Un prêtre qui veut introduire le diable dans le bénitier

Un prêtre qui veut introduire le diable dans le bénitier

L’idée ne manquait pas de charme, mais le Vatican, de surcroît de Benoît XVI, ne pouvait, évidemment pas, laisser passer ça. Un concours de beauté pour religieuses, le premier du genre, voici en effet ce que voulait organiser un prêtre italien du nom d’Antonio Rungi. Et, comme exposé des motifs, voici ce qu’il dit en substance (cf. Jeune Afrique n°2486 du 31 août au 6 septembre 2008) : “Vous pensez vraiment que les religieuses sont toutes vieilles, rabougries et tristes ? Erreur. En Afrique et en Amérique latine, certaines sont très, très jolies. Les Brésiliennes surtout”. Tiens, tiens, tiens ! C’est un suspect sérieux, celui-là, car, visiblement, il ne se contente pas de dire la messe ou d’exercer les autres fonctions liées à son ministère, il doit aussi se rincer les yeux à l’occasion.

Un autre prélat, au passage de filles plantureuses, aurait un jour lâché : “c’est en voyant, entre autres, des créatures pareilles qu’on sait que Dieu existe”.

On savait déjà que les bonnes sœurs sont parfois bien sculptées, mais qu’une telle confession sorte de la pieuse bouche d’un abbé a quelque chose de piquant pour ne pas dire de… bandant, surtout à un jet de pierre du Saint-Siège. Oui, les professes sont belles. Et après ?

Si elles étaient toutes laides telle la fille aînée du phacochère, ça poserait d’ailleurs problème, car le couvent eût été une sorte de refuge douillet pour Quasimodo au féminin incapables d’avoir un mari. Or, c’est de vocation qu’il s’agit.

Elles sont mignonnes, et alors ? Est-ce pour autant qu’il faut les exhiber et les jeter en pâture à la concupiscence ?

Car on imagine que pour mieux faire apprécier leur beauté, les candidates à cette première élection de « miss couvent », s’il y en avait eu, ne se seraient pas contentées de défiler dans leur robe et voile austères, mais qu’elles se seraient aussi produites en maillot de bain pour qu’on les voie sous toutes les coutures.

Une moniale en tenue de vérité, on aimerait voir ça ! De qui d’ailleurs aurait été composé le jury de ce fameux concours ? D’ecclésiastiques doublés d’esthètes peut-être ?

Non, l’initiative du pasteur Rungi, qui veut égarer ses propres brebis, bien qu’originale, est assurément saugrenue, car il ne manquerait plus que les curés introduisent le diable dans le bénitier.

Déjà qu’on doute, de plus en plus, de la moralité des prêtres, dont certains feraient, comme n’importe quel autre mortel, la bête à deux dos et que l’Eglise est régulièrement souillée par des affaires de pédophilie, si, en plus, on veut dénuder les bonnes sœurs, c’est la mort assurée de la morale chrétienne.

N’en déplaise à Antonio Rungi, nos religieuses, nous les préférons couvertes, de la tête aux pieds, pas découvertes et l’ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de foi (présentée comme l’Inquisition des temps modernes), qui a succédé à Jean-Paul II, c’est bien connu, ne mange pas de ce pain-là. Le projet diabolique a donc tout bonnement été tué dans l’œuf, et l’iconoclaste curaillon renvoyé à ses chères études ecclésiales pour s’occuper d’abord, et avant tout, de son missel.

Affaire Hannibal Kaddafi

Une liberté toute libyenne

Le parquet de Genève abandonne les poursuites judiciaires contre Hannibal Kaddafi, fils du Guide libyen, et son épouse, Aline. Un classement de la procédure pénale intervenu suite à un retrait de la plainte des deux domestiques du couple, qui ont été victimes de lésions corporelles simples, de menaces et de contraintes de la part de leurs employeurs.

Une happy end dans ce deal triangulaire, qui arrange chacune des trois parties en place : les plaignants obtiennent des dédommagements assortis d’un permis humanitaire de rester en Suisse ; Hannibal, le bienheureux fils, se soustrait, une fois de plus, à la justice des hommes qu’il a toujours toisée du haut de ses barils de pétrole ; la Suisse, quant à elle, échappe aux menaces de représailles du chef de la très sélecte tribu des Kaddafi.

Mais en fait de « retrait volontaire de la plainte », comme l’a laissé entendre le parquet de Genève, il s’agit plutôt de renoncement, pour le moins suggéré, si ce n’est un arrangement fait, couteau sous la gorge, pétrodinars entre les mains.

On se rappelle, qu’au temps fort de l’affaire, les plaignants avaient tous écarté l’éventualité d’un règlement amiable du contentieux. Pourquoi donc ce revirement subit du mardi dernier ? L’arrestation momentanée, en Libye, de la mère du domestique ou la disparition subite de son frère, dont il est toujours sans nouvelles, seraient-elles étrangères à ce coup de théâtre judiciaire ?

Et que dire de la pression exercée par Berne lorsque, dans la crise diplomatique qui l’a opposé à Tripoli, elle s’est défaussée sur les pauvres domestiques, en soutenant que la solution se trouve à Genève (ville où siège le parquet saisi par les plaignants) ?

Dans tous les cas, la Confédération helvétique l’aura appris, on ne s’amuse pas avec l’honneur d’un membre de la fratrie du célébrissime bédouin de Tripoli. Hannibal Kaddafi, connu pour ses multiples frasques, peut continuer à déféquer sur la justice de tous les pays. Papa veille, du haut de ses derricks.

