Sortie de crise en Côte d’Ivoire : Le Conseil de sécurité de l’ONU demande plus d’engagement

Sortie de crise en Côte d’Ivoire : Le Conseil de sécurité de l’ONU demande plus d’engagement

vendredi 13 juin 2008.
 
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Badini et Soro

Une délégation du Conseil de Sécurité de l’ONU, conduite par le représentant permanent du Burkina Faso auprès de cette institution, SEM Michel Kafando, vient d’effectuer, le lundi 9 juin 2008, un séjour à Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette mission, qui était la dernière étape d’une tournée africaine, avait pour objectif de constater l’évolution du processus de sortie de crise et d’inviter les acteurs majeurs à s’engager résolument sur le chemin de la paix à travers l’application de l’Accord politique de Ouagadougou.

La délégation, qui a rencontré l’ensemble de la classe politique et la société civile ivoiriennes, a accordé une audience au Représentant Spécial du Facilitateur du dialogue direct ivoirien. A cette occasion, Monsieur Boureima Badini a rendu compte au chef de la délégation onusienne des avancées mais aussi des entraves à la bonne exécution de l’Accord politique de Ouagadougou.

L’ambassadeur Michel Kafando et sa délégation ont, avant tout, salué l’appropriation du processus de paix par les parties ivoiriennes tout en les invitant à appliquer intégralement et de bonne foi l’Accord politique de Ouagadougou (APO). Cette mission a exprimé aux Ivoiriens la pleine adhésion et l’appui ferme du Conseil de sécurité des Nations unies au processus de sortie de crise.

L’organe suprême de décision des Nations unies a, par ailleurs, souligné la nécessité de respecter le calendrier, notamment la date du 30 novembre 2008, retenue pour l’organisation de l’élection présidentielle. La délégation onusienne a, de ce fait, exhorté le gouvernement et toutes les structures impliquées dans le processus électoral, en particulier la Commission électorale indépendante (CEI), à la résolution rapide des questions techniques relatives aux élections.

Elle a également invité les parties à créer un environnement favorable pour que les élections se déroulent d’une manière libre, ouverte et régulière, et rappelé l’importance de la certification de tous les stades du processus électoral par le représentant spécial du Secrétaire général de l`ONU. La nécessité de la présence à ce scrutin d’observateurs internationaux a été évoquée avec insistance par la mission onusienne, cela, pour garantir la transparence de l’élection.

Quant aux partis politiques, l’Ambassadeur Michel Kafando les a invités à la modération pour des élections apaisées. « "Nous avons invité les partis politiques, dans le cadre de leurs propres engagements, à respecter les stipulations du code de bonne conduite", a déclaré le diplomate burkinabè. Pour la délégation onusienne, la question du processus électoral est d’autant plus importante qu’elle fait l’objet d’une attention particulière du Conseil de sécurité.

C’est justement pour cette raison qu’elle a insisté sur l’implication effective et active de la société civile dans l’organisation de ces élections. « Il faut que la société civile s’approprie le processus de paix parce que si elle ne s’y implique pas, nous risquons de ne pas atteindre les résultats escomptés », a prévenu le chef de la délégation.

Au cours de la rencontre avec Monsieur Boureima Badini, la délégation du Conseil de sécurité a félicité et salué l’action du facilitateur du processus par l’intermédiaire de son représentant spécial pour son implication ferme dans la résolution de la crise ivoirienne.

Le représentant permanent du Burkina Faso au Conseil de sécurité de l’ONU, SEM Michel Kafando, a apprécié l’engagement et le dévouement du facilitateur dans le processus de sortie de crise, ce qui a permis de parvenir à des avancées significatives. Monsieur Kafando n’a pas manqué de rappeler qu’à chaque réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, une mention particulière a toujours été faite du facilitateur du dialogue direct interivoirien.

Faisant le point de l’évolution du processus, le représentant spécial du Facilitateur a affirmé que deux raisons majeures expliquent son optimisme quant à la sortie de crise : d’abord la nette amélioration de la situation grâce à la volonté affichée et affirmée par les deux ex-belligérants, à savoir le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre, Guillaume Soro, et ensuite le profond respect des deux personnalités citées plus haut pour le facilitateur, qui joue pleinement son rôle d’arbitre.

Les deux hommes ont ensuite évoqué les grandes questions liées à la sortie de crise, à savoir les audiences foraines, le regroupement, le désarmement, l’unicité des caisses de l’Etat, le redéploiement de l’Administration, le démantèlement des milices, le code de bonne conduite des partis politiques, le caractère désormais inclusif de l’Accord politique de Ouagadougou…

Les problèmes des quotas et des grades des ex-combattants des Forces Nouvelles ont également fait l’objet d’échanges. Ces questions, laissées à la discrétion du facilitateur, sont sur le point d’être réglées, à en croire le représentant spécial.

Messieurs Badini et Kafando se sont dit particulièrement préoccupés par le financement des programmes de sortie de crise, qui risque de remettre en cause tout le processus. A ce sujet, ils ont lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle aide la Côte d’Ivoire à sortir définitivement de la crise.

Outre le représentant spécial du Facilitateur, la délégation a eu des entretiens avec les principaux acteurs de la scène politique ivoirienne, à savoir le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara, membre du Cadre Permanent de Concertation (CPC), la convention de la société civile ivoirienne, les généraux Mangou (FANCI), Bakayoko (FAFN), Amoussou (ONUCI) et Clément Bollé (Licorne).

Elle a également eu à échanger avec les premiers responsables des structures directement impliquées dans l’organisation des élections que sont la Commission électorale indépendante (CEI), l’Institut national de statistiques (INS) et la SAGEM, qui viennent de s’accorder la semaine dernière, sur le mode opératoire du processus électoral.

Il faut signaler que la Côte d’Ivoire était la dernière étape de cette tournée des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette mission a débuté le 31 mai dernier par la Somalie puis la province du Darfour (Soudan), le Tchad et la République Démocratique du Congo.

Outre le chef de la délégation, Michel Kafando du Burkina, la mission était composée des représentants permanents auprès de l’ONU de la France, de l’Afrique du Sud, des Etats- Unis, du Costa Rica, de la Belgique et de la Russie.

Jean-Baptiste Ilboudo

Bureau du Représentant Spécial du Facilitateur à Abidjan



14/06/2008
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