Compaoré, Jean Pierre le Marabout, entre autres. Le souci majeur des promoteurs de la radio du marché est sa portée très limitée.
C’est la raison pour laquelle, ils envisagent l’acquisition d’un émetteur et des démarches auprès du Conseil supérieur de la communication (CSC) pour l’obtention d’une fréquence. N’empêche que cette “ station de radio ” fait de l’information publique, obligeant ainsi la directrice du Comité régional de la communication (CRC) dans ses activités de régulation de l’information, d’aller s’asseoir au grand marché pour suivre les émissions.
Mahamadi TIEGNA camerlingue78@yahoo.fr
Sidwaya