TERMINATOR NOIR : Les mémoires d’un enfant soldat
TERMINATOR NOIR : Les mémoires d’un enfant soldat
Les 9 et 10 mai dernier la Compagnie Farafina Espoir a présenté «Terminator noir » au CENASA. Ce monologue qui plonge les spectateurs dans l’univers effroyable des enfants soldats a fait planer l’émotion dans la salle.
Dans un asile psychiatrie, Terminator noir, ancien enfant soldat se remémore les grands moments de sa vie que la méchanceté des hommes lui a volé dès sa prime enfance. Armée d’un courage hors norme certainement renforcé par sa « dose » quotidienne de drogue, il devait tuer et avancer pour mériter la confiance d’un commandant sans pitié. C’est d’ailleurs maintenant qu’il se rend compte n’avoir jamais vu au front ce monsieur qui parlait comme s’il avait avalé un crapaud. Mais lui qui tuait et buvait le sang de ses victimes était celui qui devait également choisir les filles aux seins pointus pour assouvir la libido de son psychopathe de commandant.
Terminator noir avait une existence paisible comme tous les enfants de son age jusqu’au jour où, son père, ayant reçu un coup de fil est parti au volant de sa voiture et n’est plus jamais revenu. Cette disparition aura raison de sa mère qui partira à la recherche de son mari les abandonnant, lui et sa sœur. La guerre qui explosa peu après fera d’eux des proies idéales pour les rebelles. Il devint ainsi une machine à tuer. Ses handicaps du bras droit et de l’œil droit lui viennent de son refus de tuer sa petite sœur qui était sa seule famille. Ce refus amena le commandant à abattre cette dernière et à tirer une balle dans son épaule et une autre dans son œil. A l’époque, il n’avait pas poussé le moindre cri. Ce qui avait renforcer l’estime de son supérieur à son endroit.
Aujourd’hui, après avoir étranglé une infirmière qui lui a fait avaler autre chose que la « dose ». Face à son refus elle l’a traité de malade, lui « jeune soldat de la section C décoré 5 fois pour son courage ». Terminator noir, visiblement éméché par la drogue retrouve par moment quelque bribes de mémoire et arrive ainsi à intégrer le spectateur dans cet univers effroyable ou seuls les actes les plus barbares méritent reconnaissance.
Accompagné par les douces notes de la kora de Dramane Diakité, Ibrahim Traoré seul sur scène, dans son pantalon treillis et sa flutte en main, rend tellement bien les spasmes et les tiques d’ancien drogué de Terminator noir que la grosse trentaine de minutes que dure cette pièce passe sans que l’on ne s’en rende compte. Sa flutte dont il ne se sépare pas, lui rappelle son cher papa qui lui disait que « l’Afrique à une plaie et seuls ses enfants détiennent le remède. Mais au lieu de cela, ils l’agrandissent avec leurs armes ».
Cette belle pièce de Bouraima Almundo Barry , mise en scène par Pauline Tapsoba, met en exergue toute l’ignominie que vivent les enfants soldats. Dommage qu’il n’y ait pas eu une communication à la taille de cette pièce pour lui permettre d’être vue par un plus large public.