Un nul qui arranre les choses (Etalons juniors à Niamey)
Etalons juniors à Niamey
Un nul qui arrange les affaires
Ainsi, le match retour des éliminatoires du championnat d’Afrique de football des moins de 20 ans, qui se tiendra au Rwanda en 2009, entre les Etalons du Burkina et le Mena du Niger s’est terminé par un nul, synonyme de qualification des poulains de Brama Traoré pour le troisième tour. Voilà résumée la rencontre jouée le dimanche 13 juillet 2008 au stade Seyni-Kountché de Niamey. A l’aller, à Ouagadougou, l’équipe burkinabè l’avait emporté par 3 buts à 0.
15h30 heure locale. A l’entrée principale du stade Seyni- Kountché, des journalistes burkinabè sont bloqués pour des problèmes d’accréditations, qui n’ont pas été mises à leur disposition. Une chaude discussion s’engage.
Dans la foulée, un membre de la Fédération nigérienne de football (FENIFOOT) lâche : « On a vu pire chez vous. Vous n’allez pas rentrer ici ».
Informée, Habi Ouattara, la chargée de communication de la Fédération burkinabè de football (FBF) accourt. Cela ne suffit pas. Son homologue du Niger arrive au même moment, calme les esprits surchauffés et intime l’ordre à la sécurité de libérer le passage.
A l’intérieur du temple de football, fruit de la coopération nigéro-chinose inauguré le 18 décembre 1988, les spectateurs sont agglutinés au niveau des tribunes couvertes. Les deux tiers du stade, exposés au soleil brûlant, sont vides.
Les supporters des deux équipes rivalisent d’animation pour pousser les 22 acteurs, qui s’échauffaient sur la pelouse. 16h30, soit une heure de moins à Ouagadougou. L’arbitre togolais, Soussou Jordan, donne le coup d’envoi du match.
Jouant sur ses propres installations et galvanisé par son public, le Mena domine les Etalons. Les joueurs nigériens maîtrisent bien le milieu du terrain. Les ballons sont balancés aux deux ailiers, qui parviennent à faire des centres.
Le danger est permanent dans la surface de réparation burkinabè, obligeant la défense, vigilante et bien regroupée, à dégager systématiquement toutes les balles, souvent à l’emporte-pièce. Derrière elle, le dernier rempart, Mohamed Diarra, se met en évidence et enraye les occasions de but.
10e minute, coup dur pour les Etalons juniors : Moussa Traoré commet une faute indiscutable sur le gardien de but nigérien et écope d’un deuxième carton jaune, synonyme de rouge, puisqu’il avait été déjà averti quelques instants auparavant.
L’entraîneur du Mena, Soumaïla Tiémogo, sent que le coup est jouable. Il renforce immédiatement son potentiel offensif avec l’entrée de Garba Salissou, un puissant attaquant qui s’était montré dangereux au stade du 4-Août à Ouagadougou. C’est d’ailleurs lui qui a marqué plus tard les deux buts de son équipe.
Réduits à dix, les protégés de Brama Traoré ne se laissent pas cependant abattre. Mieux, à la 19e mn, contre toute attente, Oumarou Nébié, à la suite d’une action menée du côté gauche par Moussa Yedan, place une tête piquée et bat le portier adverse, Losseni Doumbia.
1 à 0 pour les Etalons juniors. C’est l’extase dans les gradins des supporters burkinabè. Le but motive Mamadou Thiombiano (capitaine) et ses camarades, qui commencent à construire leur jeu. Les Nigériens essayent d’accélérer pour combler leur retard et commettent des fautes, qui profitent aux visiteurs.
Noufou Ouédraogo tente de sauter de la tribune
39e mn, coup franc pour le Burkina. Le défenseur Mamadou Thiombiano s’en charge. Le ballon vole haut. La défense nigérienne l’apprécie mal et Oumarou Nébié le dévie de la tête pour Ibrahim Soré, qui, d’un tir canon, fait trembler les filets : 2e but burkinabè. Le 12e joueur, qui a fait le déplacement de Ouaga avec un car, se fait entendre de plus belle.
Noufou Ouédraogo, président d’honneur de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE), ivre de joie, tente de sauter de la tribune officielle pour descendre, oubliant qu’il n’a plus ses os de 30 ans. Heureusement, on le retient par le boubou.
Pendant ce temps, furieux, des supporters nigériens jettent des sachets d’eau sur le banc de leur encadrement technique.
Les forces de l’ordre interviennent dans les tribunes et menacent d’embarquer un suspect. Il reste moins de une minute pour la fin de la première partie. Les Etalons, avec leurs 2 buts d’avance, relâchent quelque peu.
Le Mena en profite pour réduire le score à la 48e minute par l’entremise de Garba Salissou, connu pour sa rapidité et sa force de pénétration dans la défense adverse. La colère des spectateurs de l’équipe locale s’estompe. Ils l’accompagnent même dans les vestiaires par des ovations à la mi-temps.
A la reprise, le Mena domine le jeu comme au début de la partie. Le camp burkinabè est assiégé. Les Etalons, acculés, résistent et optent pour la défensive. Oumarou Nébié, à l’attaque, ne semble plus avoir de répondant. Le coach Brama Traoré le remplace. L’attaque des Etalons a maintenant des éléments frais avec l’entrée de Mahamadi Bandé et de Jonathan Zongo, qui mènent quelques actions offensives infructueuses.
Le temps s’écoule. Le public nigérien n’y croit plus d’autant plus que, pour avoir des chances de qualification, le Mena doit marquer au moins 6 buts. 88e mn, une balle anodine parvient dans la surface de réparation des Etalons.
Incompréhension entre les défenseurs et le véloce attaquant Garba Salissou place une tête, qui bat Mohammed Diarra, qui, il faut le souligner, a fait un grand match. N’eût été d’ailleurs ses arrêts réflexes, la défaite était assurée. Malgré les cinq minutes de temps additionnel, le score ne change pas.
Mais le Niger aurait pu remporter la rencontre si, à la 81e mn, Adamou Allassane n’avait pas raté son face-à-face avec le portier burkinabè.
L’arbitre a donc mis fin à la rencontre sur ce résultat de 2 buts partout, qui arrange les affaires. Les Etalons juniors, qui ont fait une belle chevauchée, sont ainsi qualifiés pour le dernier tour. Ils auront pour adversaire, en septembre 2008, la Côte d’ivoire ou la Guinée.
De notre envoyé spécial à Niamey,
Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga du 15 juillet 2008