La fille de Sarah Palin enceinte

Le ticket républicain est maculé

La campagne présidentielle américaine est en train d’atteindre sa vitesse de croisière avec la formation des différents tickets briguant la Maison-Blanche. Et, comme il est de coutume dans ce pays, les adversaires ne se font pas de cadeaux et font feu de tout bois pour parsemer d’embûches le chemin de leurs concurrents.

En effet, comme des éboueurs, on n’hésite pas à aller remuer et bêcher dans le passé, le présent et même le futur de l’adversaire pour voir s’il n’y a pas la moindre petite bête qu’on pourrait resortir contre lui. Des attaques qui n’épargnent ni la famille ni la vie privée.

Et Sarah Palin, la colistière du Républicain, John McCain, l’aura appris à ses dépends, obligée qu’elle a été avec son mari de publier un communiqué pour annoncer que sa fille, Bristol, âgée seulement de 17 ans, était enceinte de 5 mois. En procédant ainsi, ils ont voulu couper l’herbe sous les pieds des Démocrates et éviter ainsi que l’information ne soit portée au grand jour par leurs adversaires. La couleuvre était dure à avaler, mais les Républicains ont dû se résoudre à l’ingurgiter.

Ils ont beau annoncé que la petite conduira sa grossesse jusqu’à terme et qu’elle épousera le père de son enfant, une chose est sûre : cette information vient de maculer un ticket, qui se voulait le paragon de vertu, dont celui de l’abstinence sexuelle hors du cadre conjugal.

Sous nos tristes tropiques, cette situation n’aurait eu aucune conséquence sur la campagne électorale. Tout se passe ici comme si plus tu es frivole, plus tu traînes de nombreuses casseroles et plus tu as des chances de remporter une consultation électorale. Bizarre non !

Qui a dit d’ailleurs qu’en Afrique un bout de papier n’a jamais élu un président ? Traduction : le résultat d’une élection ne dépend pas de ceux qui votent, mais de ceux qui font le décompte des voix. Disparition d’Ibn Oumar Mahamat Saleh Où peut-il bien se cacher ce mort ?

Le doute est de moins en moins permis : la commission d’enquête diligentée par le pouvoir tchadien a émis l’hypothèse de la mort de l’opposant tchadien Ibn Oumar Mahamat Saleh, disparu depuis le 3 février 2008 après l’attaque rebelle sur Ndjamena. C’est là la conclusion d’une commission d’enquête, à la composition bien suspecte, puisque chapeautée par le président de l’Assemblée et bien encadrée par le ministre des Affaires étrangères de la RDC et… excusez du peu… Celui de Kadhafi. Et le rôle de la France dans toute cette affaire ?

Sur la question, les avis sont partagés. Reste que pour beaucoup d’observateurs, à commencer par la famille Saleh, l’ancienne puissance coloniale n’aurait pas joué franc-jeu. Il ressort de plus en plus que l’Elysée en savait beaucoup sur le sort réservé à cet opposant, porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution. Dont acte. Le Dr Saleh étant décédé, où se trouve donc son cadavre, et quelles ont été les circonstances de sa mort ?

C’est vrai qu’en Afrique, le recel de dépouille est bien fréquent. N’empêche, la légèreté avec laquelle la commission a pondu son rapport désarçonne plus d’un. Peut-on déclarer urbi et orbi que quelqu’un n’est plus de ce monde sans montrer ses restes, sa tombe ou, tout au moins, donner des pistes sérieuses pouvant conduire à sa découverte ?

Le mystère reste entier. Il en sera peut-être ainsi tant que ce sera ceux sur qui les soupçons pèsent qui écriront l’histoire (avec quelle encre ?) du pays. En attendant, le cas Ibn Oumar Mahamat Saleh, de par son scénario, vient s’ajouter à celui du journaliste Jean André Kieffer, disparu le 16 avril 2004 sur le parking d’un supermarché à Abidjan.

Swaziland
Ce roi fait honte à l’Afrique

Les uns mangent… les autres regardent. C’est ainsi que naissent les révolutions. Le Swaziland, dernière monarchie absolue d’Afrique, n’échappe pas à cette règle. Au contraire ! Son souverain, Msati III, est plus connu pour ses excès que pour ses qualités hypothétiques d’homme d’Etat. Ce jeune homme barbu, bien en chair et toujours ceint du pagne traditionnel, des plumes dans les cheveux et un collier de petites perles au cou, est un habitué des rubriques mondaines et de faits divers.

Dernier excès en date, la célébration, le week-end dernier, de son 40e anniversaire, couplé avec celui de l’indépendance. Pour l’occasion, 41 BMW ont été livrées au palais, tandis que 8 des 13 épouses royales faisaient leur shoping à Dubaï. Comme il est désormais de coutume, les vierges ont dansé seins nus devant le roi. Elles étaient 50 000, histoire de marquer les festivités d’une pierre blanche.

Quelle débauche de moyens dans un pays très pauvre, frappé de plein fouet par la crise ! Le scandale est d’autant plus criant que deux tiers des sujets du roi vivent sous le seuil de pauvreté. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près d’un tiers des Swazis ont besoin d’une aide alimentaire. Et, comme un malheur n’arrive pas seul, le royaume vient de détrôner le Botswana au premier rang des pays les plus touchés par le Sida, avec 40% de personnes infectées.

C’est sur cette vallée de larmes que prétend régner le monarque fantasque, entouré de ses courtisans et de son harem, d’un autre âge. Une verrue sur le visage d’une Afrique en pleine mutation, en quête de bien-être pour ses fils et filles.

Décidément, ce roi fait honte à l’Afrique et l’on comprend aisément qu’un vent de révolte ait quelque peu perturbé la fête. Les uns mangent, les autres regardent…

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga du 8 septembre 2008





09/09/2008
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