Un troupeau décimé par empoisonnement

Drame à Banakélédaga

Un troupeau décimé par empoisonnement

Le week-end écoulé a été un vrai cauchemar pour Hamidou Diallo. Eleveur de bétail installé dans le village de Banakélédaga, il a assisté impuissant à la mort subite de plus d’une vingtaine de ses bœufs à travers les champs du village. C’était dans l’après- midi du dimanche 13 avril 2008. Une véritable hécatombe qui a mis tout le village en émoi.

Sur l’axe Bobo-Faramana-frontière du Mali, les activités agropastorales connaissent un essor considérable. Bénéficiant de nombreux avantages naturels qui ont favorisé le développement de sites de production agricole comme les plaines rizicoles de la vallée du Kou et bientôt le barrage de Samandéni, le tronçon Bobo-Faramana est aussi devenu depuis bien longtemps un pôle économique qui continue d’attirer de nombreux acteurs du monde rural.

Et c’est dans cette zone que se situe le village de Banakélédaga à quelques encablures de la ville de Bobo-Dioulasso. Mais il n’est pas toujours aisé de s’y rendre en raison de l’affluence du trafic qui se résume à ces nombreux camions à remorque en provenance ou en partance pour le Mali, de ces véhicules de transport de marchandises toujours surchargés de produits agricoles ou de bétail, mais aussi de ces troupeaux d’animaux qui surgissent à tout moment sur le bitume.

D’où la prudence à observer durant tout le trajet. A Banakélédaga où nous sommes arrivés ce lundi dans l’après-midi, la vie semblait très calme et les habitants étaient pour la plupart devant leur porte à regarder le temps passer. Tout portait à croire que tout allait bien dans le village.

Nous savions pourtant à notre arrivée qu’un malheur s’était abattu dans le village après la découverte de plus d’une vingtaine de bœufs morts dans les champs ; mais nous n’imaginions pas un tel degré de tristesse pour la population. Et c’est presque les larmes aux yeux qu’un habitant nous indique le lieu du sinistre qui se trouvait en profondeur du village.

Nous étions alors obligés d’abandonner notre véhicule pour poursuivre le chemin à pied. Et au fur et à mesure que nous avancions, des odeurs pestilentielles se faisaient sentir ; ce qui nous a subitement donné envie de rebrousser chemin. Mais nous y arriverons le nez pincé entre les doigts. Juste quelques clichés de ces bœufs en putréfaction et nous voilà immédiatement sur le chemin du retour pour ensuite nous diriger à l’autre bout du village.

Et c’est là que nous retrouverons le propriétaire des animaux morts. Hamidou Diallo, car c’est de lui qu’il s’agit, se trouvait au milieu des cases où il recevait des visiteurs qui venaient par petits groupes lui apporter un réconfort moral. Mais comment en est-on arrivé là ?

Hamidou Diallo explique. « C’est aux environs de 17 heures, le dimanche, que mon berger m’a surpris au village en courant. Il m’a fait savoir que depuis qu’il est sur le chemin du retour, les bœufs sont en train de s’effondrer. J’ai aussitôt enfourché mon vélo pour aller comprendre ce qui se passait et je me suis rendu compte qu’ils étaient en train de mourir les uns après les autres ».

Au total, ce sont 23 bœufs, dont 20 appartenant à Hamidou Diallo, qui ont été « foudroyés » sans qu’on ne sache exactement l’origine de ce drame. Mais de l’avis général, il pourrait s’agir d’un empoisonnement, car, explique le jeune berger : « J’ai pour la première fois conduit le troupeau vers un périmètre maraîcher où on a certainement répandu des produits phytosanitaires. Du poison (substances chimiques) certainement que les animaux ont consommé et qui leur a été fatal ».

Depuis dimanche, c’est un climat d’inquiétude qui règne à Banakélédaga où l’on n’exclut pas les risques de pollution et même d’épidémie avec tous ces animaux morts et abandonnés en pleine nature. La brigade de gendarmerie de Bama qui a été saisie de l’affaire s’est rendue sur les lieux et a procédé aux constatations d’usage.

En attendant de situer les responsabilités, le village qui est encore sous le choc est pour le moment confronté à un problème d’hygiène et de santé publique qui nécessite une intervention rapide des autorités sanitaires.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga du 17 avril 2008




17/04/2008
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